Deux anciennes salariées du casino des quatre-chemins poursuivaient leur ancien employeur pour licenciement abusif, ce lundi. Elles demandent 81.000 et 55.000 € en réparation. Le jugement sera connu le 25 avril.
« Afin de briser la résistance du personnel, on a fait deux exemples, a déclaré Me Benazdia, ce lundi, devant le conseil de Prud'hommes. Deux fusillées au front pour faire passer les autres sous la toise. »
Six mois avant la fermeture définitive du casino des quatre-chemins dont la délégation de service public s'achève fin 2015 et ne sera pas renouvelée par la mairie de Vichy, deux salariées du groupe Partouche sont licenciées pour faute grave.
« Vous imaginez les rumeurs ! »
La première est secrétaire de la direction du casino. Embauchée à l'Élysée Palace puis mutée au Grand Café et ensuite aux quatre-chemins, elle a gravi tous les échelons en trente et un ans d'activité. Le casinotier lui reproche de ne pas avoir fourni le contrat de délégataire qu'il doit rendre à la mairie au plus tard le 30 mai.
« Ce n'est quand même pas à une secrétaire de rédiger un contrat de délégataire et de le transmettre à la mairie, s'est exclamé M e Benazdia. Elle n'a pas les compétences statutaires pour cela. Et où sont les courriers d'avertissement et le courrier de mise en demeure de la société rappelant à ma cliente qu'elle doit faire ce travail ? Il n'y en a pas dans ce dossier. » Alors qu'un « plan social s'organise » dans l'établissement, le casino affirme que la secrétaire a également divulgué des informations sur une rupture conventionnelle, ainsi que le montant de ladite rupture bénéficiant à un salarié.
« Quel salarié ? Et quel montant ? Quarante et une personnes travaillent dans ce casino. Vous imaginez les rumeurs six mois avant la fermeture ! »
La secrétaire n'avait peut-être pas besoin de divulguer ces informations, « sauf à vouloir essayer de négocier pour les autres des montants d'indemnités supérieurs à ce qu'aurait pu prévoir un plan de sauvegarde de l'emploi », a rétorqué Me Truno, pour la défense.
Le groupe Partouche absent à l'audience
À l'exception du conseil, personne n'est venu représenter le groupe Partouche à l'audience prud'homale. Le dossier est vide pour M e Benazdia. Idem concernant la seconde salariée, coffrière-caissière aux machines à sous.
Après vingt ans d'ancienneté, le casino lui reproche une « mauvaise volonté délibérée dans l'exercice » de ses fonctions, une « mauvaise humeur permanente » et « un manque de motivation ».
« Je n'ai pas de document écrit qui atteste ces éléments, a affirmé Me Truno. Je ne vais pas inventer des choses que je n'ai pas. J'en tire les conséquences. »
Tous les préjudices confondus, les salariées demandent respectivement 81.000 € et 55.000 €. Le jugement sera rendu le 25 avril.
(source : lamontagne.fr/Estelle Dissay)