Depuis le 1er janvier 2018 et la mise en place d'un nouveau cadre légal autour des jeux d'argent à Paris, de nombreux clubs ouvrent leur porte.
L'adresse est mythique sur la plus belle avenue du monde. À deux pas de l'Arc de Triomphe, dans les anciens locaux de l'aviation Club de France, le club Barrière 104 Champs-Élysées a redonné vie à un temple du poker parisien. Dans un décor contemporain, conçu par l'architecte d'intérieur Bruno Borrione – également collaborateur du designer Philippe Starck –, les joueurs sont invités à se détendre aux tables de punto banco ou de poker. Un retour expérimental des tapis verts dans la capitale qui fait le bonheur du groupe Barrière, déjà propriétaire du Fouquet's, l'iconique brasserie du groupe hôtelier français située exactement en face de l'autre côté des Champs-Élysées.
Barrière, cinquième club de jeux parisien
À partir de 1907, le 104 avenue des Champs-Élysées abritait l'aviation Club de France, cercle de jeux liquidé en 2015 pour cause de soupçons de blanchiment d'argent et de fraude fiscale. Pour lutter contre ce type de dérives, le gouvernement a mis en place un nouveau cadre légal au début de l'année 2018, permettant l'expérimentation de clubs de jeux d'argent à Paris. Ces établissements sont désormais des sociétés commerciales classiques et non plus des associations comme leurs devanciers qui officiellement ne devaient pas dégager de bénéfices et donc usaient de mille subterfuges pour ne pas faire apparaître un bilan excédentaire. Ces espaces ont tous disparu au cours des dix dernières années, décimés par des affaires de fraude fiscale ou de blanchiment d'argent. Jusqu'en 2018, l'implantation des casinos était interdite dans un rayon de 100 km autour de la capitale, à l'exception de la ville thermale d'Enghien-les-Bains (Val-d'Oise), pour éviter les troubles à l'ordre public. Toutefois, un assouplissement de la loi sur les jeux autorise depuis janvier 2018 la création d'établissements d'un genre nouveau : des clubs de jeux où sont proscrits les machines à sous, la roulette et le black jack.
À Paris, les clubs de jeux réussissent leurs débuts. Depuis l'inauguration du Paris Élysées Club par le groupe Tranchant, tout premier de ces établissements, les ouvertures de clubs se sont succédé. En 2019 ont ainsi ouvert l'Imperial Club Paris du casinotier Raineau, puis le Club Montmartre (l'ancien cercle Clichy) et enfin le Club Circus (groupe Ardent). Dernier survivant des cercles parisiens, le Cercle Clichy-Montmartre (CCM) a finalement laissé la place au Club Montmartre. Dans la prestigieuse salle Gatsby, à la fois sobre et luxueuse, l'établissement propose chaque jour de belles parties de cash game et ponctuellement des tournois qui créent l'événement. Et « le succès est au rendez-vous », se félicite Alexis Laipsker, directeur général du CCM, car « les joueurs franciliens comme internationaux ont tous répondu présent ».
Un temple du poker parisien
Le groupe Barrière compte déjà 34 casinos, dont 6 à l'étranger, et également 18 hôtels et plus de 120 restaurants et bars, mais l'implantation d'un établissement de jeux à Paris est une grande première pour lui. « L'ouverture des clubs à Paris permet enfin de répondre à une réelle demande des joueurs », explique Lucille Denos, directrice des tournois organisés par le numéro un des casinos français et directrice des jeux du club des Champs-Élysées. Le Club Barrière Paris, ouvert 7 jours sur 7 de 14 heures à 6 heures (le restaurant à partir de 12 heures), propose au total 27 tables de jeux, dont 14 de poker et 13 autres réservées aux jeux de contrepartie, du punto banco à l'ultimate poker en passant par le poker 21. L'établissement réclame un droit d'entrée de 15 euros et un abonnement annuel de 150 euros.
Dans ce cadre unique, l'architecte d'intérieur Bruno Borrione a créé des atmosphères singulières pour chacune des huit salles en s'inspirant des signes du zodiaque, de la symbolique du dragon ou bien encore du léopard. Clin d'œil à l'histoire du lieu, des portraits de l'aviateur Alberto Santos-Dumont ornent aussi les murs. « Pendant plusieurs mois, Bruno Borrione a mis son cœur et beaucoup de réflexion dans notre club, raconte Lucille. Le résultat plaît aux joueurs puisque Bruno est parvenu à conserver l'esprit du bâtiment existant, tout en y ajoutant à la fois sa touche et la marque Barrière, pour créer un club prestigieux à une adresse prestigieuse. » Dans chacune de ces salles, les boiseries d'époque ont été conservées et restaurées. Garants de l'authenticité des lieux, des murs ont été mis à nu pour laisser apparaître les briques d'origine. De grands rideaux de velours rouge encadrent les fenêtres donnant sur la célèbre avenue et des tapis moelleux recouvrent les parquets d'époque.
Après avoir gravi les marches du vaste escalier de marbre blanc, éclairé de lustres imposants, les clients ou membres du club (le prix de l'entrée est fixé à 15 euros, l'abonnement annuel à 150 euros) atteignent un sas où leur identité est vérifiée. Ensuite, ils sont invités à se diriger vers deux espaces de jeux distincts : les jeux de contrepartie (ceux où l'on joue contre la banque comme le punto banco, le poker 3 cartes, le poker 21 ou encore l'ultimate poker) et les tables de poker. Les jeux de contrepartie sont installés dans différentes salles à la décoration thématique comme la Dragon Room (dans le style asiatique), la Sky Room (avec des motifs astraux) – qui dispose d'un fumoir avec vue sur la plus belle avenue du monde – ou encore The Cage – espace dans lequel l'ancienne caisse de l'aviation Club de France a été conservée. Dans l'autre salle, réservée au poker, les joueurs ne pourront pas manquer la Vault Room (chambre forte). Cette salle privative, décorée par des parois de faux lingots et dont les sièges sont siglés du numéro atomique de l'or, a été pensée pour accueillir des parties aux mises très élevées. Avis aux amateurs…
(source : lepoint.fr/Guillaume Paret)