Propos Recueillis Par Nicolas Le Jean
Déception et sentiment d’injustice : c’est ce qu’éprouve le groupe Partouche, après la désignation, mardi, de Golden Palace comme nouveau concessionnaire du casino. Il se lance dans une bataille judiciaire touchant à la résiliation de son bail et à la procédure de désignation. Interview de Fabrice Paire, président du directoire de Partouche.
– Quel est votre sentiment après la désignation de Golden Palace comme nouveau concessionnaire du casino ?
« Une grande déception dans la manière dont nous avons été traités. Depuis trente-trois ans, nous sommes un partenaire de taille pour la ville. Lorsqu’elle nous a demandé de construire l’actuel casino, nous l’avons fait. Nous avons toujours soutenu son club de football, auquel tient tant le maire Frédéric Cuvillier. Et en juillet dernier, il nous met à la porte en rompant le bail du casino que nous avons construit ! »
– Avez-vous engagé une procédure à ce sujet ?
« Oui. Nous demandons au tribunal administratif 12 millions d’euros d’indemnisation pour la rupture de ce bail, dont nous devions bénéficier jusqu’en 2035. Avant cela, nous avons formulé un recours gracieux auprès de la ville, sans succès. C’est très cavalier de la part du maire. »
– Contestez-vous aussi le déroulement de la procédure de désignation du nouveau concessionnaire ?
« Je me pose des questions sur les critères de choix de Golden Palace. Ce groupe a-t-il promis des hausses d’activité qui permettraient d’accroître la redevance due à la ville ? A-t-il proposé un loyer bien plus élevé que celui qu’elle demandait ? A-t-il promis des investissements massifs ayant un lien avec la concession du casino ? Je demanderai à la justice l’accès au rapport de la commission de délégation de service public. Je veux être certain qu’il comporte les pièces qui devaient éclairer le vote du conseil municipal. »
– Justement, les élus ont tranché !
« Ce conseil n’a été qu’une chambre d’enregistrement. On y a vu deux vidéos promotionnelles de Golden Palace. A-t-on vu celles de Partouche ? Non. »
– N’êtes-vous pas mauvais joueur ? Peut-être pensiez-vous jouir d’une rente de situation à Boulogne ?
« Absolument pas. En 2008, nous avons subi une fracassante crise de l’activité. Mais nous avons assumé, et sommes restés un partenaire pour la ville. Et lors du deuxième appel d’offres pour la concession du casino, nous lui avons proposé une redevance basée sur 15 % du produit de nos jeux. C’était la limite financière maximale pour l’équilibre des comptes du casino. Le problème, c’est que M. Cuvillier veut toujours plus. »
Depuis mardi, c’est officiel, le groupe Golden Palace reprend les commandes du casino boulonnais.
(source : lavoixdunord.fr/Nicolas Le Jean)