LAS-VEGAS MEURTRI
	
	JPG. MARTIGNONI-HUTIN
	Sociologue
	(Lyon - France)
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	5 octobre 2017
	
	
	Nous ne pouvions rester silencieux face au massacre de Las-Vegas - la ville
	du jeu et des casinos - et nous souhaitions exprimer notre solidarité
	aux familles des 59 victimes assassinées par un fasciste qui,
	même s'il n'a sans doute rien à voir avec le groupe islamiste
	Daesh (1), emploie les mêmes méthodes.
	Nous voulions également - nous n'avons pas la mémoire courte -
	souligner notre solidarité avec l'Amérique, avec son
	Président élu que ça plaise ou non et avec le peuple
	américain, qui a souvent versé son sang pour notre liberté,
	notamment dans la lutte contre le nazisme. Au passage, plutôt que de
	chercher d'improbables motivations dans la biographie de cet assassin ou
	d'ouvrir un débat réducteur sur le business des armes aux ETUN,
	« nous » ( mais aussi les hommes politiques, les médias..)
	ferions mieux de nous interroger sur la violence sadienne commune à
	ces meurtriers (de l'assassin qui tue un petit vieux ou une jeune fille
	après l'avoir violée, au sérial killer, pour aboutir aux
	meurtres de masse, aux génocides, à l'islamo-fascisme: Shoah,
	Rwanda, Pol Pot, Daesh)
	Le fait que cette tuerie se soit déroulée à Vegas, la ville
	de l'amusement, du jeu, des spectacles… lui donne un caractère
	symbolique et on peut comprendre que Daesh ait immédiatement
	instrumentalisé ce massacre « d'infidèles » qui
	écoutaient de la musique country, qu'il aurait pu lui-même
	perpétré.
	Sin city
	représente tout ce que les islamo-fascistes détestent : les jeux
	d'argent, le sexe, l'amusement, les loisirs, la distraction, les
	spectacles, le fun… bref une certaine idée de la liberté
	qu'il nous faut défendre, notamment ( mais pas seulement) en Occident,
	même si nous ne la partageons pas complètement.
	Sur le terrain du gambling les ETUN ont une histoire riche et
	singulière. C'est le pays qui a permis à Charly Fey - l'inventeur
	des machines à sous - de populariser son célèbre «
	bandit-manchot ». Machine diabolique mais qui engage la
	responsabilité du joueur et l' invite « à prendre sa vie en
	main ». « L'Amérique ludique » c'est fondamentalement
	le pays qui a construit en plein désert du Nevada - il fallait y
	penser, il fallait oser le faire - un temple babylonien consacré au
	jeu : Las-Vegas.
	Certes, l'histoire de cette ville comporte sa dose de violences et de
	corruptions, racontée par les journalistes Sally Denton & Roger
Morris dans leur ouvrage	« argent, pouvoir, corruption ou le modèle de Las Vegas
	« (2) et par Martin Scorsese dans son célèbre film avec
	Robert de Niro : Casino (3) Mais avec la fin de la prohibition, la
	légalité du commerce du jeu devenu industrie, cette ville - ou
	Bugsy Siegel a construit son célèbre Flamingo - a pu se
	débarrasser de ses « démons mafieux »
	Alors on aime ou on aime pas  la cité du péché, qui
	fascine et dans le même temps effraie mais qui n'en reste pas moins le
	symbole d'une « hyper Amérique » qui n'a peur de rien et se
	reconstruit sans cesse, à l'image d'autres grandes métropoles
	américaines et notamment de la « grande pomme » (New-York)
	ou de la « cité des anges » (Los-Angeles) (4) Souhaitons
	qu'il en soit de même pour Las-Vegas meurtri par ce massacre
	abominable, qui n'est pas un simple fait divers et donne à voir des
	fragilités de nos sociétés contemporaines, au delà de
	la question des armes aux ETUN et de l'histoire américaine.
	Certes, le « pays de l'Oncle Sam » nous a souvent ( et depuis
	longtemps ne nous mentons pas) surpris par ses paradoxes, pour ne pas dire
	ses contradictions et antinomies, et cela dans de nombreux domaines :
	violence, arme, drogue, nourriture, obésité, religiosité,
	système de vote archaïque, philanthropie sur fond de richesse et
	de pauvreté, scandales immobiliers & financiers (crise des
	subprimes - prêts hypothécaires à risque - qui a
	déclenché une crise financière mondiale de 2007 à 2011,
	affaire Madoff… ) que la planète entière doit ensuite
	supporter.
	Mais dans le même temps, ce grand peuple et cet immense pays ont
	toujours su - ne nous mentons pas - nous séduire par ses grands
	hommes, sa culture, ses produits, sa musique, son cinéma, son
	territoire, ses villes… sa liberté, son patriotisme, son
	histoire, sa générosité, son énergie, ses rêves
	les plus fous (conquête de l'espace)….
	A cause de cet ambivalence nous devons, certes conserver notre regard
	critique à l'égard des USA, mais nous devons avant tout rester
	solidaire avec « l'ami américain », notamment quand il
	traverse des épreuves sanglantes. Massacre d'innocents que nous
	connaissons également à travers l'islamo-fascisme de Daesh et ses
	loups solitaires, que nous devrons tous éradiquer de la manière
	la plus impitoyable, car il en va de la survie de notre « douce
	France, cher pays de mon enfance… »
	Au final, même si Las Vegas n'est plus la capitale du jeu,
	détrônée par Macao l'enfer du jeu (5) depuis
	plusieurs années grâce à Stanley HO (6) elle en reste la
	Mecque, la ville emblématique et mythique. Nous nous devions
	d'afficher notre solidarité avec cette cité et surtout avec les
	familles entourages des victimes, à qui nous adressons nos
	condoléances.
	« Viva Las Vegas ! « ( 7)
	
		© jpg martignoni-hutin, sociologue, université Lumière,
		lyon II, centre max weber(cmw) équipe TIPO, Lyon, France, octobre
		2017
	
	
	1. « Fusillade de Las Vegas : le FBI ne cautionne pas la piste
	terroriste »LES ECHOS.fr , 2/10/2017)
	2. Sally Denton & Roger Morris : « Une hyper Amérique :
	argent, pouvoir, corruption ou le modèle de Las Vegas « ( Edi.
	Autrement frontières, 2001/2005, 537 pages)
	3. Ce film sorti en 1995 est une adaptation du livre du journaliste
	Nicholas Pileggi : Casino: Love and Honor in Las Vegas.
4. Sur Los Angeles ( L.A.) lire : Mike Davis : «	City of quartz : Los Angeles capitale du futur » ( La
	découverte, 1997) et le remarquable ouvrage de Cynthia Ghorra Gobin
	consacré à L.A. : « Los Angeles : le mythe américain
	inachevé » ( CNRS éditions, 1997)
	5. 
	www.igamingfrance.com
	: « Macao pèse quatre fois plus lourd que Las Vegas » ( 7
	janvier 2011)
	
		En 2013 les casinos de Macao ont engrangé 45 milliards de dollars
		7 fois plus que Las Vegas
	
	
	6. Confer : « Macao : nouvel enfer du jeu « : sous l'impulsion
	des américains, la métropole chinoise a décroché le
	jackpot des casinos pour le plus grand bénéfice de Pékin.
	Toutes l'asie est aujourd'hui saisie par cette fièvre « ( JM
	Hosatte, VSD n°1744, 27 janvier , 2 février 2011, pp 43-47)
	Après quelques années de crise le dynamisme de Macao est reparti
	de plus belle sous la houlette Lawrence Ho, fils de la légende des
	casinos macanais Stanley HO. Après s'être implanté aux
	Philippine et en Russie, Lawrence HO prépare actuellement son
	arrivée au Japon ou les casinos ont été légalisés
	en décembre 2016 ( confer Le Point/AFP (Honk-Kong) du 1/10/2017 :
	
		« Le magnat des casinos de Macao Lawrence HO lorgne le nouveau
		marché japonais «
	
	( repris dans les casinos.org du 2 octobre 2017)
	7. « Viva Las Vegas » titre d'un dossier que le Parisien a
	consacré à cette ville (22 février 2015, pp II, III)
	réalisé par Aymeric RENOU ou il précise
	
		« on peut visiter Las Vegas sans succomber au démon du jeu et
		y laisser sa chemise. Car malgré les apparences on n'est pas
		obligé de fréquenter que les machines à sous »
	
	Toutes les astuces pratiques pour bien organiser son voyage dans cette
	ville jeu sont données dans ce dossier week-end d'Aujourd'hui en
	France.