Eric Zaman, Serésien de 38 ans, adore le casino. Une passion héritée de son grand-père, un ancien du milieu du jeu.
En 2000, le petit-fils invente un jeu de table avec 32 cartes, voisin du black jack comme en témoigne le nom qu'il a donné : black micmac. Le temps que mûrisse l'idée de le commercialiser, il présente son concept à la commission des jeux de hasard du ministère belge de l'Intérieur. Bingo : l'expert le trouve non dénué d'intérêt.
Mis en confiance, Eric Zaman croit en ses chances de vendre black micmac à de grands casinos étrangers. Et rêve secrètement de décrocher le jackpot. À Las Vegas, qui sait ? Comme il ne parle que français, il vise pour commencer le marché hexagonal.
En 2003, cet ex-employé du centre culturel de Seraing s'adresse à l'Awex (Agence wallonne à l'exportation), qui le met en rapport avec des casinotiers. Ces professionnels l'invitent à demander une licence à la sous-direction des courses et des jeux du ministère français de l'Intérieur, et cela passe par une enquête de routine des renseignements généraux.
Là commence son cauchemar.
Les RG français vérifient auprès de la police belge que le dénommé Zaman Eric n'a rien à se reprocher. Et voici ce que concluent les RG sur foi des informations reçues de notre BCS (bulletin central de signalement) : Il est très défavorablement connu des autorités belges depuis 1986, notamment pour des affaires de prises d'otages et d'attentats à l'explosif. Rien de moins !
Le Serésien a beau protester de son innocence, prouver qu'on a fait erreur sur la personne, que son casier judiciaire est vierge comme une pucelle, rien n'y fait : voilà black micmac casino non grata en France.
Le ciel lui tombe sur la tête comme s'il avait perdu toute sa fortune à la roulette. Mais il se bat. Il se rend à la police des polices, dépose plainte au parquet de Liège et interpelle le ministère de la Justice où, pour comble, le confondant avec un autre Zaman, on le traite tel un malpropre...
Aujourd'hui, l'inventeur maudit demande réparation, sinon financière du moins morale. On m'a fait passer pour un dangereux criminel. Si je vais en France, vais-je me retrouver en prison ? On m'a sali. Les casinotiers ne veulent plus entendre parler de moi.
Aux dernières nouvelles, Eric Zaman et son avocat s'apprêtent à saisir le médiateur fédéral. Dans l'espoir de débrouiller cette incroyable maldonne...
(source : regio
ns.be/Eddy Lambert)