La procédure a été déclenchée le 6 juillet par le tribunal de commerce de Perpignan, qui a autorisé la société à poursuivre son activité sur six mois. Le temps de trouver un repreneur pour échapper à la fermeture définitive.
Les jeux sont faits. Après 24 ans d’activité, la SARL Casino de Vernet-les-Bains a été placée en liquidation judiciaire le 6 juillet dernier par le tribunal de commerce de Perpignan. Une procédure assortie d’une mesure exceptionnelle de continuité de deux fois trois mois. « Cette autorisation nous permet de rester ouvert encore six mois, le temps de faire la saison et de trouver des repreneurs. C’est difficile mais tous les jours on est là et on assure le quotidien. C’est moi qui l’ai créé ce casino, j’y ai investi ma vie », confie Jean-Pierre Peyrat. Gérant historique de l’établissement de jeux, l’homme est accablé. « On a appelé au secours mais personne n’a répondu et moi tout seul je ne pouvais plus tenir la société à bout de bras, c’était devenu impossible. J’ai choisi d’arrêter de m’enfoncer. »
350 000 euros de passif
Depuis 2010, l’entreprise était en redressement judiciaire, accumulant sur la fin un passif de 350 000 euros. La faute à une fréquentation qui a lourdement chuté ces dernières années avec la crise. La faute aussi à Bercy « qui a refusé de nous geler les dettes d’État. » La faute enfin « au Parc naturel régional qui nous a rendu aveugle en nous obligeant à ôter tous nos panneaux de signalisation sur la nationale 116. Ils nous amenaient du monde », regrette Jean-Pierre Peyrat, malheureux.
Menace de fermeture
Adossé à un restaurant à thèmes et à une discothèque d’hiver, son casino a connu des heures de gloire, a vécu dans l’opulence avant de sombrer dans ces difficultés insolubles.
« À l’époque, on était même le plus gros contribuable de Vernet ! » C’était avant. Aujourd’hui son établissement indépendant est gravement menacé de fermeture.
« Je n’en ai pas dormi d’une semaine, ce serait une catastrophe pour la ville. D’ailleurs, c’est impensable. Ce casino est le fleuron du Conflent », plaide Henri Guitart le maire de la station thermale impliqué dans le sauvetage de l’affaire. Non seulement la maison de jeux est source d’attractivité touristique et d’emplois, six salariés y travaillent, mais il est de surcroît l’atout majeur d’un riche projet d’hôtellerie cinq étoiles porté par des investisseurs étrangers qui ont déjà engagé les études adéquates.
À la recherche de capitaux privés
« On ne peut pas perdre l’autorisation des jeux que détient Jean-Pierre Peyrat, elle est obligatoire à la direction d’un casino et il devient de plus en plus difficile d’en obtenir », s’inquiète l’édile non sans arrière pensée. La solution, pour lui, consiste en effet à dissoudre la SARL qui le sera de fait par la procédure de liquidation d’ici à six mois, et de monter une nouvelle société autour du gérant actuel. « Il la créera avec des partenaires, il faut trouver des capitaux privés », insiste Henri Guitart.
Les volontés politique et intercommunale rassurent à peine Jean-Pierre Peyrat. Relancer le casino exige d’avoir de gros potentiels, une capacité d’investissement d’un million d’euros au minimum pour repartir sur des bases saines, dans de bonnes conditions. « Et moi, je n’ai pas les moyens de le mettre », avoue l’intéressé, réfléchissant à d’autres issues comme celle d’un repreneur unique. « Des gens se sont déjà positionnés mais, à ce jour, on n’a rien de concret. Le coin n’est pas facile, les thermes ouvrent uniquement d’avril à novembre, donc l’hiver est long sans cet apport de clientèle », dénonce le casinotier au tapis. Rien ne va plus.
Le casino de Font-Romeu à la relance
Après avoir frôlé la fermeture, le casino dégage des bénéfices. Une bouffée d’oxygène pour les associés José Gimenez et Jean-Christophe Solère.
Le casino de Font-Romeu, dans des murs municipaux, est une institution. Les deux associés l’ont en concession et possèdent l’autorisation des jeux. En meilleure situation financière, ils investissent dans de nouveaux jeux, embauchent et achètent le bar-restaurant voisin, Le Yéti.
Une gestion différente
« Après dix ans d’exploitation de la structure qui comprend un cinéma, une boîte de nuit (Le Papagayo), un restaurant et le casino, nous avons sorti pour la première fois un bilan avec du bénéfice. À un moment, c’était très compliqué et nous pensions fermer. » Alors pourquoi ce bilan positif qui se résume à 10 % en plus sur les machines à sous et 16 % sur la restauration ? « Nous avons une gestion différente avec une ouverture du lundi au jeudi jusqu’à 20 heures et les vendredis, samedis, dimanches jusqu’à 2 heures du matin. La boite de nuit n’ouvre que l’hiver. » Ces allègements des plages horaires ont fait toute la différence. « Quand on ouvre un casino, il faut au minimum un physionomiste, un croupier, un chef de table, un caissier et un membre du comité de direction. Alors, du matin au soir, il faut trois fois cinq équipes. En réduisant les heures, on a pu mieux gérer. »
Le jeu roulette qui demandait six croupiers a été supprimé. Dorénavant, dix personnes travaillent à l’année sur l’ensemble du casino et l’effectif grimpe à trente en hiver. « De plus, le syndicat des casinos de France s’est battu pour que l’État nous prélève moins. Une loi est passée et effectivement, nous faisons une économie annuelle de 20 000 euros. »
De nouveaux investissements
Le casino était en redressement il y a sept ans et durant trois mois, plus rien n’a été payé. Depuis six ans, les associés remboursent l’administrateur à raison de 58 000 euros par an. « Il nous reste encore quatre ans à payer dont trois mois de loyers de retard que nous devons à la mairie. Nous sommes quasi à jour de tout et respectons scrupuleusement le cahier des charges. Le maire nous a soutenus et nous a même accompagnés à Paris au ministère de l’Intérieur pour le renouvellement des machines à sous. »
Même si José et Jean-Christophe ont eu de vrais moments difficiles, ils ont toujours cru en leur affaire. Les bons chiffres dégagés les ont encouragés à investir sur l’ensemble de leur structure. Ainsi le cinéma est passé au numérique et les sièges ont été changés (150 000 euros). Quatorze nouvelles machines à sous ont été entrées. Le black jack a fait son apparition en décembre 2015. Les associés ont acheté le bar-restaurant voisin, le Yéti. « Nous y proposerons une restauration vraiment sympa et nous reprenons le PMU. » Un nouveau dynamisme souffle sur le centre de Font-Romeu, José et Jean-Christophe n’y sont pas étrangers.
(source : lindependant.fr/C. S. et F. B.)