Au casino de Barbazan, durant la semaine du 10 au 17 octobre 2017, la formule «rien ne va plus» a pris tout son sens : un croupier qui fait gagner une cliente ; la cliente qui ne comprend pas pourquoi ; et un lésé : le casino.
Après visionnage vidéo, le gérant avait remarqué des irrégularités à la table de black-jack. La table est filmée, enregistrement sonore à l'appui.
Éric, croupier depuis quinze ans, a un comportement pour le moins surprenant : représentant la banque de l'établissement, il est censé jouer dans l'intérêt du casino. Lui, non : les images laissent apparaître qu'il pourrait être de connivence avec une joueuse. Il regarde d'abord les cartes puis lui fait signe – parfois du doigt, parfois avec un signe de tête – quand cette dernière doit jouer ou non, si elle doit tirer une carte sans risque de dépasser les 21 points maxi. Et bien qu'Eric ait neutralisé le micro-enregistreur par le capot du boîtier des cartes, les vidéos confirment ce type de pratique entre Eric et cette même joueuse sur une période de 10 jours.
867 € de gains
Ces pratiques ont ainsi permis à cette joueuse identifiée d'obtenir des gains à hauteur de 867 €.
La direction de l'établissement prend donc contact avec la section courses et jeux du SRPJ de Toulouse et une plainte est déposée pour escroquerie contre les deux mis en cause.
Placé en garde à vue, Eric reconnaît l'escroquerie, assurant qu'il n'a bénéficié d'aucune contrepartie, et affirmant ne pas connaître sa supposée complice. Il déclare être endetté pour 37 000 € (notamment des loyers impayés), des saisies sur salaire. Il a perdu pied.
Éric est absent à l'audience. D'ailleurs, depuis cette affaire, il s'est volatilisé. L'autre prévenue, âgée de 62 ans, reconnue addictive aux jeux, qui ne pratique pas bien la langue française se lance dans des explications confuses. Elle confirme avoir bénéficié de gains sans en avoir compris la raison puisqu'effectivement son complice ne réclamait pas de contrepartie. «Je ne suis pas une tricheuse», affirme-t-elle.
«Aujourd'hui vous niez les faits, que vous avez reconnus en garde à vue», avance la procureur qui requiert 6 mois de prison avec sursis pour Eric et une amende pour sa «complice de fait».
Pour la défense, Maître Abadie évoque une «manœuvre de Pieds nickelés», un tour de «passe-passe» dont sa cliente serait la victime. Il plaide la relaxe faute d'éléments intentionnels.
Après délibéré les deux prévenus écopent de 4 mois de prison avec sursis. Ils devront régler solidairement la somme de 867 € au casino, et 127 € pour frais de justice.
(source : ladepeche.fr/Yves Louis)