paris - Le jeu vidéo est-il l'avenir du casino ? Un an après avoir lancé sa première application pour téléphone mobile, le groupe Barrière prépare un nouveau jeu aux ambitions mondiales pour fin 2018, avec l'objectif de toucher une clientèle plus jeune.
Le leader français des casinos a annoncé ce mois-ci le rachat de Nolaroads, petite agence parisienne de création digitale avec laquelle il avait lancé en octobre 2016 son offre de jeu mobile, sorte de machine à sous de poche.
"Les gens cherchent du rêve, ils cherchent à sortir de leur quotidien", explique Sylvie Joly, directrice marketing des casinos Barrière. Et, selon elle, "le jeu, activité humaine qui date de la préhistoire, a beaucoup d'avenir" parce qu'il répond à ce besoin.
Mais il évolue en permanence. Aujourd'hui, le marché en croissance est le jeu vidéo. "75% des Français déclarent jouer aux jeux vidéo. Dans les générations futures, ce sera 100%", souligne Mme Joly qui voit le jeu sur mobile comme une opportunité pour "étendre l'expérience casino à un public plus jeune".
Le montant du rachat de Nolaroads n'a pas été dévoilé mais l'acquisition de 60% des parts de cette agence de 22 salariés représente sans doute une faible mise pour la marque Barrière et son 1,16 milliard d'euros de chiffre d'affaires enregistré l'an passé. Non coté en Bourse, le groupe présidé par Dominique Desseigne, à l'actionnariat majoritairement familial, ne publie pas ses bénéfices.
L'application mobile "Barrière Poket Casino" revisite la machine à sous classique et ses combinaisons de symboles à obtenir en faisant tourner des rouleaux. Elle exploite le modèle économique des jeux "gratuits" comme le célèbre Clash Royal du studio finlandais Supercell.
Contrairement au casino classique, on ne mise donc pas d'argent mais le joueur est incité à réaliser de petits paiements, quelques dizaines de centimes ou quelques euros, qui augmenteront ses possibilités. Au pur verdict du hasard se mêlent des options de stratégie. Pas de jackpot à espérer, mais des lots comme des boissons, des repas ou des places de spectacle dans les établissements du groupe.
- Compétitions de e-sport -
Avec ce modèle de micro-transactions, "il faut avoir beaucoup de joueurs donc il faut avoir un très bon jeu", explique Mme Joly.
Elle souligne que le prochain lancement fin 2018 aura une ambition "mondiale" et tire un bilan positif du premier lancement qui a suscité 40.000 téléchargements en un an... A des années-lumière bien sûr de Clash Royal et ses dizaines de millions de joueurs actifs.
Les revenus ne sont pour l'heure pas significatifs dans les comptes d'un groupe qui tire plus de 72% de ses recettes des quelque 10 millions d'entrées annuelles dans ses 33 casinos. Ces établissements vivent essentiellement des vraies machines à sous programmées pour restituer en moyenne aux joueurs un peu plus de 90% des sommes misées (plus de la moitié des bénéfices étant reversés à l'Etat).
Si l'activité des casinos est en légère croissance ces dernières années, elle reste inférieure de 20% à ce qu'elle était en 2007, après avoir subi un net recul lié à l'interdiction de fumer et aux contrôles d'identité obligatoires à l'entrée.
"La logique de cet investissement est d'aller toucher une part de la population jeune qui n'a pas forcément le réflexe d'aller dans les casinos", confirme un analyste du secteur, sous couvert d'anonymat. La moyenne d'âge des joueurs qui fréquentent les casinos est de 42 ans.
Dans cette même logique, Barrière accueille depuis deux ans des compétitions de e-sport qui attirent des spectateurs de 20 à 25 ans, dans son casino de Lille.
Mais le jeu sur mobile est aussi un sujet de notoriété et d'image, reconnaît-on chez Barrière.
Plus largement, c'est un maillon de la transformation numérique, qui modifie la relation avec le client en permettant des offres plus ciblées, et un outil de fidélisation. Les "3% de nos clients" qui ont téléchargé l'application "sont plus fidèles à la marque, viennent plus et dépensent plus" dans nos établissements, souligne Mme Joly.
(source : romandie.com/AFP)