Entretien avec Fabrice Paire, président du directoire du groupe Partouche
Propos recueillis par Olivia Oreggia pour le journal des entreprises - 05 juin 2020
Les casinos ont eu l’autorisation de rouvrir leurs portes et rebrancher leurs machines à sous le 2 juin. Le groupe Partouche est le premier exploitant de casinos en France avec 38 établissements. Avant la crise sanitaire, l’entreprise (4 200 collaborateurs, 433,5 M€ CA) venait de renouer avec la croissance après de longues années dans le rouge. Président du directoire du groupe, Fabrice Paire assure que les perspectives restent bonnes malgré tout.
Les 38 casinos du groupe Partouche implantés en France ont-ils tous pu reprendre ?
Fabrice Paire : Après 79 jours de fermeture, l’ensemble de nos casinos français ont rouvert leurs portes le mardi 2 juin. L’activité a repris avec les machines à sous et les formes électroniques de certains jeux. L’État a considéré que, pour des raisons sanitaires, il n’était pas souhaitable que les jeux classiques traditionnels autour d’une table impliquant proximité et manipulation de jetons puissent reprendre pour le moment.
Qu’en est-il de vos partenaires, fournisseurs et autres entreprises qui dépendent de votre activité ?
Fabrice Paire : Dès le début, la directive a été claire : même si nous plongions dans une période obscure avec aucun chiffre d’affaires, nous devions préserver notre tissu économique et social, notamment les petites entreprises, en ne bloquant pas les paiements. Ceux qui étaient nos partenaires restent nos partenaires. Ils reprennent au rythme auquel nous redémarrons. Nous recommençons à nous approvisionner auprès de producteurs locaux, de faire appel à l’électricien du coin… En France, les casinos sont de ceux qui font le plus travailler les artistes et intermittents. Là encore, l’activité reprendra, mais avec des mesures et des restrictions particulières : distances à respecter, ne pas générer d’attroupements etc.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à mettre en place au sein des casinos en termes de mesures sanitaires et de des gestes barrières ?
Fabrice Paire : Rien n’a été difficile car nous avions beaucoup anticipé, sans être certains de la date et des modalités de réouverture. Nous avons effectué une réagencement total de nos espaces. Les machines ont été distancées. Tout a été fait pour que la clientèle soit à l’aise.
Les clients étaient-ils au rendez-vous ?
Fabrice Paire : Oui ! Nos clients étaient là dès l’ouverture. Il y a une envie de se divertir. Et ils sont très satisfaits, rassurés des conditions d’exploitation actuelles. Le port du masque est obligatoire, il y a du gel hydroalcoolique. Nous avons aussi mis des parois entre certaines machines.
Les pertes cumulées en cette période de confinement, soit plus de 90 M€ selon nos calculs, sont-elles rattrapables ?
Fabrice Paire : Non. Nous ne vendons pas d’objets mais une expérience à un moment donné. Même si la fréquentation de nos établissements reprend, nous ne pourrons pas rattraper 79 jours d’inactivité.
Certains établissements pourraient-ils être plus impactés que d’autres, si l’on pense par exemple au manque, ou du moins la baisse, de touristes à venir ?
Fabrice Paire : En termes de tourisme, notre établissement de Cannes, par exemple, est à part ; il sera le seul à être touché par une baisse de la fréquentation étrangère car il accueille des touristes moyen-orientaux ou russes qui ne viendront sans doute pas cette année. Nous n’avons pas ce phénomène ailleurs.
En 2017, vous avez ouvert à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, le premier casino de plein air. Cette configuration en extérieur peut-elle être une des réponses à la situation sanitaire ? Peut-elle être amenée à se développer ?
Fabrice Paire : Le casino de La Ciotat est non seulement le premier mais le seul casino en plein air d’Europe. L’idée a germé un jour dans la tête de Patrick Partouche. C’était un pari fou mais qui s’est avéré particulièrement payant à La Ciotat. Le jour de la reprise, il y a eu beaucoup de monde. Cette configuration est rendue possible par l’ensoleillement et le climat exceptionnels qui s’y trouvent. Ce n’est pas le cas partout, même dans le Sud. Dès que vous allez un peu plus loin, dans l’Hérault, il y a plus de vent par exemple. Les conditions ne le permettent pas.
Après des années très difficiles, le groupe Partouche renouait enfin avec la croissance. Quelles sont aujourd’hui les perspectives ?
Fabrice Paire : Les perspectives restent bonnes. Nous avons fait le pari que les choses reprendraient. Pendant la pause, nous avons perdu beaucoup d’argent mais nous sommes un acteur économique fiable, nos partenaires bancaires nous suivent. Le prêt garanti par l'Etat que nous avons contracté va nous permettre de combler les pertes. Sur les années qui viennent, nous devrons faire face à des remboursements supplémentaires mais cela va nous permettre de réaccélérer très vite et reprendre un rythme satisfaisant. Néanmoins, il faudra combler le trou réalisé pendant ces 79 jours en travaillant un peu plus et un peu mieux, peut-être reporter quelques projets.
(source : lejournaldes
entreprises.com/Olivia Oreggia)