Depuis un an, les casinos français et européens sont la cible de gangs internationaux originaires d’Europe de l’Est et d’Amérique latine, spécialisés dans les arnaques et les tricheries en série sur les tables de jeux et les machines à sous. Ces escroqueries en bande organisée auraient permis aux malfaiteurs d’empocher près de 300 000 € frauduleusement. Dernièrement, les enquêteurs du service central des courses et des jeux de la police judiciaire, ont démantelé ces filières au mode opératoire très bien rodé.
La chance a quitté le camp des tricheurs. La roue tourne et rien ne va plus chez les escrocs des tables de jeux, virés des casinos français et européens après un vaste coup de filet opéré par les enquêteurs du service courses et jeux de la police judiciaire (SCCJ).
Ces spécialistes basés à Nanterre, en région parisienne, viennent de mettre la main sur des gangs internationaux, des rois de la triche qui sévissaient en France mais aussi dans le reste du continent européen. "Nous avions affaire à une recrudescence de la triche dans les casinos, dont certains basés en France mais surtout en Europe, confirme Alexandre Huguet, commissaire divisionnaire et chef de la division des affaires judiciaires au service des courses et jeux, qui a répondu à nos questions. Des équipes d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud écumaient ces établissements de jeux selon des modes opératoires bien précis et répétés sur les roulettes anglaises électroniques notamment. Tous ces faits ont été commis en bande organisée.
Enfin, dernière escroquerie d’une simplicité déconcertante, la modification de l’orientation de la boule sur les roulettes anglaises électroniques. À l’aide d’une mini-perceuse électrique, une équipe de Géorgiens composée de trois à quatre individus perce le couvercle de plexiglas de la roulette afin d’introduire discrètement une tige d’acier capable de stopper la course de la bille à l’endroit voulu et faire mouche à tous les coups ! La bille tombe inéluctablement sur les numéros joués par les complices placés à l’autre bout de la table.
Le 21 novembre à Toulouse, un Géorgien soupçonné d’appartenir à cette équipe a été extrait de prison, où il purgeait une peine pour vol dans le cadre d’une autre affaire, pour être entendu. Cet homme aurait sévi, selon ce mode opératoire, dans des casinos français mais aussi au Luxembourg, en Suisse et en Autriche.
"Pour l’ensemble de ces faits, ces individus étaient très bien renseignés, poursuit le patron de la division des affaires judiciaires du SCCJ. Extrêmement mobiles, ils passaient d’un casino à un autre et opéraient par vagues successives. Ce phénomène sériel est apparu depuis environ un an. Le nombre qui composait ces équipes variait puisque de nouveaux complices apparaissaient dans le groupe sous des identités différentes", précise le commissaire divisionnaire, Alexandre Huguet.
Face à cette recrudescence, les responsables de casinos, de normandie jusque sur la Côte d’Azur, ont très vite réagi à travers le regroupement européen des casinotiers. Les systèmes de surveillance, allant des contrôles d’accès jusqu’aux images vidéo ont permis de remonter peu à peu les différentes filières d’escrocs.
Les surveillances discrètes des enquêteurs du SCCJ de la police judiciaire ont porté l’estocade le mois dernier en démantelant ces gangs extrêmement bien rodés. "Il s’agit surtout de petites mains spécialisées dans le vol et les escroqueries", ajoute ce haut responsable.
Reste à présent à déterminer la destination finale du pactole ramassé illégalement par ces équipes. "Les investigations sont en cours pour déterminer les différents circuits de cet argent". Les flux peuvent partir à l’étranger par le biais de mandats.
À la veille des fêtes de fin d’année, ces arrestations tombent à pic pour l’ensemble des casinotiers et patrons d’établissements de jeux.
(source : ladepeche.fr/Frédéric Abéla)