Les dernières générations d'écran, l'imagerie virtuelle, mais aussi l'intelligence artificielle changent la donne pour les opérateurs de jeux. Sans compter l'éventuelle percée de la monnaie électronique.
Si l'e-sport était l'une des thématiques du dernier Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, la semaine dernière, tout le monde du jeu, et des jeux d'argent notamment, était concerné par cette grand-messe annuelle autour des nouvelles technologies. Les dernières générations d'écran, l'imagerie virtuelle, l'intelligence artificielle ou encore la monnaie électronique tendent en effet à bouleverser l'environnement des opérateurs de paris, des loteries, et des casinos. Un secteur qui pèserait 525 milliards de dollars de revenus selon un rapport publié par le groupe d'études et de conseil Arizton.
Accélération
« Il y a une accélération continue depuis dix ans dans tous les domaines », constate ainsi le directeur général adjoint chargé du pôle technologie, développement et international de la Française des Jeux, Xavier Etienne, tout en soulignant que « la transformation des systèmes de toutes les loteries prendra du temps dans ce secteur très réglementé ».
Le potentiel des nouvelles technologies en matière d'expérience du jeu, mais aussi de la gestion de la relation-client paraît sans limite. La « jeune pousse » française Datakalab, spécialisée dans la mesure des émotions à l'aide des neurosciences et de solutions d'intelligence artificielle, a ainsi annoncé avoir développé, sur la base d'une technologie IBM, le prototype d'un nouvel outil de mesure des émotions et du comportement de clients des sites de commerce électronique. En substance, un outil aussi pour les acteurs des jeux en ligne. Prevision.io, autre start-up tricolore spécialisée dans l'intelligence artificielle, est de nature à intéresser les opérateurs avec ses solutions prédictives en termes d'optimisation tarifaire et de relation-client.
Contraintes réglementaires
Quant à l'éventuelle percée de la monnaie électronique, elle fait débat. « La blockchain touche » aussi le secteur des jeux d'argent, constate Thomas France, l'un des cofondateurs de Ledger. Cette autre « jeune pousse » française, spécialisée, elle, dans la sécurité des transactions en monnaie électronique, avec des équipes à Paris, Vierzon et... San Francisco. De fait, FunFair technologies, une start-up britannique, développe une plate-forme B to B de jeux de casinos reposant sur la blockchain.
En revanche, l'émergence du bitcoin et autres monnaies virtuelles laisse sceptique Grégory Chochon, responsable de l'activité poker en ligne de Caesars Interactive Entertainment - le pôle jeux en ligne du groupe de casinos américains Caesars -, eu égard aux « contraintes » sectorielles. De fait, relève-t-il, « le bitcoin n'est pas reconnu par les autorités compétentes aux Etats-Unis ». En clair, l'évangélisation reste à faire. Outre la bonne compréhension de la monnaie électronique, les arnaques et soubresauts en Bourse confortent les résistances.
Quoi qu'il en soit, la confrontation entre mondes physique et virtuel ne se pose plus. Le dernier CES de Las Vegas a montré, en effet, à quel point les technologies offrent des possibilités de modernisation des points de vente, et de création, si nécessaire, d'espaces de distribution éphémères ou de libre-service. Cela vaut pour le commerce de proximité comme pour les jeux d'argent.
(source : lesechos.fr/Christophe Palierse)