Ils avaient trouvé un moyen de tricher en jouant sur un modèle de roulette électronique dans les casinos, dont celui d'Enghien-les-Bains (Val-d'Oise). Treize escrocs présumés ont été arrêtés.
En remplaçant croupiers et jetons par des roulettes électroniques et des tapis digitaux, les casinotiers pensaient en avoir fini avec la triche. Mais c'était oublier un peu vite que si l'homme est vulnérable, la machine est parfois aussi faillible. Depuis quelques mois, un gang de joueurs avait trouvé une astuce pour dérégler le mécanisme bien huilé de la machine et gruger les casinos.
Treize tricheurs présumés dont une femme ont été placés en garde à vue mardi dans les locaux de la police des jeux de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Tous devaient être déférés ce jeudi matin devant le parquet de Pontoise (Val-d'Oise) pour escroquerie en bande organisée. Une enquête préliminaire avait été ouverte au printemps dernier par le parquet. Au total, une quinzaine de casinos en France dont celui d'Enghien-les-Bains, le plus lucratif d'entre eux, ont été victimes de ces escrocs présumés, âgés entre 20 et 35 ans et issus de plusieurs cités d'Ile-de-France. Le préjudice des casinotiers, reconstitué par les enquêteurs à partir de probabilités mathématiques, se situe autour de 700 000 €.
Une faille dans la sécurité
La roulette anglaise électronique (RAE) remporte depuis son entrée dans les casinos, en 2013-2014, un franc succès, notamment auprès du public le plus jeune, adepte de tablettes et jeux électroniques. La RAE prend la forme d'une roulette automatique sous cloche entourée de six à vingt et un sièges, selon les machines. Devant chaque siège est installé un écran digital permettant au joueur non seulement d'effectuer les mises mais aussi de suivre en direct le lancement de la bille, les résultats de la roulette et leur historique.
Les tricheurs avaient trouvé une faille sur la marque de roulettes novomatic, probablement révélée par un technicien, selon une source proche du dossier. Ils actionnaient une manette située en dessous de la table et réservée à la maintenance. Cela permettait d'éteindre la roulette et ainsi d'annuler les mises. Il suffisait au gang de s'installer à la même table et d'attendre le résultat du lancement de la bille. En cas de perte, la machine était systématiquement «tiltée». C'est le casino d'Enghien, où les escrocs avaient établi leur principal terrain de jeu, qui a découvert la supercherie en mai dernier, soit après deux mois de triche intensive de la part de la petite bande. Les gains ne correspondaient pas à la redistribution habituelle de la machine. Le casino d'Enghien a donc porté plainte, non sans avoir repéré sur les vidéosurveillances un homme, la main cachée par un sac à dos, qui enclenchait la fameuse manette.
Six mois d'enquête
« nos moyens de surveillance ont montré leur efficacité, constate le directeur général du casino d'Enghien, pourvu de quatre roulettes anglaises électroniques, soit 67 postes. Dans les casinos, les tricheurs finissent toujours par se faire prendre. Tout est filmé, enregistré, et les joueurs montrent leur carte d'identité à l'entrée » poursuit-il.
Il a cependant fallu six mois aux enquêteurs de la police des jeux pour démanteler le gang, qui a écumé toute la France en s'attelant toujours à la même marque de roulettes. Un message d'alerte avait été transmis à tous les établissements concernés. Et l'un d'eux a donné l'alerte. Les treize joueurs ont été interpellés à leurs domiciles, faisant mentir l'adage selon lequel le nombre 13 porte chance aux jeux.
(source : leparisie
n.fr/Jea
n-Michel Décugis)