Le lancement de la privatisation de la Française aura lieu le 7 novembre, et les propriétaires des casinos et maires des 201 communes qui abritent ces établissements s'inquiètent. Les premiers dénoncent une concurrence déséquilibrée, les seconds craignent pour leur budget et l'emploi local.
Alors que le compte à rebours est officiellement lancé pour la privatisation de la Française des jeux (fdj), prévue entre le 7 et le 20 novembre , cette opération risque bien de peser sur les relations entre Bercy et le monde, généralement discret des jeux d'argent et des casions. Mais aussi des élus locaux des 201 communes qui abritent un casino, source d'emplois et de revenus souvent vitaux pour leur budget.
L'inquiétude n'est pas nouvelle. Elle s'est manifestée dès l'été dernier. Le groupe Barrière, numéro un des casinos en France, avait écrit en juillet à des parlementaires pour les alerter du risque de voir la fdj installer dans ses points de vente de nouveaux terminaux qui pourrait s'apparenter à des machines à sous.
Si dès cette époque, et aujourd'hui encore, Bercy se veut rassurant, les craintes des propriétaires de la plupart des 201 établissements français, les groupes Barrière, Partouche, Joa et Tranchant, ont été ravivées au début du mois par la présentation, en Conseil des ministres, de l' ordonnance réformant la régulation du secteur d'argent et de hasard en France .
Et est désormais aussi relayée par l'Association des maires de France et notamment Philippe Sueur, maire d'Enghien-les-Bains, et président de l'Association nationale des élus des territoires touristiques (Anett), qui, dans les colonnes du Parisien, s'est dit « très inquiet ».
Inquiétude pour les finances locales
Dans ce texte, « le périmètre de la fdj empiète largement sur les jeux de casino », estiment les professionnels du secteur. Romain Tranchant, allant même jusqu'à y voir une manoeuvre destinée à « rendre la mariée plus belle avant la privatisation », cité par le Parisien. Et d'affirmer qu'alors que les casinos « comptent 23.000 machines […], la fdj, qui veut passer de 23.000 à 45.000 points de vente, va se retrouver avec 225.000 machines à sous installés dans les débits de tabac, mais aussi les stations-service ou les supérettes. » Un risque de concurrence déséquilibré que les responsables de casinos drapent aussi
Une crainte que les professionnels drapent d'une certaine vertu en pointant du doigt le risque d'un scénario à l'Italienne pays où la libéralisation du secteur a eu pour conséquence de favoriser l'addiction des joueurs et aussi d'aider la Mafia à blanchir l'argent sale.
Sans oublier, pointe encore Philippe Sueur, que d'une part contrairement aux casinos dont l'accès est surveillé, les terminaux de la fdj seront accessibles aux mineurs. Et d'autre part, l'impact économique de cette réforme risque de faire mal aux finances locales. « A Enghien, le casino, c'est 700 emplois directs et 30 % du budget de la commune. Sans le casino, je n'aurais jamais eu les moyens de financer la reconstruction des thermes », rappelle l'élu local.
Les casinos représentent environ 23 % du marché légal des jeux d'argent en France, derrière la fdj (46 %) et devant le PMU (17 %) et les jeux en ligne (12 %).
(source : lesechos.fr/Claude Fouquet)