Habitués , par tradition, à un lobbying discret, les propriétaires de casinos ont décidé, pour une fois, de donner publiquement de la voix. Réunis sous la bannière de leur syndicat professionnel, "Casinos de France", les groupes Accor-Casinos, Barrière, Cogit, Didot-Bottin, tranchant, ainsi que quelques indépendants se sont retrouvés, mercredi 9 juin, pour dénoncer la pression fiscale accrue qui frappe, selon eux, la profession. Ensemble, ils représentent plus de 50 % du produit total des jeux de casinos - 2,54 milliards d'euros. Ils souhaitent faire pression sur les pouvoirs publics afin de les inciter à poursuivre les mesures de "simplification, de clarification et d'adaptation de la réglementation", engagées par le précédent ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy.
"En dix ans, la part des prélèvements de l'Etat et des communes est passé de 45,2 % à 55,25 % du produit total des jeux, soit un accroissement de 1 point par an", relève Georges tranchant, patron du groupe de casinos éponyme. "Nous avons sept impôts et taxes différents", renchéri Joël Mingasson, président du syndicat professionnel et président du directoire d'Accor-Casinos "et là, sans avoir été alerté, on vient d'apprendre par la presse que la CSG allait être augmentée de 2 points, soit un surcoût de 28 millions d'euros pour la profession !"
LE SYNDICAT PLAIDE POUR UN IMPÔT UNIQUE
"Nous exerçons un métier au sein duquel les règles fiscales et sociales ne cessent de changer alors que les opérateurs économiques restent. Il est nécessaire que cela se stabilise", explique M. tranchant. "Nous avons créé 10 000 emplois en dix ans et nous employons aujourd'hui 17 000 personnes dans les 183 casinos français. Nous avons maintenu l'emploi en dépit du déclin des jeux de table",ajoute M. tranchant qui reconnaît qu'il "préfère, à contre-cœur, se tourner vers l'étranger quand il s'agit d'investir puisque la fiscalité est moins oppressante, que ce soit en Suisse ou en République Dominicaine".
Le syndicat plaide donc pour un impôt unique qui lui permettra de construire un "modèle économique" qui ne soit pas caduc au premier changement de fiscalité. Casinos de France redoute également une hausse de la CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale). Selon ses calculs 1 point de CRDS représente 130 millions d'euros de charges supplémentaires.
D'autres dossiers restent sans réponse de la part des pouvoirs publics. Les casinos s'inquiètent d'une demande fléchissante et voudraient pouvoir proposer de nouveaux jeux, dont les jeux en ligne. La profession ne veut pas rater le train de l'Internet, d'autant que le PMU et la Française des jeux y sont déjà. Elle est prête pour cela à accepter la même fiscalité sur Internet que dans les casinos. Dans un livre blanc adressé au ministère de l'intérieur, Casinos de France explique sa position et ses vœux. Le livre est resté sans réponse...
(source : lemonde.fr/François Bostnavaron)