Du côté de Mondorf-les-Bains, au Luxembourg, le casino affiche porte close depuis le 15 mars dernier. De quoi pousser l’établissement à repenser totalement son fonctionnement. Le directeur général Guido Berghmans mise sur une reprise d’activité le 25 mai prochain.
Depuis le 15 mars à minuit, rien ne va plus dans le monde des casinotiers. Ces dernières semaines, Guido Berghmans, directeur général de l’unique casino du Luxembourg, réfléchit à un protocole permettant une reprise rapide, « et sécurisée », de l’activité. Le responsable regarde notamment les « cartes » de ses voisins pour affiner sa stratégie : « On a un groupe WhatsApp de dirigeants de casinos à travers l’Europe. Cela permet d’échanger. En Hongrie, les casinos ont rouvert par exemple. » Une première encourageante. Voilà comment Guido Berghmans compte s’y prendre pour (re) dérouler le tapis vert à ses clients.
Gestion de l’accueil
Tenue correcte exigée et… port du masque obligatoire, désormais, dans l’enceinte du casino. Cette première mesure, légitime, semble contrarier le travail des physionomistes à l’entrée. Ces derniers sont notamment chargés d’identifier, et de refouler, les personnes interdites de casino : « Notre fichier en comporte 300, rapporte le directeur. Ce sont des clients qui, d’eux-mêmes, ont souhaité prendre leurs distances pendant une période déterminée avec les jeux. Ou des clients que nous avons invités à… prendre leurs distances. Nous avons initié un programme en ce sens au Luxembourg, généralisé dans de nombreux casinos européens, qui se base sur les émotions des clients, leur rapport au jeu. »
Difficile, à première vue, de démasquer cette clientèle… indésirable à l’entrée : « Chez nous, ce sera plus simple. Pour entrer dans l’établissement, il faudra présenter sa carte à puce client. Celle-ci est personnelle, donc les interdits, même cachés derrière un masque, ne pourront pas passer ce filtre ».
Machines à sous
Le casino de Mondorf-les-Bains prévoit de réduire son parc de machines à sous, constitué à ce jour de 366 bandits manchots : « Nous allons le ramener à 130 machines afin de respecter un minimum de 2 mètres de distanciation entre les clients ». Une cinquantaine de « murs transparents » seront bientôt érigés dans les locaux, « afin que les gens ne se croisent pas ». Reste la question de la manipulation des jetons qui paraît incompatible, sur un plan sanitaire, avec le combat mené contre le covid-19. Là encore, le casino luxembourgeois a une longueur d’avance sur la concurrence : « Il n’y a pas de gobelets et de jetons chez nous. Tout se passe avec la carte à puce, créditée d’une somme. Le client vient avec son argent, recharge sa carte et l’introduit dans la machine. C’est donc totalement sécurisé ».
Salle de jeux traditionnels
Black-jack, roulettes, poker… Une salle des jeux, c’est avant tout la vitrine d’un casino. Mais avec l’avènement des machines à sous, ce business ne rapporte plus gros aux casinotiers : « Les jeux traditionnels représentent 5 % de notre marché, estime Guido Berghmans. Leur remise en activité est prématurée. » Et complexe. Quelques pays en Europe, encore sous le charme des tapis verts, s’y sont essayés : « Autour des tables, il faudrait installer des cabines en plexiglas pour chaque client, que le croupier soit équipé d’une visière, etc. C’est beaucoup d’investissement pour… » Un gain modeste.
Événementiel, restauration
Cette année, Casino 2000 tablait sur un chiffre d’affaires annuel record de 48 M€. Pour y parvenir, la direction pariait sur un programme événementiel de premier plan : « Les humoristes Gad Elmaleh et Jeremy Ferrari, le chanteur Julian Peretta, etc. Tous ces artistes devaient se produire chez nous ». La pandémie a, hélas, fait sauter la banque : « Tout est remis à septembre, voire à l’année prochaine en fonction de l’évolution de la crise ».
La restauration essuie aussi les plâtres : « Pas de réouverture prévue dans l’immédiat ». Une mauvaise nouvelle pour les nombreux travailleurs frontaliers qui œuvrent en salle et dans les cuisines du casino. Pour rappel, il emploie 210 salariés : « 85 % de nos effectifs sont en chômage partiel », précise Guido Berghmans. Le directeur table sur une réouverture le 25 mai : « Si le 1er ministre nous en donne l’autorisation, nous serons prêts ». Pour une fois, le casino ne laisse rien au hasard…
(source : republicain-lorrain.f/Jean-Michel CAVALLI