Diego et Rocco, deux Italiens de passage à Monaco, ont comparu ce mardi matin devant le tribunal correctionnel pour avoir escroqué le Casino de Monte-Carlo grâce à la technique de «la poussette», sur le tapis vert de la roulette anglaise.
Grâce aux caméras et aux inspecteurs, rien ne va plus pour les deux sexagénaires transalpins, interdits d'établissements de jeu dans leur pays. Ils ont été condamnés respectivement à un mois de prison ferme.
LA TECHnIQUE DE «LA POUSSETTE»
Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, les deux hommes décident de satisfaire leur addiction au jeu d'argent dans les salons du prestigieux casino monégasque. Ils achètent pour quelques centaines d'euros de jetons, mais ils se retrouvent vite «à sec». Alors, ils décident de se renflouer avec la méthode frauduleuse de « la poussette ».
Une technique qui tient plus de la prestidigitation que de la supercherie.
Le principe est somme toute assez simple. C'est la raison pour laquelle elle est vite ciblée par les agents de surveillance. Sur le tapis, un des joueurs dépose deux jetons de 100 € et un troisième de 50 € sur la case de son choix. S'il gagne, il remporte trente cinq fois la mise.
Comme le hasard ne fait pas bien les choses, l'autre joueur, par une légère pichenette, déplace les jetons de la couleur de son coéquipier vers le numéro désigné par la boule. Apparaît alors la possibilité de les retrouver à cheval sur deux cases et de remporter dix-sept fois la mise.
Une arnaque qui fonctionne à la roulette anglaise où chaque joueur dispose d'une couleur de jetons attribuée et qui a permis de récupérer par tricherie 3.485 € dans cette affaire.
TRICHEURS nOTOIRES?
Le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle, très méthodique, essaie d'en savoir plus sur la complicité des deux prévenus. «Cet argent était-il uniquement destiné à vous refaire?» La réponse est un peu embrouillée, mais il ressort que les deux tricheurs n'avaient aucune intention de partager les gains, mais de les rejouer.
«Vos gestes, poursuit le magistrat, étudiés par les inspecteurs des jeux, montrent que vous échangiez quelque chose sous la table. C'était quoi?» La réponse n'est pas plus claire. Mais les deux compères refusent l'étiquette de tricheurs notoires.
Le scénario est pourtant explicite pour le procureur général Jacques Dorémieux. «Les prévenus, qui ne sont plus des jeunes gens et interdits de casinos, ont été déjà condamnés pour des infractions de jeu commises en Italie. Même s'ils n'ont pas de casiers judiciaires en France et à Monaco, une peine de quinze jours d'emprisonnement ferme s'impose.»
Toutefois, si la défense ne conteste pas la tricherie, Me Arnaud Cheynut estime «qu'elle n'atteint pas des gravités particulières. Ce n'est pas une véritable intention d'escroquer car mes clients veulent rejouer la somme ramassée. Sans partie civile, sans préjudice, préférez le sursis auquel ils sont accessibles. Le premier est invalide et le jeu est un moyen d'échapper à une vie monotone. Le second est un chef d'entreprise. Il n'a pas besoin de gagner au casino pour vivre. C'est une addiction».
Le tribunal, cependant, doublera la peine requise par le ministère public.
(source :
nicemati
n.com/ J.-M. F.)