Le groupe de casinos et d'hôtellerie a renégocié 370 millions d'euros de financements, dont un placement privé de 90 millions qui constitue sa première opération désintermédiée.
Jetons, roulettes et machines à sous... Pour Barrière, qui détient 34 casinos (dont 28 en France) et 18 hôtels, l'accès direct aux investisseurs n'était pas forcément garanti. Pourtant, le groupe a su convaincre : il a récemment levé un placement privé européen, dit « EuroPP », de 90 millions d'euros.
En réalité, ce placement s'est inscrit dans une opération de refinancement plus large de sa dette. « Jusqu'à cette opération, notre financement était essentiellement bancaire. Outre des crédits classiques, nous avions un crédit-bail immobilier, suite à une opération de 'sale and lease back', d'environ 100 millions d'euros, contractée en 2010 et amortissable sur douze ans », indique Philippe Perrot, directeur général des métiers support et directeur financier du groupe, qui affiche aujourd'hui un chiffre d'affaires de 1,17 milliard d'euros. négociée en 2013, la dette bancaire arrivait à échéance début 2018. Les objectifs du groupe étaient donc multiples. « nous souhaitions remplacer ce financement bancaire, mais aussi diversifier nos sources de financement, allonger notre maturité et améliorer notre taux moyen », explique Philippe Perrot.
Sonder le marché
La négociation, menée avec les établissements financiers au dernier trimestre 2017, conduit finalement un nouveau financement de 240 millions, auprès d'un pool bancaire réduit de 7 à 4 établissements. « Cette nouvelle répartition des financements est plus juste : nous sommes aujourd'hui financés par nos banques de flux », indique Philippe Perrot. « Outre une tranche amortissable à cinq ans de 140 millions d'euros, nous disposons d'une ligne in fine de 100 millions, à cinq ans également, disponible et tirable à tout moment en fonction de nos besoins, pour financer notamment une éventuelle opération de croissance externe. » Le groupe a par ailleurs négocié un prêt revolving bilatéral de 40 millions, pour financer ses besoins de fonds de roulement.
La mise en place parallèle de l'EuroPP a permis d'étaler les échéances. En effet, une première tranche, de 15 millions d'euros à six ans, devra être remboursée en 2024, une tranche de 75 millions à sept ans en 2025, tandis que les 100 millions de prêt bancaire devront être remboursés en 2023. Surtout, le groupe a pu sonder le marché sur son profil de risque. « nous redoutions une réticence des investisseurs face au secteur d'activité des jeux d'argent », reconnaît Philippe Perrot. En réalité, l'accueil est très bon. « notre modèle économique a fait ses preuves et nous avons convaincu par notre politique de jeu responsable, nos engagements en matière de RSE et nos process anti-blanchiment », explique-t-il.
Une enveloppe plus grosse que prévu
Après un rapide roadshow, cinq investisseurs institutionnels ont choisi d'accompagner le groupe. A tel point que l'enveloppe, prévue à l'origine pour 80 millions d'euros, est revue à la hausse. « nous avons été agréablement surpris, non seulement par l'accueil des investisseurs, mais aussi par la facilité de mise en place du placement privé : le marché est aujourd'hui rodé, les intervenants sont très professionnels et la documentation, qui s'appuie sur celle des banques, est simple et facile à mettre en oeuvre. Lancée en novembre, l'opération a pu être bouclée début 2018 », indique Philippe Perrot.
Grâce à un bon timing, le groupe Barrière a nettement amélioré son taux de financement, qui s'affiche désormais aux environs de 1,5 %. Et il s'est affranchi du risque de taux. Surtout, il a ainsi trouvé de nouveaux financeurs prêts à parier, si besoin, sur de nouveaux projets de développement.
(source : lesechos.fr/Cécile Desjardi
ns)