Croupiers et employés formés par un psy, livret de sensibilisation offert aux visiteurs, le premier casino de France s'attaque aux « joueurs dépendants » au moment où un ancien client ruiné vient d'attaquer en justice l'établissement de Vichy.
DES JOUEURS qui passent plus de temps au casino que le personnel, des habitués qu'il faut consoler quand un jackpot est gagné par des clients de passage, certains qui cassent les machines ou qui s'en prennent aux employés, d'autres qui craquent littéralement quand leur carte bancaire ne passe plus... Tout arrive quand le jeu se transforme en enfer. Premier établissement de jeux en France, le casino d'enghien (Val-d'Oise) veut aussi être le premier à lancer un programme de soutien médical aux joueurs dépendants grâce à l'aide des psychiatres de l'hôpital de Colombes (Hauts-de-Seine) * .
Il ne s'agit pas, cependant, de mettre un psy derrière chaque bandit manchot. « Notre intérêt n'est pas de vider jusqu'au dernier sous les poches du client, mais de le faire revenir. Il faut que le jeu reste un loisir sans devenir une drogue », avance le directeur du casino, Bruno Cagnon. Et le récent procès intenté par un joueur ruiné contre le casino de Vichy, pour « abus de faiblesse civile », incite le directeur de l'établissement des bords du lac à prendre des précautions. A enghien, où 1 500 joueurs se pressent chaque jour, quelques dizaines tout au plus seraient concernés par l'extrême dépendance, selon des estimations de la direction. Pour l'instant, le plan antidépendance du casino se résume à la mise à disposition des joueurs d'un livret pédagogique intitulé « Le jeu est un loisir ». Cette prévention est d'ailleurs plus spécialement destinée aux adeptes des machines à sous installées depuis tout juste deux ans. « Parce qu'aucune connaissance technique n'est nécessaire, puisqu'il suffit d'appuyer sur des boutons et que la fréquentation y est plus importante qu'aux jeux de table », explique Laura-Maria Bonora, psychiatre chargée de la sensibilisation du personnel. Elle compare la dépendance au jeu à celle à l'alcool, au tabac ou aux stupéfiants. Le personnel semble en tout cas soulagé par cette initiative. « Nous dépistions déjà des clients en difficulté, comme certains demandant à être interdits de jeu de table ; maintenant, nous pouvons leur conseiller d'aller consulter un médecin en leur fournissant l'adresse de l'hôpital », juge Florence, une employée de la direction des machines à sous.
* Hôpital Louis-Mourier, 178, rue des Renouilllers à Colombes. Tél : 01.47.60.64.16.
(source : leparisien.fr/Daniel Pestel)