Alors que le Sénat doit réexaminer, le 9 avril, le projet de loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), adopté en deuxième lecture par l'Assemblée nationale le 15 mars dernier, l'inquiétude grandit du côté des casinos de l'Hexagone. Rappelons que cette loi prévoit notamment la privatisation de l'ADP mais aussi de la Française des jeux.
«Cette loi signerait l'arrêt de mort des casinos. La privatisation de la fdj engendrerait des conséquences économiques et sociales graves, avec des répercussions immédiates sur l'emploi mais aussi sur la santé publique», alerte le groupe Tranchant qui gère, par délégation de service public, une vingtaine de casinos en France, dont ceux de Bagnères-de-Bigorre et d'Argelès-Gazost. Mais ce sont en tout 200 établissements qui sont concernés.
«On nous dit de ne pas nous inquiéter mais Bruno Le Maire ne nous répond jamais et on n'a aucune position officielle publique. On n'est pas contre la privatisation de la fdj, ni contre les bars et les brasseries qui pourraient demain exploiter les machines à sous. Il suffirait de rectifier la notion de «jeux de loterie».
Un texte flou qui inquiète
Le texte de loi est sciemment flou dans ses termes pour permettre à la fdj privatisée d'exploiter des machines à sous. Et comme on dit, quand il y a un flou, il y a un loup», indique Romain Tranchant, directeur général du groupe. «Aujourd'hui, la fdj a déjà le droit d'exploiter des machines à sous mais un décret donne l'exclusivité de cette exploitation aux casinos physiques», précise-t-il, déplorant la «vision très économique de Bercy». «Pourtant, cela pose aussi des problèmes de santé publique en termes d'addiction et d'accès aux jeux pour les mineurs. Les casinos sont très contrôlés. Aujourd'hui, si un casino laisse entrer un mineur dans l'un de ses établissements, il est dans l'obligation de fermer alors qu'une simple amende est prévue dans une brasserie, sans oublier que le mineur ne sera plus protégé.»
Et de souligner également que «les casinos sont souvent le premier contributeur du budget des communes où ils sont implantés et apportent un dynamisme essentiel à la vie locale». Les machines à sous représentent plus de 90 % des recettes issues des jeux dans les casinos. Soit près de 3 M€ pour ce qui concerne le casino de Bagnères-de-Bigorre, d'où recette financière pour la commune de près de 500.000 € issus des prélèvements sur le produit brut des jeux. L'établissement bagnérais emploie à ce jour une quarantaine de salariés et participe également à l'animation de la ville, sans oublier son soutien aux associations et à divers événements culturels, sportifs…
Alors, la question principale qui préoccupe les casinos français est de savoir si le périmètre de la fdj sera modifié pour permettre aux casinos de garder l'exclusivité de l'exploitation des machines à sous.
«Le gouvernement refuse de nous répondre mais on a le soutien des maires et de nombreux députés, y compris de la majorité gouvernementale», positive Romain Tranchant. Ce que nous confirme le député des Hautes-Pyrénées, Jean-Bernard Sempastous. «On est très vigilants», tient-il à rassurer.
(source : ladepeche.fr/Viktoria Telek)