S'ils ne sont pas les plus gros des quelque 200 casinos de France, les établissements de Gréouxet de Briançon comptent dans le paysage économique et touristique des alpes du Sud
Le casino, un établissement comme les autres ? Pas vraiment ! Car un tel établissement de jeux est très réglementé et ne peut donc s'installer que dans les stations balnéaires ou climatiques, ainsi que dans la ville principale d'une agglomération de plus de 500 000 habitants possédant un opéra et un orchestre lyrique - la décision relevant du ministère de l'Intérieur (loi du 15 juin 1907 et du 5 janvier 1988). Le jeu étant déjà bien encadré en France, il est normal que les casinos soient aussi bien réglementé par le droit, du point de vue de la sécurité publique, en raison de leur caractère addictif. Et n'allez pas croire que ces ressources échappent à la société. En effet, les casinos doivent procéder à des versements au profit des communes, fonctions de leurs chiffres, et tels que prévus par le cahier des charges. Car le casino répond à une délégation de service public. Mais ce n'est pas le jackpot pour autant...
Y aurait-il la place pour deux casinos bas-alpins ? Oui, selon Paul Audan, maire de Gréoux, qui ne craint pas la concurrence : "C'est comme pour les thermes. Digne aurait la clientèle de son territoire mais aussi du reste du département et des départements alentour. Ce serait de l'animation et de l'emploi pour les Dignois". Jeux et collectivité, un pari sur l'avenir.
À Gréoux-les-Bains, le casino Partouche parie toujours sur le village
Principal lieu de jeux d'argent dans les alpes-de-Haute-Provence, à Gréoux-les-Bains, le casino Partouche mise sur les Gryséliens depuis plus de 15 ans. Situé sur l'avenue des Thermes, l'établissement participe activement à la vie du village. Plus qu'un espace pour s'adonner aux plaisirs des jeux de cartes et de hasard, il est un point de rendez-vous et d'animations pour le village. En effet, le casino dispose en plus de sa salle de jeux, de deux salles de réceptions et de spectacles et d'une brasserie dont la terrasse accueille des concerts durant la saison estivale. "Notre clientèle est bien souvent composée de gens qui naviguent entre les différents casinos du groupe Partouche des départements limitrophes ou des touristes qui viennent en cure pendant que les thermes sont ouverts" explique Monique Gailleurd, directrice du casino.
Une ambiance familiale
Lointaine est l'époque où les salles de jeux baignaient dans un nuage de fumée, rythmées par le tintement frénétique des jetons qui tombent. Aujourd'hui le casino de Gréoux est à l'image de son village hôte : un endroit paisible. "L'ambiance de notre casino est la même que celle du village. C'est une ambiance familiale qui convient parfaitement à notre clientèle de curistes et de fidèles qui apprécient la sérénité du lieu" ajoute Stéphane Garrassin, l'adjoint de la directrice. "Le casino accompagne souvent les animations que nous mettons en place toute l'année" complète Paul Audan, maire.
Avec plus d'une cinquantaine de machines à sous, deux tables de jeux et bien d'autres, l'unique casino du département a encore de beaux jours devant lui et continuera d'être chapeauté par le groupe Partouche.
En 2016, le chiffre d'affaires était de l'ordre de 2 579 148€ (l'exercice fiscal des casinos commence le 1e novembre et se termine le 31 octobre, NDLR). Sachant que "le montant redistribué aux joueurs était d'environ 11 000 000 - à ce jour, il est de 11 900 000€, du 1er novembre 2017 au 15 septembre 2018. La somme redistribuée est en progression car notre chiffre d'affaires l'est aussi" indique Monique Gailleurd.
La contribution reversée à la commune ? Le barème avait été modifié lors de la signature de la nouvelle délégation de service public en 2016, mais là aussi, le chiffre d'affaires progressant, la contribution augmente également.
"En 2017, la somme était de l'ordre de 350 000€ - cela représente 8 % environ de notre budget de 6,45 millions environ, détaille Paul Audan. Ce n'est pas important, c'est important pour des grands casinos, proches de la Suisse, de Paris,comme Enghien-les-Bains... où ce sont des millions d'euros qui rentrent dans la commune. Le casino est une ressource, certes mais il est surtout important en termes d'animations et d'emplois. En 2002, nous avions exigé que les croupiers et surveillants de salle soient formés sur place et recrutés parmi des gens du territoire ; c'était dans le marché". Le maire précise :" Notre prédécesseur touchait le double. Quand nous sommes impactés de Dotation globale de fonctionnement de 600 000 € par an et que le Département fait moins 65 000€ sur la péréquation au titre que nous sommes classés Tourisme... On a la double peine".
La fréquentation du casino est elle aussi en forte augmentation depuis trois ans "car nous renouvelons régulièrement notre parc de machines à sous, avec en moyenne cinq nouvelles machines par an, détaille Monique Gailleurd. La mise en place de la roulette électronique en janvier 2017 nous a emmené une nouvelle clientèle".
Ouvert jusqu'à la fin de la saison touristique grysélienne, le casino fermera temporairement ses portes pour se refaire une beauté et rénover les salles de spectacles, en plus de rajouter de nouvelles machines.
Ville et casino ont renouvelé leurs "voeux" d'union en 2016 pour 5 ans - contre trois, d'ordinaire. Preuve qu'ils voient loin ensemble.
À Briançon : Circus Casino, petit mais costaud
Ouvert en 2004, par le groupe Barrière, le casino du coeur de ville de Briançon change de propriétaire en 2016 et intègre le groupe franco-belge Circus sous la direction de Philippe Escuer, qui rejoignait l'aventure en 2014 pour au final y rester, attaché au lieu, à l'équipe et à sa dynamique.
Un établissement prospère, au chiffre d'affaires de 2,278 700€ pour 2016 qui pourrait faire office de cas d'école dans le secteur du jeu.
Sa particularité ? Avoir tout d'un grand casino en termes d'offres et de diversité des jeux proposés, tout en étant à taille humaine. C'est aussi le luxe que peut s'offrir le petit frère du groupe, car qui dit petite structure, dit aussi proximité avec le client, et ce dernier est réputé pour son accueil chaleureux et sa convivialité.
Une clientèle composée tout aussi bien de touristes que d'habitants du bassin briançonnais et bien au-delà : "Notre clientèle est très large, on vient ici depuis Gap, d'Italie et en termes de segmentation, nous avons tous les publics de 18 à 80 ans, grâce à notre agenda attractif, explique Philippe Escuer, directeur de l'établissement. Depuis juin 2018 d'ailleurs, on a inauguré un service de transport : une fois par mois, une navette dont le prix du ticket est remboursé en ticket de jeu relie Gap à Briançon en passant par différentes communes pour récupérer les intéressés". La réussite du lieu est liée à une pro-activité nécessaire pour faire vivre un Casino confronté aux problématiques de son emplacement, notamment grâce à une programmation riche et variée.
Concerts d'artistes renommés tels que Vianny et Imany, soirées dansantes à thèmes ? salsa, DJ, thés dansants -, tournois de poker mais aussi, événements associatifs qui rythment la ville de Briançon comme le don de sang ou des téléthons, sont tout autant d'événements qui répondent à une demande de divertissement parallèle à l'univers de son coeur de métier.
Fort de la variété événementielle, c'est aussi et surtout un parc de machines qui n'a rien à envier aux gros établissements comme celui d'Aix-en-Provence : le Casino de Briançon propose 75 machines à sous, une roulette électronique, un black jack et renouvelle régulièrement son matériel. Plus de la moitié du parc a été renouvelée au cours des deux dernières années. "Nous avons également depuis la reprise, changé notre offre de restaurant, le chef travaille avec des produits locaux et propose des plats saisonniers, ce qui nous a valu une croissance notable sur la restauration et l'activité séminaire" ajoute Philippe Escuer.
Et l'établissement n'est pas en reste en matière de versement à la commune de Briançon. Ainsi, sur l'exercice 2016/2017 quelque 776 000 € sont venus abonder les finances locales ; 793 000 € pour l'exercice 2015 / 2016 et 739 000 € pour l'exercice précédent.
(source : laprovence.com/Emmanuelle Fabre avec R.G., M.L. et E.B.)