Censure, jeu…Libération
Le quotidien Libération a consacré dernièrement un long
article sur les jeux de grattage. Interrogé longuement nous
n’avons pas été cités. Nous considérons que
nous avons été victime d’ une censure… objective.
Après avoir donné les détails de cette petite histoire
qui n’est pas une « affaire d’État » nous
donnerons les conditions nécessaires au débat permettant
à la France d’avoir une Politique Des Jeux ambitieuse qui ne
saurait être kidnappée par la doxa du jeu pathologie
maladie
Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN Jr
(Sociologue, Chercheur associé au Centre Max Weber,
Université Lumière (Lyon II)
Charlotte Belaich, journaliste « parisienne » à
Libération, a préparé pendant plusieurs semaine un article
sur les jeux de grattages paru finalement le 25 juillet 2018 dans Libé
pages 14,15 :
« Accros au grattage : à la FDJ, de l’huile sur le jeu
»
Dans ce cadre elle a souhaité en juin nous interroger comme sociologue
spécialisé sur les jeux de hasard et d’argent (JHA).
Malgré une hésitation à cause de l’orientation
fixée à priori, qui comme souvent concernait l’addiction (
nous contestons scientifiquement depuis des années cette
pathologisation du Fait social et culturel concerné les JHA)
nous avons accepté.
Néanmoins nous avons précisé à cette journaliste que le
sujet était sensible, que nous étions très critique sur la doxa du jeu pathologie maladie, le concept d’addiction sans
substance, la politique de jeu responsable affichée par la FDJ
etc… Charlotte Belaich ayant lu certains de nos articles a
répondu que cela ne l’a gênait pas au contraire. Nous avons
néanmoins demandé à cette journaliste que nous souhaitions
que nos propos de soient pas censurés, ce qu’elle a accepté
facilement… un peu étonnée, nous assurant qu’il ne saurait b être question de censure. Nous avons
eu ensuite un très long entretien téléphonique avec
Charlotte Belaich et différents échanges
Les ciseaux de la Censure objective du journal Libération :
l'article étant trop long (…) nous avons dû couper.
Vous n'êtes donc pas cité (…) dans l'article
Quelques semaines plus tard cette journaliste nous a informé de la
parution de son « papier » précisant : «
Ce mail pour vous prévenir que l'article a été
publié dans le journal du jour. Malheureusement, l'article
étant trop long et les différentes personnes interrogées
se répétant parfois, nous avons dû couper. Vous
n'êtes donc pas cité nommément dans l'article mais vos
propos et vos critiques y figurent tout de même. Merci encore pour
votre temps ».
Dans un premier temps nous avons répondu avec humour à cette
journaliste la chose suivante : «
Merci Madame mais c’est quand même fâcheux surtout si
vous citez mes analyses
critiques, je sais que mon nom est long (IO lettres) mais quand
même. C’est vraiment l’unique raison le manque de
place ??? dites-moi tout…. Ce que je vous ai dit sur
l’addiction vous a un peu surpris non ? les médias. ( le
monde , Libé..). reprennent généralement les
théories de l’addiction pro domo sans regard critique,
c’est une évidence pour eux le jeu est une drogue alors
évidemment si un sociologue dit le contraire ça dérange
»
J’ai ensuite proposé à Charlotte Belaich de rester en
contact et, comme elle avait une dette envers nous, de me renvoyer
l’ascenseur en septembre pour parler notamment du Loto du patrimoine
et de Missions patrimoine, le jeu de grattage à 15 euros qui sortira
le 3 septembre.
J’ai également précisé que j’écrivais
sur d’autres « sujets » de société
susceptibles de l’intéresser et de faire la « une
» de Libé
. Un sujet grave aux conséquences sociologiques et politiques
multiples dont les médias parlent pas : la violence sordide
(souvent féminicide) présente quotidiennement dans les
séries policières et téléfilms sur les chaines de
la TNT. Suite à un article rédigée sur ce thème.
(1) envoyé aux parlementaires, deux « questions écrites
» ou nous étions cités ont été
déposées par une députée
(Sophie Panonacle, REM Gironde, secrétaire de la Délégation
aux droits des femmes) et une sénatrice( Martine Berthet , sénatrice de savoie )
et ont reçu une réponse des ministres concernées (
respectivement
Marlène SCHIAPPA Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l' Égalité entre les femmes et
les hommes.
et Mme la ministre de la culture Françoise Nyssen)
publiée au JO, nous avons reçu une vingtaine de lettres de
députés et sénateurs sensibilisés par cette
violence fasciste omniprésente à la télévision y
compris au heures de grandes écoutes
. Un deuxième sujet en apparence plus léger mais qui en dit
long sur l’islamisation larvée de notre société et
qui concerne une censure digne du Moyen-Âge affectant une
émission de télévision diffusée quotidiennement sur
la chaine C8 du groupe Canal + ( 2)
Pluralisme : avec Libération seule la doxa du jeu pathologie
maladie financée par la Française ses jeux a droit à
la parole
Au final nous étions un peu affecté de ne pas avoir été
cité mais nous avons mis rapidement notre ego dans notre poche
persuadé que Charlotte Belaich avait fait un « petit »
papier sur les jeux de grattage et avait donc du ( c’est courant dans
la presse) faire court et couper mon nom. A la lecture de l’article
quel ne fut pas mon étonnement : deux pages entières.
Nous n’étions pas cité par manque de place (sic) mais les
représentants de la doxa du jeu pathologie maladie
l’étaient eux très largement : une orgie de citations pour
Jean-Michel Costes, directeur de l’Observatoire des jeux (ODJ, Bercy)
( cité 6 fois dont une citation mise en exergue en gros caractère
rouge sous forme de sous-titre; l’ODJ ( cité deux fois) Marc
Valleur ( Marmottan ( cité 4 fois) Armelle Achour Gaillard ( SOS
joueurs) cité 4 fois malgré le fait qu’elle ait refusé
de dire à la journaliste de Libération combien la FDJ lui versait
d’argent chaque année et combien au total cette association qui
vient en aide aux sujets joueurs et à leur famille avait
reçu de subvention de l’opérateur public depuis 17 ans ( La
FDJ finance SOS joueurs depuis 2001), Amandine Luquiens ( addictologue
Hôpital Paul Brousse Paris) cité 3 fois ; une psychologue
inconnue du CHU de Nantes ( qui visiblement souhaitait rester
discrète) (citée une fois) La également Charlotte
Belaich n’a pas pu savoir combien la FDJ versait
d’argent au centre crée à Nantes par Jean Luc Vénisse
en pleine expertise INSERM ..grâce à la Française Des jeux
dirigée à l’époque par Christophe Blanchard Dignac.
En pleine expertise scientifique INSERM sur le jeu excessif JL
Vénisse touche plusieurs millions d’euros de la
Française des jeux pour créer un centre sur le jeu
pathologique à Nantes, Jeanne Etiemble, (directrice de
l’expertise ) offre des chocolats aux experts …. pour
leur faire avaler la pilule…. de ce flagrant délit de
conflit d’intérêts …
Petit retour en arrière : Nous participions, comme
l’historienne Élisabeth Belmas et la sociologue Sylvie
Craipeaux, à l’expertise INSERM. Qu’elle n’a pas
été notre surprise d’apprendre dans la presse en pleine
expertise que JL Vénisse venait de toucher plusieurs millions
d’euros pour créer un centre du jeu excessif au CHU de
Nantes ( somme reconduite depuis tous les trois ans) Pour la petite
histoire, mais cela fait sens, quand nous avons repris notre travaux
Jeanne Etiemble, (qui a coordonné en 2008 à l’Inserm le
groupe d’expertise sur l’étude « « Jeux de
hasard et d'argent. Contextes et addictions) nous a offert des
chocolats ….sans doute pour nous faire avaler la pilule… de
ce flagrant délit de conflit d’intérêt scandaleux.
A l’époque par naïveté , pas peur du scandale,
face à l’énormité de l’affaire ( plus
c’est gros plus ça marche, ils se croient tout permis et ils
se permettent tout !) mais surtout par SOUMISSION A L’AUTORITE,
nous n’avons pas démissionné. Ce fut une grossière
erreur le scandale était énorme.
Charlotte
Belaich journaliste à Libération
: « Monsieur Martignoni, Il n'y a aucune censure. Je suis
libre d'intégrer les citations de mon choix.
Face à ce qui nous est apparu comme une censure objective nous avons
envoyé à Charlotte la lettre suivante (extraits) :
Madame,Je viens d’acheter Libé, vous comprendrez mon
INDIGNATION
Deux pages entières et vous n’avez pas pu me citer
(…)comme j’avais raison de vous parler de CENSURE avant que
vous ne m’interrogiez longuement par téléphone
(…) j’ai bossé 4 ans à l’ARJEL rue Leblanc,
comme agent de l’État, salarié, sociologue, vous auriez
pu en tenir compte ; sans parler de mes 255 articles, quelques livres
et de mes 412 interventions médiatiques, sans oublier les
colloques nationaux, internationaux, les expertises mais surtout mes
multiples enquêtes de terrain dans les espaces de jeu, mes
centaines entretiens avec des joueurs et des opérateurs de jeu.
Avez-vous demandé à JM Costes s’il a fait des
études de terrain, avez-vous demandé à
Jeanne Etiemble
présidente de l’Observatoire des jeux,
si au moins une fois dans sa vie, elle a discuté avec un joueur.
Mais pourquoi diable ne pas m’avoir cité et l’affaire
était bouclée. Je vous signale que JM Costes (…) dirige
l’observatoire des jeux que j’ai créé avec Marc
Valleur et Christian Bucher (psychiatre) ( 3 articles écrits dans
Les Échos à l’époque en témoignent). Juste
avant de rejoindre l’ODJ JM Costes a été viré de
l’observatoire des drogues par Etienne Appaire Président de
la MILDT car il publiait des articles favorables aux salles de shoot (
dans Le Monde et…Libération comme par hasard ). Difficile de
savoir s’il a été nommé à l’ODJ à
cause de son réseau politique et de son activisme une chose est
certaine il n’était pas du tout un spécialiste des jeux
d'argent …et quand on lit ses affirmations récentes dans
Libération on voit bien qu’il ne l’est pas devenu
(…)
JP Martignoni :
« Il y a censure car vous avez privilégié les
participants de la doxa du jeu pathologie maladie ( addictologues,
psychologues, psychiatre…) en éliminant ceux qui
contestent cette pathologisation d’un fait social et culturel
collectif »
Charlotte
Belaich
nous a répondu la chose suivante : « Monsieur Martignoni, Il
n'y a aucune censure. Je suis libre d'intégrer les citations de
mon choix. Qui plus est, je ne vois pas ce que j'aurais cherché
à censurer, vous même reconnaissez que mon article est
"pertinent". Il n'y avait pas lieu d'orienter quoi que ce soit. Je suis
désolée mais mon choix s'explique simplement par la
volonté de ne pas perdre le lecteur en citant trop
d'interrogés, et ils sont déjà nombreux
comme vous pouvez le voir. Vous n'êtes d'ailleurs pas la seule
personne que j'ai interrogé à ne pas figurer dans l'article.
Voulant travailler sérieusement, j'ai multiplié les interviews
avec un résultat : j'avais trop de matière, j'ai dû faire
des choix. Je suis désolée que ce soit tombé, notamment mais
pas seulement, sur vous, car je suis reconnaissante du temps que vous avez
pris pour me parler. Il n'y a donc aucune censure et en aucun cas je ne
céderai à une forme de chantage par rapport à vos
"propositions". Je peux simplement m'excuser de vous avoir demandé du
temps sans pour autant vous citer. Cordialement, Charlotte Belaich
La collusion existante entre la FDJ et la doxa du jeu pathologie
maladie.
Pour conclure cette affaire nous avons adressé à la journaliste
un dernier commentaire en tenant compte de ses explications ( extraits) :
« Bien sur vous êtes LIBRE, Je ne dis pas que vous
l’avez fait sciemment ( ça je peux pas le savoir) mais
objectivement Il y a censure car vous avez privilégié les
participants de la doxa du jeu pathologie maladie ( addictologues,
psychologues, psychiatre…) en éliminant ceux qui contestent
cette pathologisation d’un fait social et culturel collectif. En
outre vous citez les chiffres produits par cette doxa , tout en
précisant ensuite de manière contradictoire "le conflit
d’intérêt persiste et explique le doute sur la
fiabilité des chiffres " Alors pourquoi citez-vous ces chiffres
livrés par l’ODJ installé à BERCY !!! ou ceux
cités par SOS joueurs.
Cette doxa reconnait elle-même qu’elle est en conflit
d’intérêts, elle le reconnaît par son silence (
SOS joueurs ne vous a pas répondu sur l’argent qu’elle
reçoit de la FDJ depuis 17 ans) mais aussi la psychologue du CHU
de Nantes admet du bout des lèvres « de manière
philosophique il y a un vrai problème « ( d’être
financé par la FDJ) En fait le problème est
déontologique et éthique et non simplement philosophique.
Même Marc Valleur ( qui connaît bien cette notion de conflits
d’intérêts : il y a quelques années il a reçu
la légion d’honneur des mains d’Éric Woerth
(…) reconnait " les études du CHU de Nantes sont correctes"
« mais consciemment inconsciemment il y a des biais dans les
recherches », Marc Valleur fait cependant une grossière
erreur car s’il
y a des « biais », les études ne sauraient être «
correctes » sur le plan scientifique ! d’autant que les biais
qui citent Valleur sont coton :
1 : « ne pas avoir de prise de position qui serait trop dures
envers les opérateurs qui financent le CHU et notamment ne pas
être trop dur envers la FDJ ; autre biais 2/ « sur ce quoi le
centre du jeu excessif de Nantes met l’accent »)
JP Martignoni : « Madame
Belaich journaliste à Libération :
vous avez écouté la musique que vous souhaitiez entendre
»
Bref c’est tout ce que je vous avais raconté est ici
conforté, cela aurait dû vous mettre la puce à
l’oreille, cela vous invitait à vous dire je vais (…)
citer le sociologue qui m’a accordé du temps , a une
certaine expérience et tient un discours critique par rapport
à « cette petite musique bien huilée de la doxa du jeu
pathologie maladie », doxa qui (inquiet des changements à
venir : régulation + privatisation de la FDJ) profite de votre
article pour en rajouter une couche en matière de mesures
liberticides ( interdire les jeux de grattage , interdire cash 500 000
euros, ficher tous les joueurs, interdire la publicité sur les
jeux…) (…) (c’est le retour à la prohibition et
le flicage généralisé des français) Mais vous nous
rassurez en nous précisant que d’après vos informations
: « l’interdiction de cash n’est pas envisagé
(…) le nombre de tickets gagnants pourraient être
réduits «
Super ! la boucle. est bouclée le conflit
d’’intérêt a fonctionné à IOO %. Car bien
sur cela arrange grandement la FDJ de baisser le Taux de retour aux
joueurs. Vous commencez à comprendre la collusion existante
entre la FDJ et la doxa du jeu pathologie maladi ? Au final Madame
je ne dirai pas que vous m’avez censuré mais disons
que vous avez écouté la musique que vous souhaitiez entendre
?
(…) JP Martignoni
Les jeux un élément important de la culture populaire, non
une pathologie.
Au-delà de cette petite polémique que nous venons de raconter
mais qui n’est pas une affaire d’État ( nous sommes en
pleine affaire Benalla) nous réitèrerons notre souhait que le
débat nécessaire sur les jeux d’argent et la Politique des
jeux de la France ne soit pas confisqué par la doxa du jeu pathologie
maladie en odeur de sainteté par les médias ( c’est vendeur
de parler d’addiction au jeu) C’est à la
représentation nationale, profondément remaniée depuis les
dernières élections, de débattre de cette politique qui
– de notre point de vue de sociologue - a fait la part trop belle
jusqu'à présent aux mesures liberticides et à la doxa du jeu pathologie maladie.
Cette politique ambiguë gêne les opérateurs.
Les casinotiers
ont perdu 24 % de leur volume d'affaire en sept ans, le PMU stagne voire
recule. Seule la FDJ fort de monopole en profite (14,3 milliards en 2016 ;
15,1 en 2017 ) mais pour combien de temps ? L'opérateur historique a
perdu 1,6 millions de joueurs en six ans. L’État n’assume
pas de vouloir exploiter franchement la manne ludique. Il y a sous couvert
de sante publique et de lutte contre le jeu des mineurs ( comme si on
pouvait faire disparaître la socialisation ludique contemporaine qui
assure la reproduction des joueurs, sans parler de la transmission ludique
intergénérationnelle ) un fond de morale qui considère le
jeu comme une passion funeste, un péché.
L'hypocrisie actuelle apparaît contre-productive, nonobstant les
conflits d'intérêts
entre Bercy, la FDJ, les addictologues, et l’observatoire des jeux
(installé à Bercy). Conflits d’intérêts qui ont
certainement été notés par la Commission Européenne.
Même s’ils ne sont pas sociologues, les députés
doivent prendre conscience que les jeux de hasard et d’argent (JHA)
sont un élément important de la culture populaire, non une
pathologie. Ils doivent comprendre que cet impôt démocratique ( 4) représente, pour de
nombreux Français, une « force égalitaire » ( 5 ) que
cela plaise ou non . Fait social et culturel très ancien le jeu n'est
pas une maladie, c’est un loisir, une passion qui a même parfois
des effets thérapeutiques grâce à l'espoir qu'il suscite,
aux socialités qu'il entraîne notamment chez les seniors.
Loteries, casinos, hippodromes font partie en outre du patrimoine ludique
national.
La France a besoin d'une politique des jeux ambitieuse qui soit en
harmonie avec la nouvelle donne politique
Le Sénat a naturellement lui aussi son mot à dire sur cette
politique des jeux même si, grâce aux rapports de François
Trucy qui coule une retraite paisible, Gérard Larcher a toujours
été soucieux des conséquences économiques, fiscale de
l’activité ludique dans les territoires, notamment en
ce qui concerne la filière hippique mais également avec les 200
communes qui accueillent un établissement de jeux. Les exploitations
casinotières qui associent jeux, restauration, spectacles,
festivals... jouent un rôle important dans l’animation locale et
les grands casinos resort associés à de
l’hôtellerie haut de gamme attirent une clientèle
internationale notamment pendant la période estivale. Les locataires
du Palais du Luxembourg savent également que les 44 700 points de
vente ludiques de proximité participent quotidiennement à la vie
sociale de nos villes, quartiers et campagnes. Que serait la France sans
ses Bar PMU populaires et cosmopolites ?
La filière hippique (qui « hâte le pas en Chine » suite
« au geste diplomatique et d’amitié » d’Emmanuel
Macron qui a offert un hongre de la garde républicaine au
Président Xi Jinping) fait rayonner la France dans le monde (Grands
Prix, ventes de yearlings) Mais que serait cette filière sans ses 6,5
millions de turfistes qu’une mesure liberticide voudrait identifier ?
La France a désormais besoin d'une politique des jeux ambitieuse aussi
bien pour préserver son riche patrimoine ludique mais également
pour rapporter des devises et faire rayonner la France à
l’international. Une belle opportunité a été
manquée avec l'implantation d'un casino à Paris. Certes, on ne
s’attendait pas à ce que la première femme maire de Paris
devienne le « Kirk Kerkorian de la capitale ». Mais la
successeuse de Bertrand Delanoë aurait pu abandonner un instant sa
position idéologique sur les jeux pour étudier sérieusement
le dossier, Paris étant - comme l’a précisé
Jean-Pierre Duport -
« la seule capitale européenne à ne pas
avoir
de casino, avec Rome »
.Un casino à Paris, l’affaire aurait fait grand bruit dans le
reste du monde. Un casino made in Paris serait devenu un casino
international prestigieux, peut être l’un des premiers au Monde
vu l’attractivité de la capitale et la présence de «
quelques » visiteurs ( chinois, asiatiques, américains, russes
…... ) qui ne viennent pas les poches vides quand ils
fréquentent la capitale pour le tourisme et les affaires.
Les millions de chinois qui visitent notre pays (2,2 en 2015 )
représentaient une cible particulièrement attractive pour un
futur casino parisien. Ils dépensent actuellement 3500 euros mais une
innovation leur permet désormais de flamber beaucoup plus en toute
sécurité et sans transporter de cash. Aliplay, filiale Alibaba, a
lancé il y a quelques mois une application Smartphone leur permettant
de dépenser jusqu’à 30 000 euros quand ils voyagent à
l’étranger .Pour un projet aussi ambitieux un rapprochement
Paris/Las Vegas était dans l’ordre des choses. Un partenariat
aurait pu rapidement s’engagé entre Anne Hidalgo, Carolyn
Goodman (maire de Las-Vegas) et les grands groupes américains (Caesar
Entertainment, MGM, Las Vegas Sands...) pour exploiter la symbolique des
deux villes. Un
« package ludico-festif et historico-culturel Las Vegas/Paris
» étant susceptible de séduire de nombreux américains
qui adorent la France et Paris et sont souvent de grands flambeurs.
La France a besoin de grands projets ludiques et festifs porteurs
d’avenir. Chacun se souvient du Parc Disney qui avait de nombreux
détracteurs dès sa création en 1987. 26 ans après les
résultats sont là. Première destination touristiques
européenne Disney Land Paris a attiré 320 millions de visiteurs
depuis 1992. Il représente 6,2% des recettes touristiques, 16 OOO
emplois. Bob Iger, le PDG de Disney, qui vient de déjeuner avec
Emmanuel Macron a annoncé un nouveau plan d’investissement de 2
milliards d’euros qui générera un cercle vertueux de
plusieurs milliers d’emplois. Si ces grands projets ludico-festifs ne
se font pas en France ils se feront dans d’autres pays européens
( par exemple en Espagne)
États Généraux du gambling"
Alors que le gouvernement s'apprête à ouvrir le capital de la
Française des jeux- privatisation sur laquelle les Français sont
« réservés » d’après un sondage publié
dernièrement dans Les Échos (6 ) - la représentation
nationale doit dépasser les a priori qu’elle a parfois sur les
jeux d’argent pour rebattre les cartes de ce dossier qui concerne
plusieurs millions de nos concitoyens. Mais si nous invitons
députés et sénateurs à mettre en place des "États
Généraux du gambling". ( 7 ) ce n’est pas simplement pour
que les acteurs traditionnels du champ ludique (opérateurs,
autorités de tutelles, haut fonctionnaires, police des jeux,
chercheurs spécialisés et pas seulement les addictologues,
psychiatre, psychologues
qui veulent médicaliser toutes les passions des
Français…)
viennent colloquer à la Maison de la Chimie, en présence
d’un Ministre annoncé… qui ne viendra pas comme souvent
mais sera représenté.
Si nous pensons que la France a désormais besoin d'une politique des
jeux ambitieuse qui soit en harmonie de la nouvelle donne nationale ce
n’est pas uniquement pour que Tyché et Fortuna dialoguent avec
« Jupiter » comme dans le cas du Loto du patrimoine voulu par le
Président Macron. Chercheurs spécialisés et pas seulement
les addictologues, psychiatre, psychologues
qui veulent médicaliser toutes les passions des Français et
notamment celle des joueurs
doivent intervenir dans ce débat. La société civile
également et notamment les joueurs -1° parti de France ! - qui
finance totalement ce secteur. Les JHA et la Politique Des Jeux de la
France ne sauraient être kinappés par quelques technocrates
stationnés à Bercy ou au Ministère de la Santé ou dans
d’autres instances et commissions ou par des addictologues qui
cherchent des relais de croissance ou des associations qui font du chantage à l’addiction pour obtenir des subventions.
JP Martignoni, Lyon, juillet 2018
____________
Notes
1.
JP Martignoni-Hutin : « ORGIE DE VIOLENCE A LA TELEVISION = UN CONSEIL
SUPERIEUR DE L’AUDIOVISUEL IMPUISSANT, UNE CLASSE POLITIQUE
COMPLICE PAR SON SILENCE = Une télévision sadique préfasciste qui habitue les citoyens – et notamment les
enfants et les adolescents - à la violence » (17 pages, novembre 2017)
2.
JP Martignoni-Hutin : TELEVISION, « VOYAGE AU BOUT DE LA CENSURE
« : La chaine C8 groupe Canal + censure dans une pudibonderie
d’un autre âge, une émission pour noctambules Voyage au bout de la nuit (VBN) qui conjugue littérature,
charme & féminité dans une tradition pourtant bien
Française ». (21 pages, 3 encadrés, 4 annexes, 2018)
3. Jeanne Etiemble,2° présidente de l’Observatoire des
jeux, a coordonné en 2008 le groupe
d’expertise sur l’étude «
« Jeux de hasard et d'argent. Contextes et addictions »;Le
1° Président était Charles Coppolani qui est pour le
moment directeur de l’ARJEL, pendant deux ans il a cumulé
les deux fonctions, Président de l’Observatoire des jeux,
Directeur de l’ARJEL, le conflit d’intérêt la
aussi était évident mais l’AFP et les médias ne
faisant pas leur travail c’est passé comme une lettre à
la poste.
4.
JP Martignoni-Hutin : « Les jeux d’argent : un impôt
démocratique » :
Les loteries, casinos et jeux à gratter ont mauvaise presse. Ils
permettent pourtant à l’État de se financer. Un
État bien hypocrite et qui aurait tout à gagner à revoir
sa politique en la matière.
( Les Échos, 30 décembre 2016)
5.
Florence Weber, » le travail d’à côté, une
ethnographie des perceptions » ( Paris, École des hautes
études en sciences sociales, 2009). F. Weber rapporte dans cet
ouvrage que le « gout du hasard » qu’elle a
constaté en milieu ouvrier est perçue comme « une force
égalitaire ».
6.
« Privatisation d’ADP et de la FDJ : les Français
réservés « (Les Échos du 20 mars 2018, pages 1,4)
7.
JP Martignoni-Hutin « Pour des États Généraux du
gambling »(1) Lettre aux députés et aux sénateurs
» (mars 2018, 6 pages, 6 notes, 3 annexes ) ( publié sur
casinos.org 22/3/2018, casino légal France du 23/3/2018)
© jpg martignoni-hutin, sociologue, université Lumière,
lyon II, centre max weber(cmw) équipe TIPO, Lyon, France, juillet
2018