Pour la première fois depuis longtemps en France, le produit brut des jeux de casinos progresse. Quel regain d’amour pour ces établissements installés entre rêve, clichés et réalités locales ? Tous ne sont pas logés à la même enseigne.
On vous invite au casino.Vous pensez machines à sous ? Champagne et croupiers ? Resto classe et décalé ? Soirée à grand spectacle ? C’est toujours un peu tout cela, puisque rien n’a changé au triptyque jeu/ restauration/animation, imposé aux casinotiers dans leurs délégations de service public (DSP). Mais aucun des dix casinos d’Auvergne ne ressemble à un autre.
1. Si vous ne savez pas les situer ? Sachez pour commencer que l’Auvergne est un territoire bien loti, pour des raisons historiques. De la loi du 15 juin 1907 (qui a réglementé Le jeu dans les cercles et les casinos des stations balnéaires, thermales et climatiques), il reste une densité exceptionnelle en centre France. Revers de la médaille : confronté aux revers du thermalisme, loin des bassins de population majeurs et du littoral touristique, nos casinos se situent plutôt en milieu et en bas des classements par fréquentation ou par produit brut des jeux (PBJ).
2. Si vous n’avez jamais poussé la porte ? Oubliez la démesure architecturale de Las Vegas, ou même d’Enghien-Les-Bains. Un casino auvergnat, c’est d’abord le charme d’architectures thermales classées, habitées de lumières. Ensuite, tout dépend. Rénovations très classe et pro pour les uns, plus familiales pour les autres : les moyens et les stratégies déployées sont très liés aux communes. Pas de codes vestimentaires , m ais papiers d’identité obligatoires à l’entrée des salles de jeu. Les restaurants font table à part:pas besoin d’être joueur pour en profiter. Leur qualité mériterait souvent d’être mieux connue. Certains jours, en secteur rural, ils ont aussi le mérite d’être la seule table ouverte. Souvent même tous les jours ! Les casinos, ce sont enfin des espaces d’animation (théâtre, salles de séminaires) : à louer, ou pour la programmation culturelle et festive du casino. On peut en profiter sans mettre le pied dans les salles de jeu !
3. Si vous ne savez pas comment cela fonctionne ? On y joue, bien sûr ! Les établissements sont d’ailleurs tenus de participer à la prévention de la dépendance (c’est le seul lieu où l’interdiction de jeu est possible en France). Les jeux représentent 70 % à 95%du chiffre d’affaires. L’essentiel vient des machines à sous (6 % du PBJ pour les jeux de table traditionnels à Néris, 10% à Royat, 1,3 % à Châtel-Guyon…). Beaucoup de casinos s’affichent aussi comme un lieu d’animation incontournable. Le«hors jeux » (bar, restaurant, animation…) est parfois une obligation déficitaire qui amène du passage pour le jeu. Mais de plus en plus, c’est une stratégie en soi, qui participe au chiffre d’affaires (15 % à Châtel-Guyon, 30 % au Mont-Dore…). Pour autant :«Un casino est dans le vert quand les machines sont dans le vert, et inversement », rappelle Maurice Schulmann, directeur marketing du Groupe Partouche.
4. Si vous ne savez pas qui les fréquente ? « Tout le monde ! », insiste Patrice Le Brun délégué général du Syndicat des casinos modernes de France. Après vingt-quatre ans d’encadrement dans divers casinos dont Vichy, le directeur de Royat, Christophe Silve, identifie tout de même une constante : « Plus on est tôt dans la journée, plus la clientèle est féminine et âgée ; elle se masculinise et rajeunit en soirée. » En Auvergne, les joueurs viennent surtout des bassins de population locaux. Plus le casino est isolé plus la zone de chalandise est large. Sachant qu’un effet de mode ou le renouvellement de jeux peut déplacer les habitudes.
5. Si vous vous demandez comment ils se portent ? Pour l’exercice clos le 31 octobre 2015, les syndicats font état d’un PBJ national reparti à la hausse (environ 3 %) après une baisse de fréquentation principalement attribuée à l’entrée en vigueur de l’interdiction du tabac et du contrôle aux entrées. Les casinos de Royat et Néris-les-Bains, et sont dans ce cas, avec une forte progression de la part des jeux de table (due notamment à l’introduction de la roulette électronique). Progression aussi, au casino de Châtel-Guyon qui a élargi et renouvelé son parc de machines, et cultive la tradition du cabaret. Mais ce n’est pas le cas partout en Auvergne. Les premiers chiffres compilés par les professionnels relèvent encore de légères baisses de fréquentation (La Bourboule, Le Mont-Dore, Saint-Nectaire, Chaudes-Aigues, Vic-Sur-Cère…). Nicolas Boucard, directeur général à Néris a donc l’optimisme prudent :« On sent qu’il y a un frémissement, mais cela peut vite tourner. »
Au classement national
Les premiers chiffres (officieux) de l’exercice courant du 1er novembre 2014 au 31 octobre 2015 viennent de remonter aux syndicats professionnels. Ils placent toujours les casinos auvergnats en milieu et fin de tableau. Le premier régional, Royat (172.102 entrées) n’est que 63e sur les 201 casinos français. Il est suivi par Vichy- Le grand Café, 88e (142.900). Bourbon-L’Archambault est 110e ; Néris-les-Bains, 113e ; Châtel-Guyon, 136e ; Vic-sur-Cère, 182e ; La Bourboule, 187e ; Chaudes-Aigues 192e ; Le MontDore, 194e , Saint-Nectaire 197e (21.004 entrées).
(source : lamontagne.fr/Anne Bourges)