Pour capter de nouveaux joueurs, une table de poker électronique vient d'être installée au casino de Deauville. Plus largement, le groupe Barrière lance un programme afin de renouveler ses métiers traditionnels.
Dans l'immense salle de jeux du casino de Deauville (Calvados), la table de poker électronique surprend. Entièrement tactile et dotée de technologies de pointe, elle peut accueillir dix postes de jeu. Avec elle, le joueur n'a plus de cartes en mains. Ces dernières, jointes en triangle sur la table, cachent les images dématérialisées qui arrivent comme par magie. Seuls les pouces les font glisser, comme sur un écran tactile. Une nouvelle façon de pratiquer qui déroute encore.
« Le lieu, solennel, peut impressionner. Nous sommes là pour rassurer et initier de nouveaux profils de joueurs qui arrivent d'internet et qui vont pouvoir découvrir une expérience de jeu différente », explique Christine Bonneau, la directrice des jeux de table du casino de Deauville, le fleuron du poker traditionnel dans le groupe Barrière et qui garde, dans une salle dédiée, ses tables de jeux classiques.
Une table à 120.000 euros
Arrivée en juillet du casino de La Baule, la table de Texas Hold'Em Poker électronique, d'un coût de 120.000 euros, complète un ensemble de jeux déjà passés à l'ère du digital, comme le blackjack ou la roulette, sans oublier les historiques machines à sous sur un espace de 2.000 m2 face à la mer. « Avec cette diversité de jeux, nous modernisons nos espaces. Le marché reste très fragile et il nous faut être très volontaristes et surprendre nos clients », ajoute David Parré, directeur général du Resort Barrière Deauville-Trouville.
Comme d‘autres grands acteurs du jeu, le groupe français dirigé par Dominique Desseigne, cherche à changer l'image de ses casinos qui attirent moins de clients. Leurs Produits bruts des jeux (PBJ), l'équivalent d'un chiffre d'affaires pour une entreprise, sont en baisse constante depuis 2008. A Deauville, il atteint les 39 millions d'euros, dont 30 millions d'euros issus des seules machines à sous (contre 41 millions d'euros en 2011).
Les casinos redoutent un élargissement de l'offre de la FDJ
Pour tenter d'inverser cette tendance, Barrière a décidé de réagir en faisant appel cet été à des start-up pour l'aider à innover. Réservé à celles qui ont déjà réalisé une levée de fonds et disposant d'un produit ou d'un service prêt à être testé, le programme entend aller au-delà des casinos. Le but est en fait de redéfinir les métiers historiques du groupe que sont, outre le jeu, l'hôtellerie, le bien-être ou encore la restauration, mais également ses activités plus récentes telles que le gaming ou l'e-sport, en forte croissance chez Barrière, à destination de ses clients mais aussi de ses collaborateurs.
L'aide de l'intelligence artificielle
Avec un chiffre d'affaires d'1,2 milliard d'euros en 2018, la force de frappe du groupe est de taille avec 18 hôtels, 33 casinos, plus de 120 restaurants et bars, 15 spas, et près de 3.000 spectacles proposés par an. « Ces jeunes pousses seront à nos côtés pour améliorer notre transformation et apporter des réponses à nos grands défis. Grâce à l'intelligence artificielle, nous entendons mieux anticiper les comportements de nos clients », précise Samuel Katz, manager de Barrière Innovation, l'accélérateur de start-up du groupe.
Deux jeunes entreprises ont déjà répondu présent. « Nous ne sommes pas dans l'urgence mais il y a une prise de conscience d'une nouvelle clientèle, plus jeune et avec de nouvelles attentes», développe le responsable. En septembre, Barrière va accélérer sa chasse aux start-up. Pour elles, le groupe met gratuitement l'ensemble de ses ressources pour conduire un test de trois à six mois sur un ou plusieurs de ses établissements.
(source : lesechos.fr/Philippe Legueltel)