nouvelle donne dans le petit monde des casinos français. En quelques semaines, Dominique Desseigne, le patron du groupe Barrière, vient de vendre cinq de ses 41 établissements. Et le recentrage du numéro un tricolore n’est pas fini. Quatre autres casinos sont en passe de changer de mains, ainsi que deux hôtels. De quoi faire le bonheur des concurrents de Barrière, qui peuvent ainsi se renforcer dans une profession relativement fermée.
Lundi 21 décembre, la Société française de casinos (SFC), un des petits intervenants du marché, a ainsi annoncé un accord préliminaire pour la reprise du casino Barrière de Chamonix (Haute-Savoie). Ceux de Leucate (Aude) et Briançon (Hautes-Alpes) vont passer aux mains de Circus, un groupe belge qui exploite notamment les casinos de Spa et Namur ainsi que des sites de jeu en ligne, et va ainsi entrer en France. La SFC sera associée à titre minoritaire, avec 49 % du capital. Chamonix, Leucate et Briançon sont tous les trois de petits établissements, dont le chiffre d’affaires net de prélèvements dépasse légèrement 2 millions d’euros par an.
D’autres cessions attendues
En novembre, Barrière avait déjà cédé le casino de Besançon (Doubs) à Joa, le numéro trois du secteur. Besançon (90 salariés) est devenu le 22e établissement du groupe lyonnais, qui souhaite se hisser rapidement au premier rang du marché dans le Grand Est. Afin d’y parvenir, Joa compte investir 1,5 million d’euros en deux ans pour « dynamiser l’offre », et séduire notamment la clientèle suisse.
Un accord de principe a également été conclu en novembre pour la vente du casino de Jonzac (Charente-Maritime) au groupe Arevian. « C’est un casino de taille moyenne, qui emploie 35 personnes, gagne de l’argent, et correspond bien à ce que nous savons faire », explique Antoine Arevian, le patron du groupe familial. Avec cette acquisition et l’ouverture prochaine d’un établissement sur l’île d’Oléron, Arevian comptera au printemps dix casinos en France.
L’évolution du groupe Barrière devrait se poursuivre avec la cession attendue sous peu de quatre casinos de la côte Atlantique, situés à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), Carnac (Morbihan), aux Sables-d’Olonnes (Vendée) et à Dax (Landes). Ils ont été mis en vente il y a quelques mois en même temps que les autres, ainsi que deux hôtels, le Pullman de Bordeaux et le Mercure de Niederbronn (Bas-Rhin).
Monter en gamme
En nombre d’établissements, ce plan de cession est important pour Barrière. Son parc de casinos sera ramené de 41 à 32, et il ne disposera plus que de 16 hôtels au lieu de 18. « Mais en chiffre d’affaires, c’est plus marginal, souligne-t-on au siège du groupe fondé il y a plus d’un siècle. Ces cessions représentent seulement 380 salariés et environ 3 % du volume d’affaires. »
Le leader français, codétenu par la famille Desseigne-Barrière et Fimalac, entend ainsi monter en gamme, et concentrer ses efforts sur les casinos plus importants, ceux où il peut proposer à la fois des machines à sous, un restaurant, des spectacles, etc. C’est sa stratégie pour tenir sur un marché qui reste difficile, même si celui-ci a légèrement progressé en 2015, après une baisse de l’ordre de 2,5 % en 2014.
La logique est voisine en ce qui concerne les hôtels. Les deux mis en vente étaient les seuls à ne pas être exploités sous la marque Barrière. En revanche, pas question pour le groupe de se défaire de paquebots de luxe comme le Normandy à Deauville ou le Majestic à Cannes.
(source : lemonde.fr/Denis Cosnard)