Avec un technique vieille comme le monde, cet accro au jeu a volé des jetons avant de se faire prendre. Le tribunal sera intraitable.
Combien de joueurs ont-ils tenté de soutirer quelques jetons dans les casinos à l’aide de méthodes peu honnêtes? Toutefois, tricher n’a pas servi à grand-chose à un Turinois quinquagénaire peu scrupuleux…
Il croyait duper les croupiers et caméras de sécurité du "Sun Casino" avec une supercherie connue et risquée: l’empalmage.
Méthode pas très inventive et surtout suffisante pour éveiller les soupçons… Elle consiste à déposer un jeton sur le tapis vert et en récupérer d’autres au retour avec la même main grâce à un ruban adhésif double face dissimulé dans la paume.
Pourquoi cet ouvrier du bâtiment a-t-il pris autant de risques dans la nuit du 18 au 19 juillet dernier?
L’addiction au jeu, d’une part, et la motivation financière afin de se refaire d’autre part, pour un maigre "gain" de 525 euros qu’il a dû restituer une fois confondu!
Au final, ce natif de Catane aura surtout décroché une comparution, menottée, à l’audience de flagrance et une peine de deux mois d’emprisonnement assortie du sursis. Drôle de jackpot!
D’emblée, son conseil a évoqué la nullité sur la garde à vue en estimant qu’une partie des droits du prévenu n’avait pas été respectée. Condition acceptée par le tribunal correctionnel qui a donc réentendu les déclarations de l’intéressé à l’audience.
Le président Florestan Bellinzona, dans son rappel du processus de dissimulation, a fait état des dix-sept jetons dérobés à 25 euros l’unité et un autre d’une valeur de 100 euros.
"Vous avez reconnu les faits devant le commissaire spécial de la SBM, poursuit le magistrat. Pourtant, vous êtes interdit de casino et vous avez été condamné, il y a dix ans pour la même infraction. Votre casier français comporte également deux mentions, toujours pour des délits identiques."
"J’AI LA MALADIE DU JEU!"
Dans sa réponse, le ressortissant italien met en exergue sa pathologie: "J’ai la maladie du jeu! Je ne m’en rends même pas compte. J’étais venu à Monaco pour jouer… Comme j’ai perdu, j’ai eu la tentation de voler… Cette addiction a causé mon divorce. J’ai même une montagne de dettes. J’ai bien essayé de me faire soigner, sans jamais guérir!" Le président note que le détenu, au moment des faits, avait 410 euros dans ses poches. "C’est vrai, c’est l’argent récupéré au moment du change. En clair, à chaque mise de 5 euros, je ramenais 25 euros…"
Inutile de tergiverser pour le magistrat: "Vous étiez venu au casino en Principauté pour voler!"
Le coupable réfute toute intention du genre. "Je jouais avec l’espoir de gagner. Alors, j’ai collé le ruban adhésif quand j’ai remarqué qu’un client jetait sur la table des jetons de cette valeur…" Une sorte de défi au destin? "Vous savez que les casinos sont équipés de caméras", rétorque le juge! "Je ne sais pas quoi dire… C’est la faute…" Mais comment le prévenu, frappé d’une interdiction européenne de casinos, a-t-il pu pénétrer dans l’établissement de l’avenue des Spélugues?
"C’est parce que l’on ne demande rien à Monte-Carlo", assure-t-il.
Le procureur général adjoint Hervé Poinot se devait de réagir à cette assertion. "Avec cette comparution en flagrant délit, Monaco répond fermement à cette conduite problématique. Cet homme, incarcéré pour des faits de même nature en Italie et en Allemagne, est aussi mauvais joueur que mauvais voleur. Une mesure de refoulement lui a d’ores et déjà été notifiée et s’il devait revenir sur le territoire monégasque, il serait automatiquement en infraction. Condamnez-le à six mois de prison assortis du sursis…"
La défense remet aussitôt sur le tapis le problème de la SBM. "Elle a l’obligation d’identifier le client, clame Me Thomas Brezzo. C’est une des mesures capitales de notre système anti-blanchiment. La carence d’un tel contrôle conduit à la problématique évoquée. Car mon client a conscience de ses difficultés et en étant laxiste sur la vérification d’identité, on ne fait que conforter son addiction. Les sommes volées sont sans préjudice et avec les mesures requises par le procureur général la récidive devrait être nulle…"
Le tribunal optera pour une peine moindre: deux mois avec sursis.
(source :
nicemati
n.com/JEA
n-MARIE FIORUCCI)