Huit semaines de formation et un boulot quasi assuré à l’arrivée, sans conditions de diplômes. Devenir croupier, c’est plutôt simple et cela permet de sortir rapidement de la galère. À condition de ne pas être trop regardant sur les horaires et le salaire.
« Faites vos jeux, rien ne va plus… » Ces phrases, déclinées à l’envi dans de nombreux films américains, tout le monde les a entendues. Mais presque personne ne connaît réellement le métier de croupier. Homme de l’ombre, discret et poli, le croupier est pourtant au centre du jeu. Il est chargé d’animer les jeux d’argent : roulette, boule, cartes, black-jack, baccara…. Il exerce essentiellement dans des casinos, mais peut aussi travailler pour des cercles privés ou sur des cargos.
Smic et pourboires
Loin d’être un simple groom de casino, le croupier doit avoir de nombreuses qualités. « Le métier nécessite de la dextérité, une aptitude au calcul mental, de l’honnêteté, un bon sens de la clientèle et une faculté à se concentrer longtemps », détaille Pierre Grégoire, coordinateur pédagogique à la Cerus casino academy (CCA), la seule école de croupiers reconnue en France (lire ci-dessous).
En huit semaines, un croupier peut être formé à la CCA ou dans n’importe quel casino, sans condition de diplôme. 90 % des élèves de l’académie seraient en emploi un an après leur formation. De quoi attirer les jeunes et les personnes en difficulté sur le marché du travail, d’autant plus que les employeurs sont en demande. « Nous recevons des offres d’emplois de la part de casinos chaque jour, nous n’avons pas assez de candidats pour répondre favorablement », constate Pierre Grégoire. Le secteur manque en effet de personnel. La faute, selon le coordinateur pédagogique, à « un important turn-over dans ce métier (…). Certains aussi, en fondant une famille, trouvent plus difficile de travailler en décalé et changent de voie ».
Soir, nuit, week-end, le croupier doit accepter des horaires atypiques, pour un salaire peu élevé. Un jeune croupier commence au Smic, le minimum conventionnel de la profession. En moyenne, un croupier gagne 1 800 € bruts par mois. Mais il bénéficie souvent de pourboires dont l’importance varie en fonction des jeux qu’il dirige. En outre, le croupier qui s’accroche peut, en quelques années, évoluer vers des postes de chef de table, de chef de partie, voire de responsable de salle des jeux, et atteindre un salaire de près de 3 000 €.
Gare aux contrats courts
Revers de la médaille, le métier de croupier est souvent saisonnier. Le syndicat CFDT des salariés des casinos jeux met ainsi en garde « sur les recours aux contrats précaires (CDD, temps partiel, extras) qui tendent à se multiplier, et ce, même dans les casinos en bonne santé économique ». La reconnaissance du métier via l’inscription du diplôme de la CCA au Répertoire national de la certification professionnelle changera-t-elle la donne ? Difficile à dire.
Reste que, malgré l’automatisation et les jeux en ligne, le métier a de l’avenir. Entre 2011 et 2017, le volume des mises pour les jeux de tables est passé de 2,5 à 4,3 % (*) des mises totales (paris hippiques, poker, paris sportifs, loterie…). « Les joueurs qui aiment les jeux traditionnels apprécient l’échange et l’atmosphère des tables animées par un croupier ou une croupière. (…) De plus, la réglementation protège les jeux de table en obligeant les casinos à avoir des jeux traditionnels pour exploiter les machines à sous. Il y aura des croupiers dans les casinos encore longtemps », prédit Pierre Grégoire. Et pas besoin d’aller à las vegas pour se forger un destin à la Robert de Niro. L’Hexagone compte 200 établissements de jeu, dont une quinzaine en Bretagne.
* Source : ministère de l’Économie, des Finances, de l’Action et des Comptes publics.
(source : letelegramme.fr)