Au tribunal correctionnel de Bonneville ce jeudi 28 mars. Un croupier et quatre complices avaient gagné indûment près de 29 000 euros au black-jack en mai 2017.
Deux frères, un croupier employé au casino de Megève, un intermédiaire, au total quatre professionnels des jeux d’argents et un plan sans presque aucune faille. Au tribunal correctionnel de Bonneville, on s’attendait, ce jeudi 28 mars, à revivre un des films Ocean’s avec Georges Clooney et Brad Pitt. Le procès révèle pourtant rapidement qu’il s’agit davantage d’un drame réaliste, digne de François Ozon.
Démasqués parce qu’ils n’arrivaient pas à perdre
Tout commence par une défaillance dans le système de sécurité. Un client conteste un fait de jeu, le croupier tente d’exploiter les bandes vidéos. L’image est inexploitable et le client remboursé. Effaré, ce croupier, en froid avec sa direction et de plus en plus dégoûté par un univers où son rôle est de pousser « des gens à s’endetter », décide de faire une première expérience. Il monte sur une table et pivote une caméra de surveillance.
Une semaine plus tard, rien ne lui est remonté aux oreilles. La sécurité est dérisoire. L’occasion est trop belle. Le croupier contacte un pair d’un autre casino disponible un soir pour une partie de black-jack. Son frère dépose au casino de Megève ce joueur qui s’avère être également un professionnel du jeu. Celui-ci se dirige vers la table où la caméra reste neutralisée. Il joue contre l’employé local et gagne à tous les coups. En fin de soirée, les hommes se partagent équitablement les gains. Une méthode simple et efficace.
Le croupier mégevan renouvelle l’expérience avec trois autres complices. Au total, ils empochent près de 29 000 euros.
Mais le casse n’est pas parfait. Un des complices gagne plus que prévu. « En quelques minutes j’ai gagné presque 7 000 euros. On s’était pourtant fixé une limite autour de 2 000 euros. Il fallait que mes gains restent crédibles », explique-t-il.
L’heureux gagnant décide alors de changer de table et de jouer pour de vrai, histoires d’enregistrer quelques pertes. Que nenni, la chance est avec lui, ses gains ne font qu’augmenter, pour le plus grand malheur des cinq hommes. Avec près de 15 000 euros empochés en une soirée, les statistiques du casino révèlent l’erreur. Les gains ne correspondent pas aux mises de la soirée. Une enquête est ouverte. En quelques jours, la direction se rend compte de la supercherie. Les cinq hommes passent aux aveux.
Pour ces faits d’abus de confiance par personne morale, le croupier local, cerveau de ces parties frauduleuses se voit condamné à une peine de dix mois de prison avec sursis. Les trois autres fins limiers du jeu héritent de six mois avec sursis, le cinquième homme seulement quatre. Ces gagnants, pris après coup la main dans le sac ont interdiction de remettre les pieds dans un casino. « Au bout du compte, c’est toujours la banque qui gagne », concluait l’un de leurs avocats.
(source : ledauphi
ne.com/Baptiste SAVIG
nAC)