Le Seven Casino s’apprête à mettre les petits plats dans les grands pour fêter son septième anniversaire, du 1er au 7 juillet. L’occasion de dresser avec Gaël Philippe, l’un deux directeurs généraux avec Nicolas Boucard, un état des lieux et de se projeter sur l’avenir. Entretien.
Depuis 2013, il est le gardien du temple du jeu amnévillois en lieu et place de Christophe Schanne. Quadragénaire, classe dans sa chemise blanche et costume noir, le Normand Gaël Philippe n’a pas connu qu’un long fleuve tranquille depuis son arrivée. Notamment à cause de la loi sur le tabac et la réglementation des jeux. Après quelques années un peu plus creuses, l’établissement qui appartient au groupe Tranchant relève la tête et retrouve des couleurs. Le directeur général en charge de la restauration, des concerts, des relations avec la mairie et l’office de tourisme se veut même optimiste.
A votre arrivée il y a quatre ans, le Seven Casino perdait chaque année 6% de sa clientèle. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Le Seven Casino est le quatrième casino de France, ex æquo avec celui de Blotzheim (Haut-Rhin) du groupe Barrière, avec un produit brut des jeux de 43 319 000 €. A mon arrivée, il occupait la troisième marche du podium. Ce qui a été le cas jusqu’en 2015, année où nous avons rétrogradé à la sixième place. Pourquoi ce recul ? Des grandes villes, aux bassins de population énormes comme Lille, Toulouse ou Bordeaux, ont pu exploiter leur casino. Nous avons néanmoins gagné deux rangs l’an dernier.
Le Seven Casino demeure le premier de France avec près de 800 000 entrées par an. C’est également le premier en superficie avec 9 000m², dont 7 000 réservés à l’espace de jeux et le plus gros du groupe Tranchant.
Vous aviez déclaré lors de votre arrivée : « il faut montrer aux gens que le casino, ce n’est pas que le jeu. »
Je ne suis pas comme les politiciens, je n’ai pas changé de programme (rires). Toutes les catégories socioprofessionnelles et d’âges se retrouvent au Seven Casino pour quatre raisons. Premièrement pour rencontrer des gens. Deuxièmement pour passer du temps. Troisièmement pour se divertir. Et seulement en quatrième pour gagner de l’argent. Cette idée longtemps reçue est aujourd’hui complètement désuète.
Le matin, les visiteurs sont essentiellement des seniors qui ont de l’argent. Le soir, davantage des jeunes. Le samedi soir, nous faisons 4 000 entrées et c’est un peu tout le monde qui vient. Certains vont assister à un concert ou à une animation. D’autres vont siroter un jus au bar à cocktails ou vont jouer aux machines à sous. Tout le monde peut trouver son compte ici. Et la diversité est notre grande force.
Le Seven Casino s’apprête à souffler ses sept bougies. Que représente finalement
cet anniversaire ?
Cette date anniversaire est très spéciale pour nous puisque le chiffre 7 est le porte-bonheur des joueurs. C’est également le chiffre emblématique des casinos américains. Celui d’Amnéville a été construit sur celui de Las Vegas. Et puis on ne dit plus Seven Casino, mais le Seven ! On a par exemple créé « le Seven Business » afin de promouvoir les banquets et les séminaires.
Il y a 4 temps forts pour cet anniversaire. Il y a d'abord la soirée de lancement le 29 juin à 19h sur le thème des années folles et de Gatsby Le Magnifique. Le 1er juillet, le casino s'exporte à Metz et place de la République avec le «Mettis'roulette », un jeu durant lequel on peut gagner des tas de cadeaux. Une voiture est également à gagner chaque jour du 1er au 7 juillet. L'apothéose aura lieu le 7 juillet avec une paëlla géante sur le parvis pour 600 à 700 personnes, mais surtout un concert exceptionnel «Route 80 » avec Gold, Phil Barney ou encore Sloane.
Vous avez dirigé les casinos de Saint-Pair-sur-Mer et surtout Pau ? Le Seven Casino a-t-il des spécificités ? Les visiteurs lorrains sont-ils par exemple différents des Béarnais ?
Non, les clients sont les mêmes. 90% de notre business est à 1h d'ici, que ça soit à Metz, Nancy, Thionville et le Luxembourg. Il y a un important bassin de vie dans la région, comme dans le Béarn. Il y a davantage de différences avec les casinos de station balnéaire, pour qui la principale fréquentation a lieu durant l'été avec les juilletistes et les aoûtiens. Notre meilleur mois est celui de décembre car il y a les rapprochements familiaux et les festivités autour de Nöel qui sont très importantes ici. A Pau, Noël n'a pas la même saveur.
Avez-vous des projets dans le carton ?
On cherche constamment à se renouveler, à trouver de nouvelles idées, à investir pour être à la pointe de la technologie et à surprendre le client. En 2016, nous avons restructuré les différents espaces pour favoriser le confort. Cette année, on a privilégié le septième anniversaire. Nous avons des projets structurels pour 2018, mais il est encore trop tôt pour en parler. Une chose est sûre, l'enveloppe allouée aux investissements n'a jamais baissé depuis mon arrivée.
La ville d'Amnéville a annoncé vouloir moderniser le complexe dans les prochaines années. Qu'en pensez-vous ?
Si l'on veut que le site d'Amnéville devienne LE centre de loisirs du Grand Est, il est indispensable qu'il subisse une mise à niveau afin qu'il soit plus accueillant et futuriste. Il doit à nouveau surprendre et charmer par des activités inédites qui n'existent pas ailleurs ou du moins pas dans la région. Aujourd'hui, il y a trois locomotives : le zoo, le pôle thermal et nous. Il manque sans doute un parc aquatique ou un grand événement annuel.
J'échange régulièrement avec la mairie sur la stratégie à définir. J'appartiens au conseil d'administration de l'office de tourisme et je suis vice-président du pôle thermal.Il faut vraiment donner envie à des investisseurs privés de mettre de l'argent sur des activités qui amèneront une plus-value au site. L'idée d'un Snowhall paraissait initialement complètement folle et pourtant l'on voit que ça marche.
La concurrence du casino luxembourgeois est-elle vraiment préjudiciable ?
Je suis quelqu'un qui pense que toute concurrence est bonne car ça permet d'être sous pression, de se remettre en question et de se diversifier. Le casino de Mondorf-les-Bains aura 35 ans en 2018. On ne propose pas le même produit. Cet établissement est petit, avec un bas plafond et n'a pas la même règlementation. Les spectacles sont essentiellement des Cover.
A quoi doit ressembler le Seven Casino à l'horizon 2030 pour être toujours compétitif ?
Il faudra d'abord voir l'évolution des règlementations sur les jeux d'argent en France. Pour l'instant, celle-ci se trompe de débat et nous empêche fréquemment d'avancer. Elle doit faciliter l'accès à l'innovation. On y travaille d'ailleurs avec le syndicat des casinos de France. On peut envisager de pouvoir payer par exemple avec son smartphone...
Idéalement, l'objectif est de rester dans le Top 5, mais il existe des projets de casinos dans des villes comme Nantes, Marseille et Lyon. Que se passera-t-il si Nancy et Strasbourg décident d'en créer ? Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Le Seven Casino doit en tout cas se développer au niveau des ambitions voulues et annoncées par la ville.
(source : lasemaine.fr/Arnaud DEMMERLé)