Il y a le feu au lac... d'Enghien (Val-d'Oise). Le gouvernement, qui étudie actuellement la possibilité d'ouvrir un casino à paris, fait craindre le pire à la ville touristique.
Le rapport en cours sur ce projet très débattu doit être rendu début mai.
Le premier casino de France, le seul d'Ile-de-France, installé sur les bords du lac finance en effet largement la ville d'Enghien. « Si un casino ouvre à paris, c'est la mort d'Enghien, résume le maire (UMP) Philippe Sueur. La clientèle largement parisienne ne fera plus les 11 km qui nous séparent de la capitale pour venir jouer. » Les propos du maire se vérifient assez vite. « Si un casino ouvre à paris, c'est sûr, je ne viendrai plus à Enghien », confirme un retraité parisien, à sa sortie de l'établissement.
La seule ville thermale de la région parisienne, autorisée à ce titre à exploiter un établissement de jeux, perçoit chaque année 11 % du chiffre d'affaires du casino. Le produit annuel des 500 machines à sous et des 40 tables de roulettes et autres est de l'ordre de 160 M€. Cette année, ce sont 16 M€ qui tombent dans l'escarcelle municipale soit près de la moitié de son budget de fonctionnement (39 M€).
Rien n'est encore joué...
« Si on perd cette ressource, c'est un coût d'arrêt à notre politique culturelle, poursuit l'élu. C'est la fin du festival de jazz, la disparition des bains numériques... On perdrait le classement numérique par l'Unesco dont nous bénéficions depuis un an, au même titre que la ville de Lyon. Nous organisons 500 événements par an. En juin, il n'y a pas un week-end sans un grand spectacle gratuit. Les quatre concerts annuels sur le lac attirent à chaque fois 15 000 spectateurs, sans oublier les projections sur nos monuments, vues par 75 000 personnes l'hiver dernier ! »
Philippe Sueur rappelle également que l'arrivée des machines à sous en 2004 s'est accompagnée de 100 M€ d'investissement du concessionnaire, le groupe Barrière, qui exploite également le Grand hôtel et celui du Lac ainsi que le Spark, centre thermal de remise en forme et de séminaires, trois établissements le long de la jetée. Il reste plus de la moitié des emprunts pour ces énormes travaux de réaménagement à amortir.
Rien n'est encore joué pour paris. Le projet de casino ressorti des cartons après la fermeture successive de huit des dix cercles de jeux de la capitale — si jamais il obtient le feu vert du ministère de l'Intérieur — devra ensuite être validé par la municipalité de paris. Dans l'attente, la direction du casino d'Enghien et du Groupe Barrière, se refuse à tout commentaire.
De son côté le maire d'Enghien, n'exclut pas la possibilité de solliciter une rencontre avec le ministre de l'Intérieur. « Le 20 mai lors du prochain conseil municipal, j'expliquerai la situation aux élus, annonce-t-il. Et pourquoi ne pas envisager une pétition à l'initiative des Enghiennois ! »
(source : le
parisien.fr/Daniel Pestel)