En attendant sa privatisation la FDJ surperforme…. …sur fond de crise sociale
Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN jr.
Sociologue
(Lyon – France – mars 2019)
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Dans un contexte de privatisation
( autorisée à l’Assemblée Nationale en octobre 2018 dans le
cadre de la loi Pacte, la privatisation a été retoquée au Sénat
en février 2019 mais vient d’avoir le feu vert des députés
début mars)
la Française des jeux a affiché d’excellents résultats l’année
dernière, qui comportent néanmoins des ambivalences
(plus de mises moins de joueurs ; jeux de grattage et paris
sportifs en hausse loteries en recul ; points de vente en forte
diminution - 300 unités en 2018)
.
Mais le succès populaire du Loto du Patrimoine qui vient d’être
reconduit (confer annexe 3 :
« C’est parti pour la deuxième édition du Loto du patrimoine !
:Le Parisien, Christophe Levent|28 février 2019)
pourrait donner du grain à moudre à ceux qui considèrent qu’il faut
un Etat « Croupier » et un Etat Croupier fort pour mener à bien une
Nouvelle Politique Des Jeux ( préconisée par Olga GIVERNET &
Christophe BLANCHET , les députés REM en charge du dossier) une
politique des jeux responsable mais décomplexée qui refuse le
diktat néo prohibitionniste de l’observatoire des jeux (ODJ), des
addictologues et de la doxa du jeu pathologie maladie ; une
politique des jeux ambitieuse, solidaire qui mette davantage
l’impôt ludique – un impôt démocratique indolore pour les non
joueurs - au service du bien commun et de l’intérêt général, bref
une politique des jeux Nationale qui renoue avec son histoire.
Dans un contexte social très particulier et sans doute historique
ou certains Français revendiquent le fait de ne pas se faire
écraser par l’impôt, mais aussi de participer à la décision
publique, il apparaît nécessaire que nos concitoyens – et notamment
ici les joueurs – participent directement dès à présent et ensuite
de manière pérenne ( commissions ) à la mise en place de cette
politique des jeux. Des Etats généraux du gambling et du e gambling
permettraient après débats d’enclencher ce processus démocratique
avec toutes les parties prenantes pour ne pas que cette nouvelle
politique des jeux soit menée par les « hommes en gris » des
administrations ( notamment BERCY, santé , intérieur…) et se
fassent in fine sur le dos des joueurs, des opérateurs…et même sur
le dos des politiques.
· La Française des jeux (FDJ) a de nouveau surperformé en 2018 avec un CA
de 15,8 Milliards. Un record. Dans son tweet du 17 janvier le groupe FDJ
annonce
« une croissance de 4,4% portée par le numérique, les paris sportifs »
et les deux jeux liés à la restauration du patrimoine
( le Loto du Patrimoine et Mission Patrimoine, un jeu de grattage à 15
euros ).
· Néanmoins cela ne signifie pas que tous les Français sont « accros » aux jeux d’argent comme l’a affirmé un peu vite
Philippe Jacqué dans le Monde du 17 janvier (1) reprenant la terminologie
des addictologues qui cherchent au forceps à assimiler le jeu à unedrogue et les pratiques ludiques de nos concitoyens à une maladie, occultant volontairement l’historique de cette «
construction sociale » que constitue le jeu pathologique et les critiques
contre le DSM. Yanna VERDO dans les Echos du 11 mars 2019 (Idées &
débats page 12) est plus prudent. Dans un dossier consacré aux
neurosciences ( « Comment les drogues piratent le cerveau ») il a la
prudence épistémologique de s’interroger ( « les jeux, une drogue ?) comme
s’il avait un doute sur l’affirmation de l’OMS qui en juin 2018 a
soudainement décidé dans sa classification internationale des maladies (CIM
11) après 20 ans d’étude ( !!) « que l’addiction aux jeux vidéos ( gaming
discover) mais aussi celle aux jeux d’argent ( gambling) constituaient des
troubles mentaux à part entière »
· En outre n’oublions pas que de nombreux Français ne jouent jamais.
D’après l’INSEE,
« la moitié des adultes s’adonne aux jeux d’argent, même
occasionnellement » (2
) Le nombre de clients de l’opérateur historique a d’ailleurs baissé de 20
% depuis 2000 pour tomber à 25 millions. Les clients de la FDJ sont très
volatiles, notamment en matière de paris sportifs. Stéphane PALLEZ a
déclaré à Las Vegas, à l’occasion du Consumer Electronic Show (CES), que la
fidélisation sera
« l’un des enjeux des prochaines années pour chacun des segments de jeu
»
(3).
· Alors certes 15 milliards, cela ne fait pas autant de bénéfices pour
l’opérateur de Boulogne et l’État
Croupier (toujours actionnaire majoritaire à 72% en attendant la
privatisation prévue pour 2019)
car une bonne partie de ce trésor collectif accumulé par une myriade
d’actes ludiques individuels revient aux joueurs. 10,7 milliards
exactement. Le TRJ ( Taux de Retour aux Joueurs) pour la FDJ se monte donc
à 68%. Pas mal… mais les casinos font mieux. Groupe PARTOUCHE par exemple
(43 casinos, 4200 employés) a redonné 6,67 milliards à ses clients en 2018
pour atteindre un taux de redistribution de 93,71% (4) Ce taux pour les
différents jeux est le suivant = jeux en ligne (94,4%) Casinos (85,3%) ;
PMU (76%) ; FDJ (64,9%) ( source INSEE, année 2012) (5) )
· Mais 15 milliards misés en douze mois, simplement pour les jeux de la
FDJ, cela fait quand même un sacré pactole, sorti volontairement
de la poche des Français pour tenter leur chance, améliorer l’ordinaire,
mettre du beurre dans les épinards et même parfois changer de vie.
198 joueurs - et leur famille entourage - sont devenus millionnaires
l’année dernière. Ils n’auront plus à se soucier des fins de mois
difficiles. En 2016 la FDJ avait déjà fait 235 millionnaires (6) Bon an mal
an l’opérateur fait 1 millionnaire tous les deux jours, 1 gagnant par jour
à plus de 500 000 euros, 3 heureux quotidiennement à plus de 100 000 euros,
800 000 gagnants par an à 200 euros et plus(7). Parions que ces joueurs
heureux n’iront pas voir l’association parisienne SOS joueurs et ne
consulteront pas un addictologue, au grand dam du responsable de
l’Observatoire Des Jeux (ODJ/BERCY). Jean-Michel COSTES (ancien responsable
de l’observatoire des drogues) a en effet regretté lors d’un colloque à l’
Assemblée Nationale(8) et dans Libération que « très peu de joueurs
consultent » que « le joueur ne reconnait pas sa maladie. Curieuse
« maladie » au passage qui ne semble concerner que les perdants
· Mais 15 milliards joués, cela constitue une sacré manne en période de
marasme économique et en pleine crise des gilets jaunes -
mouvement social qui restera dans les livres d’Histoire - et dont Stéphane
Pallez (PDG de la FDJ) estime « le manque à gagner » dans une très large
fourchette comprise « entre 10 et 85 millions d'euros». La question de
l’argent (bas salaire, fiscalité, charges, prix de l’essence et des
produits de première nécessité, taux de rémunération du livret A…) et dumanque d’argent étant au cœur du mouvement actuel - qui voit des Français reprendre en main leur destin - un tel
succès des jeux de hasard interroge et peut même paraître antinomique.
· Théorie de la richesse , théorie de la pauvreté ?
1 = D’un coté cela réactive la théorie de la pauvreté chère à
certains économistes anglo saxon résumée dans la formule « plus on est pauvre, plus on joue ». Pour Brenner & Brenner
par exemple (9) les JHA ne seraient pas signe de richesse mais symptôme de
pauvreté. Cette théorie qui a la faveur de certains observateurs anti jeu
ne nous a jamais totalement convaincu en tant que sociologue. Elle vient
d’être reprise peu ou prou par Martin Hirsch qui de manière idéologique
« assimile les jeux d’argent à un cynique impôt sur la pauvreté
orchestré par un Etat non moins cynique » (10)
. L’ancien commissaire aux solidarités oublie de préciser que l’impôt
ludique est totalement facultatif alors que les impôts nécessaires pour
trouver les milliards que coute le RSA qu’il a inventé sont eux totalement
obligatoires. Martin Hirsch ferait bien également de lire l’article d’
Emilie Blachère
sur le supermarché du crack à ciel ouvert de la Porte de la Chapelle à
Paris (« Paris : au carrefour du crack » Paris Match, 10/03/2019 ou il est
précisé : » Les revendeurs ( de crack), souvent des « indépendants », sont
originaires, pour beaucoup, d’Afrique de l’Ouest. Ils savent fidéliser le
client, le relancer par SMS à la veille du versement du RSA » !
· Cette théorie de la pauvreté fait fi du jeu comme fait social et culturel, oublie « l’éducation ludique
» du joueur profondément inscrite dans sa biographie, sa socialisation
familiale et groupale. Par ailleurs nous pouvons facilement lui opposerla théorie de la richesse. Il faut de l’argent pour jouer et la Mecque du jeu (Las Vegas) se trouve dans le pays le plus riche du
monde les Etats-Unis (11) (avec une parité de pouvoir d’achat - PPA - de
20.410 milliards (12) ) non au Soudan, au Malawi, au Burundi, en
Centrafrique, à Madagascar, au Niger, en Mozambique ou en Gambie, les 8
pays les plus pauvres du monde en 2017 (13) Certes Sin City (la Ville du Péché, surnom donné à Las Vegas) a été détrônée par
Macao depuis quelques années mais l’enfer du jeu (surnom donné à
Macao) (14) figure aussi dans les pays les plus riches de la planète selon
la Banque Mondiale. Sa richesse par habitant dépasse même celle de la
Suisse depuis 2014 (15) ( confer annexe 1) Mais que serait cette ancienne
colonie portugaise retournée à la Chine en 1999 (16) sans son riche voisin. L’empire du milieu est le 2° pays le plus fortuné du monde
derrière les USA, avec un PPA de 14.090 milliards. En résumé et pour faire
court cette théorie de la richesse à des fondements macroéconomiques
sérieux.
· Difficile néanmoins de trancher entre ces deux hypothèses en apparence
contradictoires mais qui comportent sans doute toutes deux une part de
vérité. Par ailleurs n’attendons pas tout de la science économique pour
comprendre les JHA. Les travaux de Sophie MASSIN (17) montrent que les
études économiques sur le cout social du jeu sont complexes
( pour de pas dire embrouillées car les indicateurs sont multiples,
subjectifs, parfois difficilement quantifiables)
et aboutissent à des conclusions contradictoires. Certains « chercheurs
pensent que la majorité des études surestiment le cout social des JHA,
d’autres considèrent que la plupart des études sous estiment ce cout »
Hésitante sur les conséquences du jeu en terme de cout social la science
économique ne saurait nous dire à elle seulepourquoi ça joue. Car fondamentalement, mu par ses habitus, ses envies, sa liberté, sa socialisation, sa culture… le
joueur n’est pas uniquement un acteur rationnel qui agit pour des raisons
économiques. C’est un sujet social - issu d’un monde social -
riche d’une biographie singulière qui agit souvent avec passion. P
our connaître et comprendre les multiples motivations du joueur l’approche
doit être pluridisciplinaire.. avec une base sociologique forte.
Les jeux d’argent : un impôt démocratique, un impôt positif
· 2 = D’un autre coté autant d’argent joué simplement pour la FDJ conforte
nos analyses sur les potentialités insoupçonnées de l’impôt ludique, cet « impôt démocratique » volontaire, indolore
pour les non joueurs ou seuls ceux qui jouent cotisent. (Confer
notre article publié dans le quotidien Les Echos : « Les jeux d’argent : un
impôt démocratique (18) L’État cherche de l’argent mais hésite à augmenter
une fiscalité déjà insupportable qui tue la croissance, nuit à la
consommation, paupérise les classes moyennes et mine le moral des ménages qui n’a jamais été aussi bas (19). On parle
beaucoup d’impôt punitif, en voilà un - l’impôt ludique - qui ne
l’est pas. Promouvoir cet impôt positif dans le cadre d’une
politique des jeux ambitieuse pour renflouer la bougette de Bercy, devrait
être étudié sérieusement par la représentation nationale ( mais nous n’en
prenons pas le chemin voir fin de l’article). Facultatif, l’impôt ludique
apparaît comme un impôt gratifiant qui peut en outremobiliser les foules quand le gain escompté devient un pactole astronomique digne de Crésus
· Plutôt que de le limiter, de le brider - comme actuellement - pour
satisfaire la doxa du jeu pathologie maladie, calmer quelques députés
moralistes et certaines associations rigoristes, il faut au contraire le
laisser grossir. Car le Big Win intéresse les joueurs récurrents
mais attire aussi fortement des « millions » ( voir annexe 2)
d’autres joueurs : des joueurs occasionnels opportunistes et même des non
joueurs qui entre dans le jeu (in ludo) ponctuellement. Citons Gary Grief
le Président du Power Ball américain qui nous parle de phénomène :
"Les ventes ont dépassé de loin tout ce que nous avions vu jusqu'à
présent. Des millions de personnes, qui n'avaient jamais joué au
Power Ball, ont acheté un ticket » (
source : le Figaro du 14/1/2016 avec l’AFP : « Trois joueurs américains se
partagent une cagnotte d'1,6 milliard de dollars »)
· L’événement étant impressionnant les médias en parlent. Cela contribue à
accélérer très rapidement le cercle ludique vertueux engagé. Voilà
ce qu’il s’est passé en 2016 aux ETUN pour le Power Ball :
« Le jeudi 7 janvier 2016, la cagnotte du Power Ball qui n’était pas
tombée depuis novembre 2015 atteignait 675 millions de dollars. Le buzz
médiatique aidant et alors que les files d'attentes s'allongeaient dans
l’espace public facilitant la visibilité du phénomène et le bouche à
oreille, celle-ci est passée à 800 millions de dollars le vendredi 8 ;
à 900 millions le samedi 9 ; à 1,3 milliard le dimanche 10 et à 1,5
milliard le mardi 12 janvier 2016, déclenchant une frénésie ludique .
Anecdote significative les gros compteurs qui affichent le montant du
powerball sur les lieux de vente (façon jackpot progressif dans les
casinos) sont restés bloqués à 999 millions de $ pour des raisons
techniques»
( source : « ETATS-UNIS. 1,5 milliard de dollars : la folie de Power Ball,
loterie de tous les records (Timothée Vilars, L’Obs du I3/I/2016) voir
notre article en annexe 2 : Jean-Pierre MARTIGNONI : « Le Power Ball : un phénomène social qui devrait donner à penser
aux « Politiques »)
· Après le Power Ball de janvier 2016 (20) le marché ludique américain a
montré une nouvelle fois son dynamisme en 2018, avec la loterie Méga
Millions à 1,6 milliards de dollars. Des queues spectaculaires se sont
formées dans plusieurs Etats pour décrocher « le plus gros pactole jamais gagné aux ETUN et dans le monde »
(21) . Les pays limitrophes (Québec , Mexique) ont également participé à cette fièvre ludique, ruée vers l’or d’un genre nouveau . Quand
la foule s’assemble, quand la foule se rassemble sans contrainte le fait
social s’impose. Sa puissance est illimitée. Prosaïque et intéressée cette communion ludique profane n’a rien de sacré. L’exploiter
pour le bien commun n’a donc rien de scandaleux. Pour celui qui a le sens
de l’intérêt général sans tabou moraliste, les idées ne manquent pas pour
exploiter la manne ludique :
· Loteries exceptionnelles fortement dotée avec des gains « miraculeux »
comme nous venons de le voir
· Grand casino international à Paris.
Anne Hidalgo ( et les maires d’arrondissements parisiens) ferait bien
de s’intéresser à ce projet ambitieux préconisé dans le rapport du
Préfet DUPORT (22) plutôt que d’ouvrir des salles de shoot et des
salles de crack à Paris (confer notre dernier article sur le scandale
des salles de shoot (23) ;
· Las Vegas européen dans une région ensoleillée de France, plutôt que dans
un Val d’Europe déjà très encombré ou le projet de plusieurs petits casinos
est en stand by depuis 2007 ( 24 ) Profitons de l’échec du projet
ibérique Euro Vegas ( 25) pour étudier ce projet ambitieux. Si nous ne le
faisons pas les espagnols le feront. Car nos voisins du sud n’ont pas
renoncé. Le géant de l’immobilier américain CORDISH a misé 2 milliards
d’euros en 2016 sur un complexe de loisirs/casinos près de Madrid (26) ;
· Loterie mondiale caritative pour éradiquer la pauvreté etc…
Ces propositions pourraient être étudiées dans le cadre d’ États Généraux
du gambling que nous préconisons depuis plus d’un an ( 27) pour que tous
les opérateurs s’y retrouvent et travaillent ces projets avec l’ensemble
des acteurs concernés dans le cadre d’une politique des jeux ambitieuse,
généreuse, porteuse d’avenir pour Paris et pour la France. Dans le même
temps un groupe d’étude sur
le développement de l’économie des jeux d’argent dans les territoires
pourrait être crée au Sénat comme celui porté en 2017 au Parlement par le
député REM Denos MASSEGLIA sur l’industrie du jeu vidéo ( 28)
-------
-
Dégageons maintenant rapidement les grandes tendances des résultats
2018 de la FDJ . Systématiquement ambivalents ils se caractérisent
par :
-
1 = « plus de mises mais moins de joueurs »(29)
-
2 = des jeux de grattage et paris sportifs en hausse mais des loteries en
recul
-
3 = une croissance robuste (4,4%) mais moins forte qu’en 2017 (+5,7%)
-
4 = des points de vente qui diminuent( - 300 unités en 2018) mais moins
qu’avant (-700 par an jusqu’en 2014)
-
5 = une part des mises numérisées passée de 3,7% à 15% en trois ans mais
qui n’atteint que 2 milliards d’euros
-
Entrons un peu dans le détail pour les différents jeux commercialisés par
la FDJ qui possède toujours « pour l’instant » un monopole sur certains
segments, monopole qui explique pour partie ces résultats :
-
PARIS SPORTFIS
=
Les paris sportif (PS) dépassent désormais la barre des 3 milliards
(+21% en un an ). L’opérateur de Boulogne peut dire « merci à la Coupe
du monde de football »(30) qui, à elle seule, récolte 333 millions (
+75% par rapport à la dernière édition de 2014) D’une part le foot
constitue le sport national et des millions de nos concitoyens vouent
une passion au ballon rond ; d’autre part la France a décroché
le titre mondial en Russie, ce qui a boosté les PS en 2018. Cette
liesse a permis à la FDJ de recruter 400 000 nouveaux clients pour
atteindre 3,4 millions de joueurs. La aussi le fait sociologique
s’impose, nous devons le respecter même si nous n’y participons pas.
S’il y a un endroit ou la foule s’assemble, se rassemble, communie ;
c’est bien dans les stades, les fans zone et derrière les téléviseurs
lors des matchs. Il n’est pas étonnant que le sociologue feu Paul
Yonnet ( rencontré quelques mois avant sa mort sur un plateau de télé
en compagnie du joueur de poker… Patrick Bruel) se soit intéressé aux
jeux d’argent (notamment au tiercé) au sport et au football. Cespassions ordinaires populaires, chères également à Christian BROMBERGER (31) ne sont pas des maladies. Ce sont des faits
sociaux, culturels, qui donnent à voir sur notre société comme le
pensait Roger CAILLOIS à propos du jeu.
· Les paris sur le sport sont désormais largement devant Euro Millions (1,5
milliard d'euros de mises) et le Loto (1,4 milliard). Mais la FDJ doit
rester modeste sur ce succès. L’opérateur historique a un avantage
considérable sur ses concurrents (Winamax, Unibet, Betclic...). Elle a le
monopole des paris sportifs dans son réseau physique. Position que certains
considèrent déjà comme dominante et que d’autres (notamment du
côté de Bruxelles) pourraient rapidement considérée comme abusive,
dans le cadre d’une privatisation de la FDJ et d’une ouverture du marché
ludique. Force est de constater, alors qu’on nous serine sur le tout numérique, que la FDJ réalise toujours la majorité de son
activité de paris sportifs dans les bar-tabacs. Les espaces de vente de proximité semblent avoir encore de nombreuses vertus aux yeux des
joueurs car même avec un taux de retour inférieur (75%), les parieurs
sportifs préfèrent se déplacer de jouer que sur internet ou le TRJ peut
monter à 85%.
-
JEUX DE GRATTAGE
= Au grand dam de l’observatoire des jeux et de SOS joueurs qui
accentuent leur propagande néo-prohibitionniste contre les loteries
instantanées dans les médias (32), la croissance des jeux de grattage
se poursuit avec 7,69 milliards d'euros de mises en 2018. (+3,2%)
L’attirance pour ces petits tickets du bonheur ne se dément
pas, malgré le combat que mène la doxa des addictologues du jeu
pathologie maladie contre ces loteries, notamment Jean-Michel COSTE
(ODJ/BERCY), et Armelle Achour Gaillard (SOS joueurs) financée par la
FDJ. Mais l’opérateur s’est enfin interrogé sur ce conflit d’intérêt
qui dure depuis des lustres lors du dernier colloque sur les jeux
d’argent à l’Assemblée Nationale.
-
JEUX DE TIRAGE
= Par contre les jeux de tirage (Loto, Euromillions, Keno) sont en
repli (-1,9 %) à 5,07 milliards d'euros. Le bon « vieux » Loto tombe à
1,4 milliards justement peut être parce qu’il se fait « vieux ». La FDJ
veut » le relancer fin 2019 et « l’animer en termes d’événements ». Pas
sûr que cela suffise. Il avait déjà été relooké en 2017 ( 33).
Hypothèse : le loto a été progressivement cannibalisé par les nombreux
jeux de la FDJ. La question du pactole se pose également. Les joueurs
(notamment occasionnels et ils sont très nombreux d’après Stéphane
PALLEZ) vont avoir tendance à aller vers les plus gros pactoles.
Logiquement ils ont abandonné le Loto au profit d’EuroMillions. Par
ailleurs en ayant « volontairement » limité ( sous la pression de la
doxa et de quelques députés) les très gros gains la FDJ s’est tiré une
balle dans le pied. L’effet cumulatif - du Big Win qui augmente sans
cesse pour atteindre de nouveaux records - a disparu. La médiatisation
récurrente de cette montée progressive au paradis ludique des très gros gains peu ou prou n’existe
plus, enlevant à la FDJ une publicité gratuite qui influençait
grandement les joueurs. Le célèbre slogan le loto c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros
a du plomb dans l’aile. Le loto s’est complexifié et en 2017 la grille
à augmenter de 10 %, passant de 2 à 2,20 euros. Les différentes
relances du loto étaient souvent des leurres avec une
inflation du prix et moins de chance de gagner. A force de prendre les
joueurs pour des poissons qu’on attrape facilement, à force de
les prendre pour des caves, on facilite l’attrition.
· Il n’est donc étonnant que « l’obsession » de la dirigeante de la FDJ
soit d’élargir, de renouveler mais surtout désormais semble-t-il de mieux
fidéliser sa clientèle. Car de fidélisation Stéphane PALLEZ en parle
beaucoup dans l’entretien (34) qu’elle a donné à Las Vegas à Christophe
PALIERSE ( le spécialiste gambling aux Echos) lors du traditionnel Consumer
electronics show (CES) =
-
« paris sportifs : nous voyons bien que nos clients sont volatils »
« pour fidéliser la relation client est aussi importante que les
cotes »
-
« au delà du recrutement il y a la fidélisation »
-
« la fidélisation est un des enjeux des prochaines années. Ce sujet
est au cœur de l’organisation mise en place le 1° janvier 2019 avec
un business unit loterie et un business unit sport »(35 )
· Cette insistance indiquerait un manque en matière de fidélisation qui
serait en harmonie avec le fait que la FDJ a perdu plusieurs millions de
clients ces dernières années. Si la FDJ a du mal à fidéliser c’est qu’elle
connaît mal ses clients, leurs caractéristiques sociologiques, leurs
comportements, motivations, critiques, revendications..ce que Stéphane
PALLEZ reconnaît par ailleurs (« ma priorité est de mieux connaître nos
clients ») (36) Pas certains cependant qu’une meilleure connaissance client
passe uniquement par une accélération du rythme des baromètres clients que
va mener la FDJ ( qui deviendront trimestriels et ensuite mensuels) ou par
une exploitation des datas. Ces méthodes technologiques quanti hors sol
malgré leur modernité sémantique et leurs perspectives ( développées
justement au CES de Las Vegas : capter toutes les datas émises par les clients) ne remplaceront
jamais les études scientifiques indépendantes (sociologiques,
ethnosociologiques) quali & quanti, réalisées sur le terrain par des
spécialistes du jeu au contact direct des joueurs, de l’entourage familial
et groupal.
· La FDJ semble également méconnaitre sa base clientèle et veut trouver de
nouveaux indicateurs plus pertinents que les estimations actuelles ( 25 à
26 millions de clients)
"Selon notre définition en vigueur, le nombre de joueurs est
extrêmement dépendant des jeux de tirage. Et quand les jackpots sont
élevés, ils déplacent entre 1,5 et 2 millions de joueurs occasionnels.
Mais je ne suis pas satisfaite de cet indicateur en termes de
pertinence économique", tient à souligner la PDG. Elle indique que "si
évidemment c'est un objectif d'avoir le maximum de joueurs, une +base
clients+ ce sont des gens qui jouent plus d'une fois par an. Et dans
les 26 ou 25 millions, il y a des gens qui ne jouent qu'une fois par
an; je suis donc en train de réfléchir à un indicateur plus pertinent,
en plus de celui-ci",
précise Mme Pallez. »(37)
-
LOTO DU PATRIMOINE
= Succès populaire pour le Loto du Patrimoine et le jeu de grattage
Mission Patrimoine qui a séduit 2,8 millions de joueurs qui ont misé
187 millions d'euros sur ce jeu citoyen. Un « carton » pour certains
observateurs (38), une « bonne surprise » pour Stéphane PALLEZ
qui visiblement ( vu le formule utilisée) n’y croyait pas trop et n’a
fait que mettre en musique une décision purement politique.
« C’était la première fois qu’on vendait un ticket de grattage à 15
€. On a vendu l’ensemble des tickets en quatre mois. Le jeu a
trouvé un écho favorable y compris auprès de gens qui ne jouaient
pas et qui ont trouvé que cela avait du sens
», indique Stéphane PALLEZ.
-
Outre son côté citoyen d’autres caractéristiques expliquent le
succès de ce jeu original. Son TRJ à 72% est nettement supérieur au TRJ
du Loto (54,75%) et à celui d’Euromillion ( 50%). Autre caractéristique
susceptible de titiller les joueurs qui ont investi dans ce jeu
onéreux, le gain à 1,5 millions d’euros. Le plus gros gain au grattage jamais offert dans une loterie instantanée. Une
petite fortune à porter d’ongle. Au total ce jeu distribuera 6 lots à
1,5 millions, 8 à 150 000 euros, 20 à 15 000 euros et des milliers de
gains intermédiaires.
· 21 millions seront versés à la fondation du Patrimoine. Somme que le
gouvernement doublera (suite à un coups de gueule de Stéphane BERNE) en ne
percevant pas les recettes fiscales liées à ces deux jeux. Mais les hommes en gris de BERCY ont rapidement détricoté ce « cadeau » du
couple Darmanin/Riester pour en faire un one shoot ce qui a
occasionné quelques joutes verbales et questions écrites au Sénat( 39 et
40)
· Néanmoins l’exemple du loto du Patrimoine et son succès populaire nous
apparaît emblématique. Il montre à quel point la France a besoin d’unePolitique Des Jeux et que cette politique doit être menée par les politiques justement, en harmonie avec les actionnaires
objectivement majoritaires ( LES JOUEURS), et non uniquement de manière
occulte par les administrations, le régulateur, les opérateurs… qui peuvent
avoir la tentation de défendre uniquement leurs pouvoirs, leurs intérêts.
----
-
Malheureusement il ne semble pas pour le moment que le gouvernement
et la représentation nationale s’engagent dans une telle
orientation. Les dernières informations reçues ( voir 7 points ci
dessous)
ne sont guère favorables au dessein d’une Politique Des Jeux nationale
ambitieuse qui dépasse le clivage gauche droite, qui dépasse les
postures parlementaires du vieux monde que combat la REM et
que combattent également les Gilets Jaunes. En gros la droite pour, la
gauche contre mais au final tout ce petit monde se retrouve au Sénat ou
au Parlement pour – après des politesses hypocrites ritualisées et des
joutes verbales dignes d’un théâtre - fiscaliser, taxer, réglementer
toujours plus les jeux d’argent ; fliquer, identifier les joueurs ;
empêcher les jeunes - futures adultes - de jouer ; pathologiser une
pratique sociale et culturelle populaire tout culpabilisant les joueurs
assimilés à des drogués.
1. loto du patrimoine à nouveau taxé( Parlement) alors que
le Sénat l’avait allégé
2.
forte amende pour la vente de jeux aux mineurs
. Ignorant la sociologie des jeux d’argent, la socialisation ludique,
l’éducation ludique
( favorable au jeu responsable car en jouant les mineurs apprennent les
risques du jeu, éducation favorable à une maturité ludique),
la transmission ludique familiale, la culture ludique des catégories
populaires, jouer en famille, gratter en famille, culture du pari
hippique ; l’initiation ludique, le nécessaire renouvellement des joueurs…
Christophe BLANCHET a - à notre grand étonnement - une curieuse fronde
( un rideau de fumée pour Christian ECKER ancien secrétaire d’Etat au
budget)
menée une curieuse fronde avec 71 députés REM(41) Il a déposé 7 amendements
pour punir les buralistes qui vendent des jeux aux mineurs, d’une amende de
15 000 à 7500 euros. La Confédération des buralistes et son Président
Philippe Coy apprécieront. « La protection des mineurs n’a pas de prix » (41) affirme
Christophe BLANCHET comme s’il y avait une pandémie. Soyons sérieux
messieurs les politiques.
L’urgence n’est pas l’addiction au jeu ni même le jeu des mineurs mais
plutôt de protéger les jeunes contre le shit et la drogue et avant
toute chose d’éradiquer « le supermarché du CRACK Porte de la Chapelle à Paris »
ouvert jour et nuit au vu et au su de tous » ( confer le reportage
hallucinant de la journaliste EMILIE BLACHERE publié dans PARIS MATCH
du 10/3/2019 et reproduit en annexe 4 : « Paris : au carrefour du crack
»)
3. fiscalité des paris sportifs en ligne accrue (Sénat)
(42)
4.
privatisation rapide de la FDJ
: Autorisée à l’Assemblée Nationale en octobre 2018 dans le cadre de la loi
Pacte, la privatisation » qui a « divisé les sénateurs » (43 ) a été très
rapidement retoquée au Sénat en février 2019(44 ) mais vient d’avoir très
rapidement un nouveau feu vert des députés début mars(45) Privatisation de
la FDJ avant que la régulation ne soit faite ( haute autorité indépendante)
alors que le gouvernement s’était engagé à réguler avant de privatiser
5.
contradictions et affirmations de Bruno LEMAIRE sur cette privatisation
51 = « Privatiser ADP, Engie et FDJ, est une "nécessité absolue", !! dit
Le Maire » (46) Affirmer qu’il y a nécessité absolue de privatiser la FDJ
apparaît pour le moins abusif
52 « Ce n’est pas le rôle de l’État de s’occuper des jeux d’argent »
(47) a souligné plusieurs fois Bruno LEMAIRE. Mais l’État ne fait que ça
depuis des lustres justement et avec un certain succès. Par ailleurs le
succès populaire du Loto du Patrimoine qui vient d’être reconduit (48)
contredit le Ministre de l’économie qui se trouve même en opposition avec
Emmanuel MACRON qui a pris la « décision politique » de ce loto citoyen
lancé par « l’Etat » justement
6. inquiétude contradictoire du syndicat FO casinos cercles
et jeux qui s’oppose à la privatisation de la FDJ en instrumentalisant le
jeu des mineurs et l’addiction(49)
7. idem pour le député Régis JUANICO qui dans l’opposition
« veille au grain »(50) mais a souvent instrumentalisé également cette
question du jeu pathologie maladie et du jeu des mineurs pour s’opposer à
la privatisation de la FDJ. Heureusement M. Juanico a récemment mis un peu
d’eau dans son vin en proposant une solution qui aurait pu être très
consensuelle : »
L’Etat aurait très bien pu ouvrir son capital mais en gardant 51% cela
aurait permis de réunir un large consensus et d’envoyer un message fort
» (51
)
----
Ce choix politique et ce succès du loto du Patrimoine donnent en effet
du grain à moudre à ceux qui considèrent qu’il faut un Etat « Croupier
» et un même un Etat Croupier fort pour mener à bien une Nouvelle Politique Des Jeux préconisée par Olga GIVERNET &
Christophe BLANCHET lors du dernier colloque à l’Assemblée Nationale
fin 2018. Mais de notre point de vue cette nouvelle politique des jeux
doit être assumée, décomplexée et doit refuser le diktat néo
prohibitionniste de l’observatoire des jeux (ODJ) et des addictologues.
Bref, une politique des jeux solidaire qui mette davantage l’impôt
ludique au service du bien commun, une politique des jeux Nationale qui
renoue avec son histoire.
Déception donc face à ces mesures annoncées d’autant que dans un
contexte social singulier
certains Français revendiquent de participer à la décision
publique.
On aurait donc pu s’attendre à ce que les joueurs – participent
directement dès à présent à la mise en place de cette politique des
jeux et que des Etats généraux du gambling et du e gambling soient
organisés par la puissance publique et les opérateurs dans un cadre
post Grand Débat afin que la politique des jeux ne se fasse pas une
nouvelle fois sur le dos des joueurs. Mais notre article sur ces Etats
Généraux publié dès le 22 mars 2018 n’a eu à notre connaissance aucun
écho national. (52 )
Pas étonnant dans ces conditions que la doxa du jeu pathologie –
cette « pieuvre » aux multiples visages prête à tout pour maintenir
ses intérêts, ses pouvoirs et son business
- après avoir « pigeonné » les politiques - accentue sa propagande dans
les médias, en France et en Suisse, pour préserver l’usine à gaz du jeu
compulsif qu’elle a construite à coup de mensonges scientifiques et
d’approximations intellectuelles, de conflits d’intérêts et de réseaux.
Jean Michel COSTE( addictologue Observatoire des jeux ODJ/ BERCY !)
( 53 ) Jean Marie COSTE ( responsable addictions Neuchâtel (54 )
Jocelyne Caboche (neurobiologiste) ( 55 )
Nous resterons cependant optimiste. La vérité finira par triompher. Des
débats se déroulent au moment ou nous rédigeons ces lignes. Faisons
confiance à l’intelligence des politiques. Un jour ou l’autre ils
vérifieront les chiffres et les études des addictologues sur les jeux
d’argent…quand elles existent. Ils se poseront des questions,
nonobstant la réalité économique, sociologique culturelle..fiscale des
jeux d’argent. Ils auront alors un doute épistémologique sur cette «
maladie du jeu », sur le DSM5, manuel très controversé de la
psychiatrie américaine. Il s’interrogeront de manière critique, comme
l’a fait dernièrement Yann VERDO dans le quotidien les Echos… par un
simple point d’interrogation qui fait toute la différence : « Les jeux,
une drogue
?
» (56)
© j.p.georges. martignoni-hutin jr.sociologue, mars 2019, université
lumière Lyon 2, ISH, Centre Max Weber(CMW)UMR 5283, équipe TIPO, ISH,
Lyon, France.
Notes
1. Les Français « accros » aux jeux d’argent et de hasard », Philippe
Jacqué, 17 janvier 2019 LE MONDE.
2. Les jeux d’argent en France Éric Rakedjian et Marina Robin,
insee première n°1493, 2/4/2014
3. Interview de Stéphane PALLEZ PDG du groupe Française des jeux réalisé
par Christophe PALIERSE ( Les Echos du 16 janvier 2019 : « les mises numérisés dépassent les 2 milliards d’euros à la FDJ »
)
4.
« Plus de 6,5 milliards* d’euros redistribués dans les casinos
Partouche en 2018 »
( les casinos.org du 16/2/2019) (* le pactole exact redistribué aux joueurs
chez Partouche l’année dernière était de 6 678 995 224 euros )
5.
ibidem : Les jeux d’argent en France
insee première n°1493, 2/4/2014, Tableau 3 – Principales données économiques des opérateurs de jeux
6.
Les échos du 20/1/2017 « La FDJ a fait 235 millionnaires en 2016 » , selon,
?Stéphane Pallez »
7.
source : www.groupefdj.com = « Groupe FDJ : FDJ et les gagnants : *Moyenne calculée au regard du
nombre de lots d'un million d'euros ou plus et de 500 000 € ou plus
constatés en 2018, tous jeux FDJ confondus. »
-
Jean-Pierre MARTIGNONI : « GIVERNET, BLANCHET en marche pour une « une politique nouvelle du jeu en France ?» : impressions,
commentaires sur le colloque qui s’est déroulé à l’Assemblée nationale
le 30 novembre 2018 : « Jeux d’argent : enjeux et avenir d’un secteur en évolution »
» (janvier 2019, 17 pages, 9 notes, 3 annexes) ( publié sur :
lescasinos.org 7/1/2019 )
9. BRENNER Gabrielle & BRENNER Rewen , les loteries pourquoi les québécois y participent ils ? (Rapport
de recherche n°82-10, avril 1982, HEC, Montréal, Québec , Canada)
10.
« Jeux d’argent : l’impôt sur la fortune que l’Etat ne veut pas
supprimer » (Emmanuel DEUN, causeur.fr , 28 février 2019)
11.
« Voici les 15 pays les plus riches du monde » ;
Baptiste Lambert
14 juin 2018 express.live
12.
« Le FMI classe aussi les pays du monde en fonction de leur PIB sur la base
de la parité de pouvoir d’achat (PPA) par habitant. Le PPA a cette
particularité qu’il prend en compte le coût de la vie relatif et des taux
d’inflation des pays pour comparer les différents niveaux de vie. Cela
permet en quelque sorte de reclasser les petits pays ».( source ibid. : «
Voici les 15 pays les plus riches du monde » ;
Baptiste Lambert
14 juin 2018 express.live
13. Classement 2017 des 10 Pays les plus pauvres au monde » (
EUNICE KOUAMÉ
15 SEPTEMBRE 2017 (afrikmag.com))
14. Macao est souvent présenté comme l’enfer du jeu ; « Macao,
l'enfer du jeu » est un film réalisé par Jean Delannoy en 1942 avec
Mireille Balin, Erich Von Stroheim
15. Macao dépasse la Suisse au 4e rang des pays les plus riches (Bilan.ch 4
juillet 2014, Matthieu Hoffstetter)
16. MACAO. LA COLONIE PORTUGAISE EST RETOURNÉE À LA CHINE., Dominique Bari
; L’Humanité 20 Décembre 1999
17. Sophie Massin : « étude socio-économique des jeux de hasard et d’argent
en France « (EMR912,inserm, université Aix Marseille/ ODJ (Paris, BERCY) ;
rapport n°1 (décembre 2012), n° 2 (février 2013) n° 3 ( décembre 2013)
18. JP MARTIGNONI : « Les jeux d’argent : un impôt démocratique
: l
es loteries, casinos et jeux à gratter ont mauvaise presse. Ils
permettent pourtant à l’Etat de se financer. Un Etat bien hypocrite
et qui aurait tout à gagner à revoir sa politique en la matière.
* »
(Les Echos du 30/12/2016) *
le sous titre souligné est de la rédaction des Echos qui a ajouté
également des intertitres. Sous le titre figure une photo de courses de
chevaux prise à l'hippodrome de Deauville-La Touques ( Calvados )
19. Le moral des ménages en décembre au plus bas depuis 2014 (lefigaro.fr 9
janvier 2019) « Les ménages abordent les soldes avec le moral au plus bas
depuis quatre ans » ( Claude Fouquet, les échos du 9/1/2019)
-
JP Martignoni « Le Power Ball :
un phénomène social qui devrait donner à penser aux « politiques »
(
9 pages, 27 notes, mars 2016) publié sur : lescasinos.org du 29 mars
2016, Confer la publication de cet article annexe 2)
21.
« Aux Etats-Unis un ticket de loterie rapporte 1,6 milliards de dollars
à son détenteur « (Les Echos 25 octobre 2018)
22.
JP DUPORT : Propositions pour une nouvelle offre légale de jeux à Paris
« ( mai 2015, 47 pages) avec Eric FERRI inspecteur de l’administrations
23.
Jean-Pierre MARTIGNONI : Paris : cercle de jeux/salles de shoot = Oui aux salles de shoot, non aux clubs de jeu ! (février 2019, 12 pages, 23 notes, 3 annexes) ( publié sur :
CASINO LÉGAL FRANCE du 14/2/2019)
Oui aux salles de shoot, non aux clubs de jeu …oui au pétard, au coffee
shop, au cannabis thérapeutique… ; non à la clope, au vin, au Ricard (
qui a augmenté de 10% avec la loi alimentation !) et haro sur les jeux
d’argent
avec de nouvelles mesures liberticides exigées par la doxa du jeu
pathologie maladie. Le gouvernement et nos élus feraient bien de
s’interroger sur l’ethnocentrisme culturel des politiques menées en matière
de drogue et de jeu, dans un moment ou la France populaire qui roule au
diesel manifeste et dans une période ou la colère sourde des Français
"invisibles" s’exprime.
24.
« L’installation de casinos au Val d’Europe est en stand by « ( actu.fr
Florence Mallegol repris par les casinos.org du 30/11/2018
25.
« Espagne : Euro Vegas ne touchera pas le jackpot » Jaimes PRATS
(presseurop.eu Paris , repris par courrier international du 24/9/2012)
26.
« Des américains misent 2 milliards sur ce complexe de loisirs espagnol
» (le figaro.immobilier du 1/12/2016
-
Jean-Pierre MARTIGNONI : « Pour des États Généraux du
gambling »(1) lettre article envoyée aux députés et aux sénateurs » (
mars 2018, 6 pages, 6 notes, 3 annexes ) (publié sur casinos.org
22/3/2018, casino legal France du 23/3, Kuzéo - le comparateur des
sites de jeux d’argent - du 26/3)
-
« l’assemblée nationale crée un groupe d’étude autour du jeu vidéo
« ( le figaro.fr du 20/12/2017 par Chloé Woitier)
29.
« Moins de joueurs, mais plus de mises pour la Française des jeux en 2018 »
(Le Parisien avec AFP|17 janvier 2019)
30. « La FDJ dit merci à la Coupe du monde de football(Jean Yves
Guérin Le figaro.fr le 17/01/2019 )
31. « Le Match de football : Ethnologie d'une passion partisane à
Marseilles, Naples et Turin » - Broché – 1 septembre 1995 (Christian
Bromberger)
32.
Jean-Pierre MARTIGNONI : « HARO SUR LES JEUX DE GRATTAGE : Alors que
sortira le 3 septembre Mission Patrimoine, un jeu de grattage voulu par
le Président de la République pour restaurer les monuments historiques,
la doxa du jeu pathologie maladie et notamment JMichel COSTE (
ODJ/BERCY) se déchaine dans la presse* contre ces loteries instantanées
qui pèsent 50 % des ventes de la Française des jeux » (13 pages, 26
notes, aout 2018, publié sur : lescasinos.org 29/8/2018 ) (*) Charlotte
Belaich, « Accros au grattage : à la FDJ, de l’huile sur le jeu
(Libération 25 juillet 2018 pages 14,15)
33.
« Loto : premier tirage pour la nouvelle formule » ( Le Parisien.fr 6
mars 2017)
34. ibid = Interview de Stéphane PALLEZ PDG du groupe Française des jeux
réalisé par Christophe PALIERSE ( Les Echos du 16 janvier 2019 : « les mises numérisés dépassent les 2 milliards d’euros à la FDJ »
)
35.
Ibid =
Interview de Stéphane PALLEZ PDG du groupe Française des jeux réalisé par
Christophe PALIERSE
36.
Ibid =
Interview de Stéphane PALLEZ PDG du groupe Française des jeux réalisé par
Christophe PALIERSE
37.
la dépêche.fr17/01/2019
38.
« La FDJ a récolté près de 16 milliards d'euros de mises en 2018 :
« Un carton » pour le Loto du Patrimoine »
(
BFMTV =
17/01/2019)
39. Question écrite n° 07612 de
Mme Dominique Estrosi Sassone
(Alpes-Maritimes - Les Républicains)
publiée dans le JO Sénat du
08/11/2018 - page 5647
Mme Dominique Estrosi Sassone interroge M. le
ministre de l'action et des comptes publics sur l'avenir du dispositif du
loto du patrimoine et la pérennité de son budget. Réponse du Ministère de
l'économie et des finances
publiée dans le JO Sénat du 27/12/2018 - page
6773
S
40. Question d’actualité sur le Loto du patrimoine = 15e
législature Question d'actualité au gouvernement n° 0602G de
M. François Bonhomme
(Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A)
publiée dans le JO Sénat du
19/12/2018 - page 21595
M. François Bonhomme. Réponse du Ministère de la
culture
publiée dans le JO Sénat du 19/12/2018 - page 21596
M. Franck
Riester, ministre de la culture.
41. « Française des jeux : le coup de gueule de 71 députés de la majorité
Nicolas Berrod », 6 mars 2019, le parisien
42. « Paris sportifs en ligne : le secteur dénonce la hausse des taxes
votée par le Sénat », 6/2/2019 cbanque.com l’info pour vos finances
43. Marie BELLAN : « Loi Pacte : la privatisation d’ADP divise les
sénateurs « ( les échos 31/1/2019)
44. « Le Sénat retoque la privatisation de la FDJ et réforme la fiscalité
sur les jeux d'argent « C. Palierse, les échos ; 07/02/2019 ; » Le Sénat
s'oppose à la privatisation d'ADP et de la FDJ » ( LEXPRESS.fr 06/02/2019)
45. « Loi Pacte : nouveau feu vert à la privatisation de la FDJ » ; cBanque
avec AFP,
jeudi 7 mars 2019
; « Loi Pacte. Les députés donnent à nouveau leur feu vert au projet de
privatisation de la Française des jeux », ouest France 7/3/2019.
46. Privatiser ADP, Engie et FDJ, une "nécessité absolue", » dit Le Maire »
boursorama.com avec Reuter 12/2/2019.
47. Jason WIELS PRIVATISATION DE LA FRANÇAISE DES JEUX : L'ASSEMBLÉE
REDONNE SON FEU VERT : 07/03/2019 LCP assemblée nationale
48. « C’est parti pour la deuxième édition du Loto du patrimoine
! :Le Parisien, Christophe Levent|28 février 2019) article publié en annexe
49. « 60 000 emplois en danger dans les territoires : FO demande la
suspension de la privatisation de la FDJ ! »FO Communiqué de la FEC-FO -
Section Casinos et Cercles de Jeux MERCREDI 6 MARS 2019
50. « Privatisation de la FDJ l’opposition veille au grain » (
lescasinos.org 13 mars 2019 : source Libération. Fr Christophe ALIX)
51. ibid : « Privatisation de la FDJ l’opposition veille au grain » (
lescasinos.org 13 mars 2019
-
JP MARTIGNONI : « Pour des Etats Généraux du gambling » (mars 2018, 6
pages, 6 notes, 3 annexes ) (publié sur casinos.org 22/3/2018, casino
legal France du 23/3, Kuzéo - le comparateur des sites de jeux d’argent
- du 26/3)
53.
Jean-Pierre MARTIGNONI : « HARO SUR LES JEUX DE GRATTAGE : Alors que
sortira le 3 septembre Mission Patrimoine, un jeu de grattage voulu par
le Président de la République pour restaurer les monuments historiques,
la doxa du jeu pathologie maladie et notamment JMichel COSTE (
ODJ/BERCY) se déchaine dans la presse* contre ces loteries instantanées
qui pèsent 50 % des ventes de la Française des jeux » (13 pages, 26
notes, aout 2018, publié sur : lescasinos.org 29/8/2018 ) (*) Charlotte
Belaich, « Accros au grattage : à la FDJ, de l’huile sur le jeu
(Libération 25 juillet 2018 pages 14,15)
-
« Suisse , jeux en ligne, addiction Neuchâtel réagit » (
lescasinos.org du 13 mars 2019)
-
Yann VERDO : « comment les drogues piratent le cerveau » ( Les
Echos idées débats , II mars 2019
-
Ibid : « encadré « Les jeux, une drogue ? « Yann VERDO ( Les Echos
idées débats , II mars 2019
------
© j.p.georges. martignoni-hutin jr.sociologue, mars 2019, université
lumière Lyon 2, ISH, Centre Max Weber(CMW)UMR 5283, équipe TIPO, ISH,
Lyon, France.
Annexes :
Annexe 1
Macao dépasse la Suisse au 4e rang des pays les plus riches (Bilan.ch 4
juillet 2014, Matthieu Hoffstetter)
La richesse par habitant est désormais plus importante à Macao qu'en
Suisse, selon des chiffres publiés par la Banque Mondiale. Le dominion
chinois a su dynamiser sa croissance depuis le rattachement avec Pékin en
1999. Les Suisses ne se situent plus au 4e rang mondial pour la richesse
par habitant: la
Banque Mondiale
vient de publier ses chiffres 2014 basées sur les données arrêtées fin 2013
et Macao passe devant la Confédération. Avec un PIB par habitant de 91'376$
en 2013, l'ancienne colonie portugaise peuplée de 607'000 habitants dépasse
la Suisse (80'528$) et se rapproche du trio de tête composé du Luxembourg,
de la Norvège et du Qatar. La hausse de 18,4% du PIB/habitant enregistrée
entre 2012 et 2013 à Macao a permis à Macao de grappiller deux places dans
ce classement mondial, de la 6e à la 4e. En plus de la Suisse, reléguée de
la 4e à la 5e place, Macao profite aussi de l'absence de données en 2013
pour les Bermudes, dont le niveau 2012 (84'471$) ne lui aurait sans doute
pas permis de résister à la croissance macanaise. Monaco et le
Liechtenstein ne figurent pas non plus dans le classement 2013 et les
dernières estimations connues pour ces deux principautés semblent indiquer
qu'elles se hisseraient au sommet du palmarès si la Banque Mondiale avait
pu les inclure dans son étude.
Explosion des recettes des casinos
Cette impressionnante hausse de son PIB par habitant, Macao la doit avant
tout à une explosion des recettes du produit des jeux dans les casinos. Ces
dernières années, un nombre toujours plus important de clients issus de
Chine continentale sont venus fréquenter les établissements de jeux de
l'ancienne colonie, les casinos étant interdits en Chine continentale. Les
autorités locales ont accordé des licences de casino à six opérateurs. Ces
différents gestionnaires ont contribué à générer des revenus évalués à 45
milliards de dollars pour les jeux l'an dernier, soit sept fois plus qu'à
Las Vegas. Ce dynamisme a aussi un impact sur l'emploi: le taux de chômage
est tombé à 1,7% fin 2013.Si le ralentissement de l'économie chinoise ces
derniers mois a eu un impact sur les affaires des casinos, la manne générée
par les établissements de jeux a tout de même eu un impact très important.
Ainsi, le gouvernement a pu tempérer les hausses des prix de loyers en
accordant des subventions aux citoyens (1200$ par habitant annoncés pour
2014) ou en attirant des stars (Rolling Stones, David Beckham, Tiger Woods)
venues participer à des événements. Pour les mois à venir, les acteurs
économiques locaux comptent sur les changements politiques de la puissance
tutélaire pour renouer avec les 557% de croissance cumulée enregistrée
depuis 1999.
Le plus long pont du monde en 2017
La prudence est toutefois de mise: «Je suis sûr que le nouveau président
chinois aura un impact très important sur ??la Chine, en impulsant une
dynamiques, mais ici, à Macao, les choses ne semblent pas prêtes à changer
radicalement pour nous», tempère Steve Wynn, président et chef de la
direction de Wynn Macau, une
société qui possède plusieurs casinos. Lui et d'autres attendent encore
davantage d'impact de
l'ouverture en 2017 du plus long pont du monde
qui mettra l'aéroport de Hong Kong à 30 minutes de Macao et devrait drainer
un grand nombre de nouveaux clients. Les dernières estimations placent
d'ailleurs le revenu des jeux à 90 milliards de dollars en 2018.
--------
Annexe 2 =
Le Power Ball
: un phénomène social qui devrait donner à penser aux « Politiques »
Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN (Sociologue, Chercheur associé au
Centre Max Weber,
Université Lumière ( Lyon II)(avril 2016) ( article très légèrement
modifié en mars 2019)
--------
L’incroyable engouement pour la loterie américaine à 1 milliard de dollars
- le powerball - a fortement défrayé la chronique en janvier dernier, le
quotidien Ouest-France évoquant même une « Amérique frénétique pour la plus grosse loterie au monde » (1)
C’est justice pour ce Fait Social, Culturel et Historique très ancien (2)
constamment assimilé à une drogue par l’activisme propagandiste de la doxa
du jeu pathologie maladie, le rigorisme moralisateur d’associations anti
jeu, le mercantilisme d’opportunistes exploitant le business du
jeu compulsif, l’affairisme d’addictologues éthiquement et scientifiquement
peu scrupuleux recyclés dans la « maladie du jeu » maintenant qu’ils ont
imposé « aux politiques » leurs ignominieuses (3) salles de shoot
pour ...soigner les drogués (4).
Une fièvre ludique américaine qui concerne aussi le Québec et le
Mexique
Cette loterie bi-hebdomadaire, organisée par une association à but non
lucratif dans 44 Etats américains, a fait la Une de tous les médias
français et étrangers (5), certains indiquant même «comment participer
depuis la France »(6) à la méga loterie de l’Oncle Sam. Frontière oblige,
la « Belle Province » (7) en a aussi beaucoup parlé, nos « cousins »
québécois - mais également nos « amis » mexicains - étant directement
concernés par cette fièvre ludique.
«La folie de la loterie américaine Power Ball s'est emparée des
Québécois. Ils sont nombreux à traverser la frontière américaine en
Estrie afin de tenter de mettre la main sur le billet chanceux. Depuis
quelques jours, les douaniers ont remarqué une plus grande affluence de
Québécois au poste frontalier de Stanstead. Ils ne s'en cachent pas,
les visiteurs de quelques heures se rendent à derby Center, au Vermont,
parce qu'ils espèrent avoir la main chanceuse ». (8)
Gary Grief lui-même, l’heureux Président du Power Ball, n’avait jamais vu
ça :
"Les ventes ont dépassé de loin tout ce que nous avions vu jusqu'à
présent. Des millions de personnes, qui n'avaient jamais joué au Power
Ball, ont acheté un ticket"(9)
Quand la foule s’assemble
Chacun a pu voir à la télévision - et peut encore regarder sur internet
-
les files d’attentes impressionnantes de ces milliers d’Américains venus
tenter leur chance au Power Ball, principal Loto américain avec le Méga
Millions. Ce n’était pas de petites queues clairsemées, des files indiennes
ténues à la queue leu leu ou en rang d’oignons, mais d’impressionnantes «
marches ludiques » avec plusieurs personnes par rang. Spectaculaire.
« L'engouement est maximal et les files d'attente parfois longues pour
acheter un ticket, en famille, avec des amis ou des collègues de
travail. Pas besoin d'être résident, tous ceux qui peuvent se rendre
sur le sol américain ont le droit d’acheter un billet et des milliers
d'acheteurs sont spécialement venus du Canada ou du Mexique voisins
pour acheter un petit bout de rêve à 2 dollars ». (10)
Uncover sociologist (11) dans ces files d’attentes pour, dans une attitude
goffmanienne, observer, écouter les «interactions, conversations, échanges»
constitue un fantasme d’enquêteur que nous n’avons pu réaliser. Espérons
que certains collègues Yankee ont pu le faire dans la bonne tradition de
l’École de Chicago. Les Américains manifestent rarement, ces rassemblements
ludiques sur des centaines de mètres en étaient d’autant plus remarquables. Quand il y a foule, quand la foule s’assemble, se rassemble, quand
des groupes se forment, il y a du phénomène social en construction, en
devenir. Un sociologue peut difficilement dire le contraire. Les grandes
constructions humaines (religions, révolutions....) trouvent leur origine
dans la foule assemblée. Que ça plaise ou non. Car bien entendu,
cela ne va pas parfois sans violence et sans destruction. Quand l’Histoire
s’accélère, il faut faire table rase du passé et la foule - le peuple - ne
fait pas dans la dentelle.
Allons enfants de la patrie, les aristocrates à la lanterne, marchons
qu’un sang impur abreuve nos sillons...Ne
réécrivons pas l’Histoire, comme le veut le politically correct(12) ambiant, d’un « socialisme bobo urbain
bien pensant ».
Un moteur puissant enclenché par un pactole à la symbolique forte
Mais là rassurez vous, la foule ludique du Power Ball était elle toute
pacifique, seulement désireuse d’acquérir un ticket pour le paradis...
terrestre. Il faut dire que le jeu en valait la chandelle. La somme ?
Impressionnante. 1,5 milliard de dollars (1,4 milliard d'euros). Tous les
records pulvérisés. Le dernier datait de 2013, lorsqu'une jeune retraitée
de 84 ans, Gloria C. Mackenzie, avait gagné 590,5 millions de dollars (13).
Une broutille comparée au faramineux pactole du Power Ball de janvier 2016.
A ce niveau de richesse on ne doit plus parler de pactole mais de trésor.
Si des milliers (des millions ?) de citoyens américains se sont mobilisés
telle une ruée vers l’or, c’est uniquement pour cette somme fabuleuse.
Cette mobilisation et sa médiatisation entraînant « une réaction en chaine » spectaculaire (confer encadré ci-dessous)
Certes, chacun connaît « les pouvoirs de l’argent », et pas seulement dans
le domaine ludique des jeux de hasard, mais qu’une simple loterie à 2 $
déplace les foules, cela doit donner à penser. Si une telle chose a été
possible, elle peut être renouvelée. Si un tel « miracle » est positif, il
doit être renouvelé. On a là un moteur puissant et sans doute beaucoup plus
puissant qu’on l’imagine (14) Un moteur capable de déplacer les masses dans
la plus grande liberté, sans contrainte. Une adhésion volontaire, souple,
permanente. Démarches individuelles et égoïstes à un premier niveau mais
qui, conjuguées, font toute la puissance de ce « collectif » ludique
déclenché par un pactole à la symbolique forte : le milliard.
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Power Ball : un cercle ludique vertueux très rapide d’une puissance
extraordinaire
« Le jeudi 7 janvier 2016, la cagnotte du Power Ball qui n’était pas tombée
depuis novembre 2015 atteignait 675 millions de dollars. Le buzz médiatique
aidant et alors que les files d'attentes s'allongeaient dans l’espace
public facilitant la visibilité du phénomène et le bouche à oreille,
celle-ci est passée à 800 millions de dollars le vendredi 8 ; à 900
millions le samedi 9, à 1,3 milliard le dimanche 10 et à 1,5 milliard le
mardi 12 janvier 2016, déclenchant une frénésie ludique jamais vue pour un
jeu de hasard dans le pays. Ironie, les gros compteurs qui affichent le
montant du powerball sur les lieux de vente (façon jackpot progressif dans
les casinos) sont restés bloqués à 999 millions de $» (15)
Si une telle chose a été possible, elle peut être renouvelée. Si un tel
« miracle » est positif, il doit être renouvelé
Une sorte de chaine de Ponzy (16) certes, mais une chaine de Ponzy qui ne
s’arrêterait jamais, ne serait pas une filouterie opaque contrôlée par
quelques escrocs, mais un cercle vertueux susceptible d’améliorer la
situation du plus grand nombre. En quelque sorte, si nous filons la
métaphore nucléaire, nous avons là un surrégénérateur qui produirait plus
d’énergie qu’il n’en consomme. Et si ce moteur vertueux existe, tout est
possible. Au niveau financier on ne se gêne pas actuellement d’utiliser
l’argent, afin de relancer l’économie mondiale. Par exemple en matière
financière. C’est quoi finalement un QE ( quantitative easing,
assouplissement quantitative), une injection massive d’argent. On donne un
nom savant pour noyer le poisson, faire croire que l’économie est une
science exacte, mais en réalité, on fait tourner la planche à billets, avec
les dangers à terme que cela représente. Idem quand on baisse les taux
d’intérêt pour rendre l’argent moins cher. Les Etats, les Banques Centrales
utilisent actuellement largement cet outil, cette convention, cet artifice
- l’argent - pour tenter de relancer l’activité avec les risques que cela
comporte vu le caractère artificiel de cette relance. Pourquoi ne pas
utiliser ce puissant moteur collectif : l’argent du jeu ? Et là aucun
risque, l’impôt ludique ne constitue pas de la monnaie de singe comme pour
le QE mais du bon argent, sonnant et trébuchant.
L’argent ne fait pas le bonheur...des pauvres mais il peut y contribuer
!
Alors bien sur, anarchiste, vous allez me dire : l’argent, toujours l’argent. Moraliste vous pourrez m’assener la
phrase qui tue : l’argent ne fait pas le bonheur. Ce à quoi nous
pouvons répondre qu’il y contribue certainement... un peu,
beaucoup... Plus sérieusement interrogeons nous pour savoir si cette
célèbre maxime - antinomique, un peu stupide et pas mal réactionnaire - n’a
pas été inventée, suggérée, distillée par les Riches. Sentence devenant
ensuite « la morale d’objectivation du pauvre » qui la reprend à son compte
pour sauver la face, face à autrui quand il comprend qu’il a très
peu de chance de devenir riche. Les Riches eux ont de l’argent, ils peuvent
toujours dire - ça mange pas de pain - qu’il ne fait pas le bonheur ou pire, affirmer qu’il y aurait
sociologiquement, risque d’anomie durkheimienne, voire de suicide, quand on
est riche, trop riche, « plus riche que riche » ( slogan de l’euromillion
inventé par la Français des jeux (17 ). Mais n’allez pas dire ça à John
Robinson et à sa femme Lisa premier gagnant officiel du Power Ball qui
viennent d’empocher un chèque de 528,8 millions de dollars (484,5 millions
d'euros) lors d'une conférence de presse organisée par la loterie de
Nashville Tennessee. Ils vous riraient certainement au nez.
Certes, « Accompagné de leur fille et du chien de la famille, le couple a
indiqué que «ce billet génère beaucoup de stress". (18) Mais à mon avis ils
vont s’en remettre ! Le couple qui habite à Munford, petite ville de 5 000
habitants près de Memphis, a d’ailleurs déclaré «qu'il comptait continuer à
travailler. Lisa a téléphoné à sa patronne, lui disant qu'elle prenait un
jour de congé vendredi. "Je serai là lundi", a-t-elle ajouté ». (19)
Certes la presse américaine rapporte quelques histoires tragiques (20) dans
lesquelles la « malédiction » « aurait » frappé certains gagnants de la
loterie, par exemple celle racontée par le journaliste Joe Nocera dans le
New York Times en 2012, qui narrait la déchéance, personnelle et familiale,
de Jack Whittaker, « l’heureux » gagnant de 315 millions US$ au Power Ball.
Moins épiphénoménique, plus représentatifs les études sociologiques
réalisées sur les winners (notamment celles du sociologue H. Roy
Kaplan en 1987 portant sur 576 gagnants de la loterie) indiquent au
contraire que « les «mythes» et les «stéréotypes» de la culture populaire
sur cette question sont très éloignés de la vérité. Peu de gagnants
quittent leur emploi pour vivre une vie de pacha ». Une étude plus récente
de 2004, confirme que 85,5 % des Américains ayant gagné à la loterie ont
continué à travailler après avoir touché le gros lot et vivent des jours
heureux(21) Une autre étude de 2009 (22) réalisée auprès de 34 987
personnes ayant remporté un maximum de 150 000 US$ à la loterie souligne
que si 5 % ont fait banqueroute 5 ans après avoir touché leurs gains, 95%
coulaient des jours tranquilles, confirmant d’évidence que statistiquement
si l’argent ne fait pas le bonheur, il y contribue fortement même s’il
est gagné au jeu.
Les yeux bandés de Fortuna
Alors bien sûr comme pour le Loto ou l’Euromillions, les chances de gagner
au Power Ball étaient minces : 1 chance sur 292.201.338 exactement. Les
joueurs le savent, ils acceptent cette loi d’airain. C’est « la règle du
jeu » des jeux de hasard, le principe même des jeux d’argent: pleins de
petites gouttes qui produisent des ruisseaux qui alimentent un grand
fleuve. Puissance de la logique ludique. Implacable mais juste car tout le
monde a sa chance. Fortuna a les yeux bandés. Vertu démocratique de l’aléa
ludique. Voilà un principe démocratique qui fait fi de la naissance, des
origines, de la couleur de peau, de la richesse, des capacités
intellectuelles. Ces paramètres démocratiques du gambling sont déterminants
pour comprendre le succès populaire des jeux d’argent contemporains et pas
seulement aux ETUN.Idéologiquement on accuse souvent les jeux d’argent
d’être une pratique individualiste, égotiste voire égoïste. Méfions nous
des apparences. C’est tout le contraire. C’est par la réunion des joueurs
assemblés qui cotisent, que ce miracle a lieu. Nous avons là « un phénomène
collectif » , constitué par l’assemblage d’actes ludiques individuels
volontaires basés sur la liberté. Phénomène social et culturel qui
devrait donner à penser aux « politiques » s’ils voyaient un peu plus loin
que leur « bout de nez fiscal crochu traditionnel » basé sur la contrainte confiscatoire.
Déclencher une Politique Des Jeux vertueuse
« Incapables » de relancer la croissance et donc de mener une politique de la demande en augmentant fortement salaires et
pouvoir d’achat; « impuissants » à créer un véritable (23) Fond Souverain
puissant générateur de cash comme l’a fait la Norvège depuis longtemps(24)
et de nombreux autres pays ; « amnésiques » pour ne pas lancer un Grand Emprunt comme cela a été fait en France dans le passé et
susceptible de rapporter immédiatement des milliards s’il était mieux
rémunéré que le scandaleux taux d’intérêt du livret A que Christian Noyer
trouvait trop élevé avant de quitter la Banque de France
Certes l’Etat Croupier national grappille déjà quelques milliards (26) en
taxant fortement casinos et autres opérateurs ludiques, quand il n’exploite
par lui-même gambling et e.gambling à travers l’activité
monopolistique de la FDJ. Mais il le fait la honte au ventre, avec peu de
transparence, dans un conflit d’intérêt permanent et surtout en mettant en
avant hypocritement et contradictoirement une politique des jeux «
responsable », instrumentalisée par la doxa du jeu pathologie. S’inspirer
du phénomène Power Ball pour déclencher une Politique Des Jeux vertueuse
utilisant ce merveilleux « impôt démocratique » (27) que constituent les
jeux d’argent pour le profit du plus grand nombre, ce serait tout autre
chose. Une ambition, un dessein. Bref une volonté politique innovante
multiple qui manque tant à la France actuellement sur ce registre des jeux
d’argent comme sur tant d’autres (fiscalité, emploi, pouvoir d’achat, santé
des français, écologie, retraites, délinquance, criminalité, drogue...). A
suivre.
© jpg martignoni-hutin, sociologue, université Lyon 2, centre max
weber(cmw) équipe TIPO, Lyon, France, avril 2016
Notes
1. « Power Ball. L'Amérique frénétique pour la plus grosse loterie du
monde » ( Ouest France 12 janvier 2016)
2. Introduite en France par Casanova les loteries et les autres jeux de
hasard et d’argent sont un fait social, économique, culturel beaucoup
plus anciens. Les archéologues ont trouvé les premiers objets liés à la
pratique des jeux d’argent dans les vestiges de l’Ancienne Babylone
(3000 avant J-C), dans la Chine Ancienne (2300 avant J-C), ainsi qu’en
Inde, en Egypte et à Rome. Les jeux de dé seraient les jeux les plus
anciens. Des dés en os et en ivoire ont été retrouvés dans des
fouilles, ils dataient de plus de 3000 ans. ( source : Kelbet, jouez le
grand jeu HISTOIRE DES JEUX D’ARGENT ET DE HASARD : DES ORIGINES
LOINTAINES.... Confer également : 1/ »A quoi joue-t-on ? pratiques et
usages des jeux et des jouets à travers les âges (1999,552 pages,
Festival d’histoire de Montbrison de 1998) 2/Martignoni, J.-P. (2010)
E. Belmas, Sylvie Craipeaux , « Dictionnaire d’histoire culturelle de
la France contemporaine» (Paris, Puf, 2010, article Jeu(x) » 455- 459 )
3/Belmas E., « Jouer autrefois. Essai sur le jeu dans la France moderne
(XVIe-XVIIIe siècle » (Seyssel,ed Champ Vallon, 2006)
3. Ignominieux : qui suscite le dégout, l’horreur, la déchéance
sociale, le déshonneur
manne du powerball ou celle d’El Gordo, la loterie de Noël des
Espagnols à.... 2 milliards d’euros (25)
4. Les électeurs, riverains et contribuables qui payent cette couteuse
(
plus de 800 000 euros) et scandaleuse expérimentation apprécieront.
Confer : « Le Sénat valide les tests de salles de shoot(« lefigaro.fr
17 sept 2015) Les salles de shoot sont-elles légales ? « (France Info,
25 juin 2015)« Une "salle de shoot" en test à Paris : bonne idée ou
incitation à la drogue ? »( le nouvelobs.com, 5/2/2013) « Salle de
shoot : la subvention qui fait tiquer la droite »(Le Parisien 14 mars
2016)
5. « Power Ball : trois gagnants se partageront le jackpot record de
1,6 milliard de dollars »(Capital 14/1/1016) « Super jackpot au loto
américain : comment gagner 1,5 milliard de dollars ?(France Info
13/1/2016) « Trois gagnants à la loterie américaine »(Le Monde.fr
14/1/2016) « Record du monde : la loterie américaine Power Ball,
toujours sans gagnant, mettra en jeu 1,3 milliard de dollars mercredi(
L’obs 10/1/2016) « ETATS-UNIS. 1,5 milliard de dollars : la folie de
Power Ball, loterie de tous les records (Timothée Vilars, L’Obs du
I3/I/2016) « Etats-Unis: record pour le jackpot de la loterie "Power
Ball"(l’express du, 10/1/2016) « Power Ball : qui a gagné le jackpot de
1,58 milliard de dollars ? »( Le Point 14/I/2016) « Un Français peut-il
remporter la cagnotte de 1,5 milliard de dollars du Power Ball ?»(Le
Monde.fr 12/1/2016)Trois gagnants se partagent le jackpot du Power
Ball( La Tribune de Genève 14/I/2016)
6. « Power Ball: Comment participer depuis la France au gros lot record
de la loterie américaine (1,5 milliard de dollars)( Par Jean-Baptiste
Duval, Le Huffington Post, 26 mars 2016
7. La Belle Province périphrase utilisée pour désigner le Québec en
tant que province du Canada.
8. « La folie de la loterie Power Ball s'empare des Québécois » (radio
canada, 12/1 par Brigitte Marcoux)
9. ( cité par le Figaro du 14/1/2016 avec l’AFP) : « Trois joueurs
américains se partagent une cagnotte d'1,6 milliard de dollars »
10.« ETATS-UNIS. 1,5 milliard de dollars : la folie de Power Ball,
loterie de tous les records » (Timothée Vilars, L’obs du 13/1/2016)
11.sociologue incognito
12.anglicisme de politically correct ou political correctness, souvent
noté PC en
anglais, désigne, principalement pour la dénoncer, une attitude
véhiculée par les politiques et les médias, qui consiste à adoucir
excessivement ou changer des formulations qui pourraient heurter un
public catégoriel, en particulier en matière d’histoire, d'ethnies, de
cultures, de religions, de classes sociales (Wikipédia, mars 2016).
13.«Gloria MacKenzie, Powerball Winner: Top 10 Facts You Need to Know
»(Heavy.com June 5, 2013)
14.Aux ETUN (323 509 329 habitants)les américains ont dépensé 70
milliards d’US$ en billets de loterie pour la seule année fiscale 2014.
On imagine ce que pourrait rapporter une telle recette si elle était
mise en œuvre en Inde ( 1 294 395 029 habitants) en Indonésie (258 020
895 habitants) , au Brésil (204 974 962 d’habitants)...et en Chine (1
379 166 704 habitants) pour ce parler que des pays les plus peuplés
15.Source : « ETATS-UNIS. 1,5 milliard de dollars : la folie de Power
Ball, loterie de tous les records (Timothée Vilars, L’Obs du I3/I/2016)
16.Chaine de Ponzi: montage financier frauduleux qui consiste à
rémunérer les investissements des clients par les fonds procurés par
les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte avant,
elle apparaît au grand jour quand les sommes procurées par les nouveaux
entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients.
Elle tient son nom de l’escroc italien Charles Ponzi (1882-1949) qui
avait mis en place une opération basée sur ce principe à Boston dans
les années 20. Carlo Pietro Giovanni Guglielmo Tebaldo Ponzi est mort
ruiné après avoir passé une bonne partie de sa vie en prison (source
Wikipédia, mars 2016)
17.Confer : « Le marché commun du loto-métro-dodo : La France,
l'Espagne et la Grande-Bretagne lancent un loto commun pour 90 millions
de joueurs potentiels. »( Marie-Dominique Arrighi et France VIOLLET ,
Libération du 13 février 2004 ) Confer également : « Les spots du Loto
à la télé : du culte et du cliché » (Jessica Taieb, L’express.fr
10/08/2012)
18.« Power Ball : les premiers gagnants du jackpot du siècle reçoivent
leur chèque de 528,8 millions de dollars » (France tv info janvier
2016)
19.ibid. : « Power Ball : les premiers gagnants du jackpot du siècle
reçoivent leur chèque de 528,8 millions de dollars » (France tv info
janvier 2016)
20.« 10 Lottery Winners Who Lost It All » par Vince Veneziani,
(businessinsider.com, 6 mai 2010)
21.Source de ces informations sur les gros gagnants l’excellent article
de Vincent Destouches : « Gagner à la loterie: pour le meilleur et pour
le pire »( 13 janvier 2016, l’Actualité Express, cyber bulletin
quotidien de L’actualité)
22.« The Ticket to Easy Street? The Financial Consequences of Winning
the Lottery »(2009, 23 pages) par Scott Hankins (University of
Kentucky), Mark Hoekstra (University of Pittsburgh) Paige Marta Skiba
(Vanderbilt University)
23.Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) créé 2009 ne constitue
pas véritablement un fond souverain et il n’est pas ( avec ses 20
milliards d’euros) à la hauteur des enjeux économiques du moment
24.« Norvège : le plus gros fond souverain du monde a doublé de taille
en 3 ans « : Le fonds public norvégien a rapporté 7,6% l'an dernier, ce
qui a fait doubler sa valeur en trois ans. Il vaut désormais 745,1
milliards d'euros.(La tribune.fr du 13/3/2015) Confer également: Les
plus grands fonds souverains de la planète par MURYEL JACQUE ( les
échos du 22/02/2011)
25.« aLe jackpot pour la loterie de Noël espagnole » par Jean-Yves
Guérin Le Figaro.fr du 17/12/2012. Extrait: «Malgré la crise, la
«Loteria de Navidad », dont le tirage a lieu le 22 décembre, est
toujours la plus grosse du monde. Créée en 1812 à Cadix, elle fête ses
200 ans cette année avec près de 2,7 milliards d'euros de mises ». »20
heures jeudi dernier au cœur de Madrid. Une longue queue s'étire devant
Dona Manolita, une boutique de billets de loterie réputée sourire aux
joueurs. (...)pour les 46 millions d'Espagnols, la loterie de Noël est
une véritable institution. «Presque tous les adultes y jouent. Le
Gordo, comme on l'appelle ici, est inscrit dans l'ADN des Espagnols»,
affirme Juan Antonio Galliardo Lopez, directeur commercial de LAE, la
loterie d'État qui organise cet événement.(...)Le succès de ce tirage
exceptionnel reste inégalé. L'année dernière, il a généré des mises
flirtant avec les 2,7 milliards d'euros. «Depuis le début de la crise,
nous avons perdu 100 millions de mises, mais notre régression est
beaucoup moins marquée que les autres formes de jeu, casinos, machines
à sous...», précise Jose Miguel Martinez Martinez, président de LAE. Du
coup, le Gordo est la plus grosse loterie mondiale. Si la «Loteria de
Navidad» connaît un tel succès, c'est qu'elle a une longue histoire.
Créée en 1812 à Cadix, elle fête ses 200 ans cette année. Mais son
principe est resté immuable: c'est un jeu où les participants gagnent
collectivement. Le contraire de l'Euro Millions ou du Loto qui
favorisent les réussites individuelles.
En effet, à la «Loteria de Navidad», c'est la série de dix billets qui
comporte un chiffre, pas chaque ticket. Quand les joueurs ont le bon
numéro, ils sont donc plusieurs à se partager le gain. «Avec ce
système, beaucoup de gens achètent un carnet de dix billets à 200 euros
et le partagent entre collègues, amis ou membres de la famille»,
explique Juan Castillejo, responsable de la boutique Dona Manolita.
Comme dix tickets décrochent le gros lot au lieu d'un, les gains sont
moins spectaculaires qu'au Loto. Mais ils atteignent quand même 400.000
euros par gagnant. Et, cette année, 1800 personnes empocheront cette
somme ».La «Loteria de Navidad» a d'autant plus d'impact qu'elle répond
à un cérémonial bien huilé. Son tirage qui dure quatre heures a
toujours lieu le 22 décembre, marquant le début des fêtes de Noël.
Retransmis par tous les médias, il est assuré par des collégiens qui
chantent les numéros gagnants. Un respect des traditions qui n'empêche
pas des clins d'œil à la modernité. Aujourd'hui, on peut acheter son
ticket par Internet. Les billets sont vendus dès juillet. »
26.Claire Tervé journaliste pour Planet.fr ( Faire le tour de
l’actualité) : « Les jeux d’argent : plus qu’une passion un rituel
français ? » (12 février 2016) ; confer également « Les Français ont
perdu 10 milliards au jeu en 2015 » ( Le Monde, 21 janvier 2016)
27.CONFER NOTRE ARTICLE ( à paraitre ) : JP Martignoni-Hutin : « LES
JEUX DE HASARD & D’ARGENT : UN IMPOT DEMOCRATIQUE DONT L’ETAT
CROUPIER NE DEVRAIT PAS AVOIR HONTE » ( avril 2016)
annexe 3
« C’est parti pour la deuxième édition du Loto du patrimoine !(Le
Parisien, Christophe Levent|28 février 2019)
Les monuments en péril ont jusqu’à ce jeudi soir pour s’inscrire.
Plus de 250 sites ont déjà candidaté et 118 seront sélectionnés a,
avant le 11 mars. Un tirage exceptionnel aura lieu le 14 juillet.
Le chevalier Lancelot, comme l’a surnommé Brigitte Macron, repart en
campagne. Pour Stéphane Bern et patrimoine deuxième édition, les
choses sérieuses commencent vraiment. Ce jeudi soir, seront closes les
inscriptions des monuments désireux de bénéficier des subsides du jeu de
hasard. Et ils sont déjà nombreux : la liste compte déjà plus de 250
dossiers. Preuve, comme
le répète inlassablement l’animateur
, que les besoins sont énormes.
Parmi ces chefs-d’œuvre en péril, certains noms résonnent plus que
d’autres. Comme celui de l’Abbaye de Sénanque, merveille romane du
Vaucluse, au milieu des champs de lavande. De récents travaux de
restauration intérieure ont permis de mettre à jour des désordres bien plus
graves : le mur qui soutient la nef menace à terme de s’écrouler. Un
échafaudage a déjà été installé, mais des travaux bien plus importants
seront nécessaires et la facture est estimée à 1,2 million d’euros.
Ce trésor cistercien pourrait faire partie des 18 monuments « emblématiques
» qui figureront sur
les tickets de grattage
. Parmi les autres sélectionnés potentiels, on peut encore citer le Château
royal de Senlis (Oise) ou celui de Thorey-Lyautey en Meurthe-et-Moselle.
Car,
comme lors de la première édition
, certains sites seront davantage mis en valeur.
118 monuments seront aidés
Mais le choix sera plus rude cette année. Car, contrairement à l’édition
2018, critiquée car les subventions avaient été
saupoudrées sur tous les dossiers
, la mission 2019 doit s’en tenir à 118 (dont 18 monuments emblématiques).
« C’est également pour pouvoir continuer à aider les monuments de la
première édition », précise Stéphane Bern.
Dès vendredi, l’heure sera donc au choix… Au Palais de l’Élysée, sous
l’égide d’Emmanuel Macron, une réunion réunissant le ministère de la
Culture, la Fondation du patrimoine, la Française des jeux, le Centre des
Monuments nationaux et, bien sûr, Stéphane Bern, sera organisée. «
Sélectionner, c’est le truc le plus dur », commente ce dernier. Une liste
définitive devrait être établie pour le lancement officiel de ce second
Loto du patrimoine, prévu le 11 mars.
Reste à savoir quelle manne pourra être redistribuée. En 2018, le loto du
patrimoine, tirage et grattage, avait rapporté 200 millions, dont 144 ont
été versés aux joueurs et seulement…
22 millions aux monuments
! Inlassablement, Stéphane Bern milite pour que cette somme augmente.
D’abord en essayant de
convaincre l’État d’exonérer « son » loto du patrimoine
de la taxe sur les jeux de hasard (14 millions sur l’édition 2018). Un
projet serait à l’étude pour entériner cette exception.
Deux tickets, dont un moins cher
L’animateur fait également des appels du pied à la Française des jeux (FDJ)
pour qu’elle « donne plus au patrimoine », alors qu’elle a encaissé plus de
20 millions en 2018. De ce côté-là, les lignes pourraient bouger.
Jeudi matin, la PDG de la FDJ,
Stéphane Pallez
a assuré que « l'objectif est de faire mieux, ou au moins aussi bien, que
ces 22 millions d'euros ».
Pour cela, alors que l'an dernier, le lancement d'un jeu à gratter et le
tirage du « Super Loto » s'était concentré autour des Journées du
patrimoine, le tirage exceptionnel du Loto aura cette fois lieu le 14
juillet pour « en faire un événement plus important ». Le jackpot reste
inchangé, à 13 millions d'euros.
Le ticket de grattage à 15 euros,
souvent jugé trop cher par le public
, continuera à exister, mais il sera complété par un jeu moins coûteux :
une gamme de douze tickets, présentant chacun un monument, proposés à 3
euros pièce pour un gain possible de 30.000 euros.
« Paris : au carrefour du crack »
Paris Match
|
10/03/2019
Emilie Blachère
Porte de la Chapelle, au bord du périphérique, se tient jour et nuit un
supermarché de la drogue au vu et au su de tous.
En guenilles, le teint jaunâtre et les yeux fous, un homme surgit devant
mon scooter. Je l’ai aperçu qui zigzaguait dans l’encombrement du
périphérique. Il s’accrochait aux fenêtres entrouvertes pour héler les
conducteurs. Cette fois, il tient fermement mon guidon et, souffle saccadé,
quémande avec un sourire édenté. Il a 25 ans ou 40, un tee-shirt troué,
noir de saleté, assorti à son visage fané. Il ne semble avoir aucune
conscience du danger, aucune peur de la mort. Sa vie pour
une dose de crack, le « caillou », ce dérivé de cocaïne
mélangé à du bicarbonate de sodium ou à de l’ammoniaque. On chauffe, on
fume. Et on se détruit le cœur, les poumons, l’âme… « Une anesthésie pour
oublier la réalité, être dans une dimension parallèle », m’explique-t-on.
Cette dimension parallèle surgit en pleine ville. A quelques mètres des 250
000 véhicules qui empruntent chaque jour le périphérique et des dizaines de
passants qui accélèrent le pas en s’appliquant à regarder ailleurs. Le
repaire des « crackeurs » est proche d’une des principales entrées de
Paris, porte de la Chapelle. Un no man’s land d’architecture urbaine,
terre-plein pentu derrière un mur bas en béton, entre une route à desserte
locale, le périphérique, l’autoroute du Nord et les bretelles d’accès. Cet
ancien coin de verdure a gagné son nom de « colline du crack », le plus
grand supermarché français, ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Les «
clients » sont assis, prostrés par terre ; d’autres fouillent le sol avec
leurs ongles, à la recherche de miettes ou de quelques centimes égarés,
fantômes amorphes, recroquevillés dans des sacs de couchage, des abris de
fortune en carton, ou sous des tentes, à qui des « marchands » à la
sauvette viennent vendre « à domicile » café, thé, sandwichs, clopes,
alcool et, surtout, crack… Au point qu’ils en perdent l’appétit et le
sommeil.
Il y a aussi ceux qu’on ne voit pas ou qu’on remarque moins, les clients
discrets, parce que correctement habillés. Et « qui parlent bien », précise
Fayçal, riverain depuis dix ans, pâtissier dans un célèbre salon de thé du
Marais. Parmi eux, des cadres, des avocats, des banquiers, des mondains, et
des provinciaux venus se ravitailler. Bref, une population de plus en plus
jeune et insérée. Car la « colline » a sa réputation. On y vendrait l’un
des meilleurs cracks de France, au plus bas prix. En moyenne, 13 euros la
galette, « mais on peut se faire un kif pour 5 euros », dit un habitué. Un
très bon rapport qualité-prix et une substance bien meilleure que celle
vendue dans le métro, à Aubervilliers ou porte de la Villette.
On parle de 10 000 personnes dépendantes pour la seule Ile-de-France,
dont 8 400 à Paris
« Partie des ghettos noirs et hispaniques américains à la fin des années
1970, la diffusion du crack s’est d’abord étendue aux départements
d’outre-mer – Guadeloupe, Guyane et Martinique – à la fin des années 1980
et au début des années 1990, avant d’atteindre la France métropolitaine il
y a trente ans, avec le développement d’une scène ouverte au nord-est de
Paris », explique un rapport de l’Observatoire français des drogues et des
toxicomanies (OFDT). Depuis que le réseau de la cité Reverdy, un « four »
du XIXe arrondissement, a été démantelé, les toxicomanes se sont dispersés
dans la capitale. Toujours selon l’Observatoire, « en 2010, le nombre des
usagers de crack avait été estimé entre 11 350 et 20 000 en France
métropolitaine ».Désormais, on parle de 10 000 personnes dépendantes pour
la seule Ile-de-France, dont 8 400 à Paris. Alors ils débordent de la
colline pour squatter la rue, les halls d’immeuble, les parkings, chaque
trou sombre où consommer. Tous accros. Ravagés et décharnés. L’esprit
saturé d’hallucinations et de délires de persécution, pétri de violences et
d’anxiété. Mains esquintées, lèvres craquelées et brûlées, dents gâtées,
joues creuses de moribonds. Et tous les mêmes cernes bleuâtres comme la
glace. Certains déambulent pieds nus, d’autres hurlent sans raison. Les
allures sont piteuses ; les démarches, molles et bancales. Il n’y a plus
grand-chose d’humain en eux, et si peu de dignité.
Sur cette colline pelée, l’herbe ne pousse plus. Un couple se drogue dans
un coin. D’autres ont planté une tente. Un toxicomane attend, perdu. Pour
éviter la prolifération des rats et des maladies, les éboueurs évacuent 7
tonnes de déchets sous protection policière une fois par semaine © Pascal
Rostain C’est encore pire quand la nuit est tombée. Depuis son immeuble,
Vincent les voit errer vers la rue de la Chapelle. Une fois les rares
commerces fermés, « à partir de minuit », ils crient… « Il ne faut pas
sortir à ce moment-là », prévient-il. C’est pour les riverains que le monde
devient alors hostile. « Si on ne fréquente pas le quartier, personne ne
peut imaginer comment vivent ces toxicomanes, ni dans quel état de
déchéance physique et morale ils sont, lâche Fayçal. On dirait qu’ils ne
ressentent plus rien. Aucun n’appelle au secours… J’ai vu un ancien
champion de judo africain sombrer en quelques mois, un ami d’enfance
glisser aussi vite. Depuis cinq ans, on est impuissants, entre colère,
désarroi, et peur. On voit les gens arriver, tomber en enfer et
disparaître. Cette colline, c’est Zombieland. C’est sale, moche et triste.
»
Des migrants, surtout des Somaliens, des Soudanais et des gens de l’Est,
attirés par le centre d’accueil et les structures de soutien, sont tombés
dans le piège. Leurs rêves les ont amenés jusqu’à Paris, ils sont désormais
prisonniers d’un cauchemar. Et rejoignent la sarabande. « Le soir, confits
par l’alcool, ils mendient au niveau du feu rouge toujours embouteillé,
raconte une mère de famille. Un soir, une bande d’hommes a entouré la
voiture de ma fille, l’un d’eux a déboutonné son pantalon et la menaçait
car elle ne voulait pas donner d’argent pour sa came… »
Dès 11 heures le matin, les « crackeurs » émergent de derrière leurs
grillages pour errer sur les trottoirs de Paris ou de Saint-Denis, devant
les commerces, les bars, un supermarché, un centre médical. Le début
d’incessants va-et-vient – jusqu’à 30 kilomètres cumulés par jour – pour
faire la manche aux adultes comme aux collégiens. Avec douceur ou
agressivité, selon l’humeur et le degré de manque.
La colline est comme une forteresse, avec ses guetteurs qui surveillent
l’entrée et protègent les dealers
Devant nous, une femme noire, vêtue de loques et couverte de terre, divague
à haute voix : elle parle à l’une de ses chaussures, une botte noire en
lambeaux. Un adolescent maigrelet, les cheveux gras, en jogging sombre,
aboie sur une dame âgée. Il est en « angoisse », c’est-à-dire en descente
et en souffrance. Un autre, la trentaine, encore propre, des yeux clairs et
un visage arrondi, se gratte le torse, dodeline de la tête, les symptômes
du manque, soit pour les addictologues le « syndrome de la poule ».La
colline est comme une forteresse, avec ses guetteurs qui surveillent
l’entrée et protègent les dealers, les « moudous » en wolof, langue parlée
au Sénégal, pour désigner ceux qui trafiquent. Dans leur bouche, leur
matériel, des boulettes de crack, qu’ils avalent en cas d’interpellation.
Les revendeurs, souvent des « indépendants », sont originaires, pour
beaucoup, d’Afrique de l’Ouest. Ils savent fidéliser le client, le relancer
par SMS à la veille du versement du RSA. Aux « haut de gamme », ils livrent
dans des lieux plus propres et discrets. Pour les autres, ils pratiquent le
crédit – jusqu’à plusieurs centaines d’euros – ou l’offre promotionnelle :
« kit offert pour l’achat d’un caillou ». Ils acceptent toute sorte de
moyens de paiement, y compris les tickets restaurant, mais aussi le troc –
vêtements neufs ou de bonne qualité, téléphones et cartes de recharge,
nourriture (en particulier les produits congelés), bijoux, chaussures et
même électroménager –, encourageant ainsi le vol.
Les gens meurent sur la “colline”, mais tout le monde s’en fiche
Pour les plus démunis, hommes comme femmes, reste la prostitution. Rares
sont celles qui fréquentent la colline sans brader leur corps dans des
chambres d’hôtel miteuses ou sur place, derrière un mur ou une poubelle.
Pendant longtemps, les passes s’organisaient entre les rouleaux de lavage
automatique de la station-service que le gérant a dû fermer. Naguim, un des
patrons du bar Le Celtic, n’est pas étonné. Lui a perdu 40 % de son chiffre
d’affaires en terrasse. « Le midi, raconte-t-il, je dressais les tables.
Impossible désormais, car les toxicomanes piquent les portables, les
pourboires, la bouffe dans les assiettes. C’est invivable. »Pierre Liscia,
habitant et jeune élu Les Républicains du XVIIIe arrondissement, est le
premier à avoir alerté les politiques. Depuis un an, il réclame un plan
Orsec : « Il faut une réponse policière, mais ce n’est pas suffisant,
insiste-t-il. Les toxicomanes ne sont ni des victimes ni des délinquants,
ce sont des malades. Il faut créer un centre de désintoxication, mais loin
d’ici et de la tentation. C’est un budget, mais c’est le seul moyen pour
qu’ils décrochent. » Loin d’ici… c’est toujours le même refrain. Les
soigner, les désintoxiquer, oui… mais ailleurs, c’est-à-dire où ?
Naguim, le patron du bar, a vu une seule jeune femme s’en sortir : « Elle
pesait 35 kilos, j’ai cru qu’elle allait mourir. Elle est partie et elle a
survécu. C’est une miraculée. Car les gens meurent sur la “colline”, mais
tout le monde s’en fiche. La mairie nous dit que lorsque Paris accueillera
les Jeux olympiques, en 2024, lorsque la faculté de médecine sera
construite, ça ira mieux… Et d’ici là, on fait comment ? On a le choix : se
battre pour survivre ou s’en aller ! »
© j.p.georges. martignoni-hutin jr.sociologue, mars 2019, université
lumière Lyon 2, ISH, Centre Max Weber(CMW)UMR 5283, équipe TIPO, ISH,
Lyon, France.