Dans la Ville rose, la municipalité veut implanter un casino dans un quartier populaire, dans la zone dévastée par l’explosion d’AZF. Un collectif se mobilise contre cette idée.
Trois ans après son élection, Philippe Douste-Blazy a rendu son écharpe de maire de Toulouse, préférant le ministère de la Santé au Capitole. Ce demi-mandat lui fut pourtant suffisant pour décider de l’implantation d’un casino sur les bords de la Garonne. Sans prendre le temps d’un véritable débat. Sans aucune étude sur les conséquences d’une telle décision. La mairie affirme que 200 à 300 emplois directs y seront créés et espère une redevance annuelle de 2 millions d’euros. La recette totale s’élèverait à 5 millions d’euros, selon la presse locale, sans que l’on sache comment ont été établis ces chiffres.
Cependant, ce n’est pas encore demain qu’on verra un tapis vert dans la Ville rose. Car la procédure, lancée en novembre 2002 par la mairie, n’est guère allée pour l’instant au-delà de la case départ. L’appel à candidatures, auquel avaient d’abord répondu dix casinotiers, a été annulé à deux reprises par le tribunal administratif, estimant qu’il n’y avait pas " équité de traitement " entre les concurrents. À chaque fois, la procédure doit donc repartir de zéro.
Pour ce troisième appel d’offres, six candidats restent en lice : les sociétés Tranchant, Moliflor, Partouche, Tahoé-Québec, Omniums-Casinos et un postulant né de la fusion entre les groupes Accor et Barrière. Le ticket Accor-Barrière est donné largement gagnant. Il se murmure même que les jeux seraient déjà faits. À moins que le troisième appel d’offres connaisse le même sort que les deux premiers.
Surtout, ce projet de casino est de plus en plus considéré comme une question de société. Et devient donc l’objet d’un débat politique. Sous l’impulsion de militants et élus communistes, un collectif contre la création d’un casino à Toulouse a vu le jour le 28 avril. Un collectif informel, susceptible de s’ouvrir au PS et aux Motivé-e-s, à tous ceux qui voient dans un tel établissement un redoutable miroir aux alouettes, qui piégerait d’abord les personnes les plus démunies, les plus désemparées. Déjà, l’emplacement choisi par la mairie a provoqué une certaine stupeur : à la place de l’ancienne école de chimie détruite par l’explosion de l’usine AZF en 2001. À moins de trois cents mètres des entreprises chimiques encore en activité. Autrement dit, le casino s’élèverait sur un site Seveso. Le lieu est aussi classé en zone inondable, car en bordure de Garonne. Le casino serait donc construit sur pilotis, ce qui lui donnerait sans doute des allures exotiques.
Le collectif du 28 avril, s’il conteste le lieu envisagé, s’oppose surtout au principe même d’un casino à Toulouse. Dès le 1er mai, des tracts étaient distribués dans la manifestation. Prochainement auront lieu des rencontres avec les habitants d’Empalot, quartier le plus exposé aux risques d’un casino avec machines à sous. Au conseil municipal, les trois élus communistes et républicains ont voté contre ce projet. L’un d’eux, Stéphane Dupraz, explique la démarche du collectif : " Nous ne sommes pas une ligue de vertu. Nous ne refusons pas le casino pour des raisons morales mais pour des raisons de santé publique. "
(source : humanite.presse.fr/Bruno Vincens)