La cité phocéenne a voté le principe d'implantation d'un établissement de jeu, mais tarde à trouver le site. Avec une offre nocturne, elle espère 1,5 million de touristes en plus.
Des bandits qui peinent à trouver place à Marseille, une première ! S'il en agace certains, l'interminable feuilleton du futur casino de la cité phocéenne a le mérite de réveiller les clichés et les bons mots. Pendant des décennies, l'idée d'un établissement de jeu dans une ville luttant contre le grand banditisme a été inenvisageable. La transformation touristique de Marseille et le potentiel économique à en tirer ont fait évoluer les mentalités. Après avoir fait un principe moral d'interdire les jeux de hasard, Jean-Claude Gaudin, le maire, a finalement fait du sujet un puissant argument de la dernière campagne municipale, dont il est sorti victorieux. En juin 2013, une délibération officialisant cette nouvelle volonté a été votée. Depuis, rien ne va plus : impossible de trouver un site où implanter l'établissement et encore moins d'embarquer formellement un des quatre principaux opérateurs, Barrière, Partouche, joa et Tranchant. Tous ont été consultés.
Le projet a d'abord été imaginé face au Mucem, où il a soulevé les passions du monde de la culture. Puis ce fut le tour de l'ancien siège Art déco de la SNCM, finalement jugé trop exigu pour accueillir sur le front le mer les 300 machines à sous nécessaires à sa rentabilité. Dernièrement, l'établissement se voyait bien occuper le hangar J1, en friche, voisin du projet de quai des milliardaires voulu par le Grand Port maritime de Marseille pour accueillir la plaisance de luxe. La ville a donc offert 15 millions d'euros pour racheter les 22.000 mètres carrés du site qu'elle considère comme « la séquence manquante entre l'esplanade culturelle du Mucem et l'implantation commerciale des Terrasses du Port ». Mais sa proposition d'aménagement, trop éloignée des ambitions du port pour ce site « à vocation maritime », est restée lettre morte.
Aquarium et complexe hôtelier
« Les jeux ne sont pas faits pour autant », tempère Gérard Chénoz, un proche du maire nommé au poste d'adjoint aux grands projets pour suivre notamment ce dossier. Dans une ville qui mise sur le développement de la croisière avec 1,3 million de passagers attendus cette année, c'est une occasion à ne pas rater. Outre une taxe de l'ordre de 15 % sur le produit brut des jeux, qui pourrait lui rapporter jusqu'à 10 millions d'euros par an, la ville espère enrichir son économie d'un nouvel écrin dédié à l'« entertainment ». Dans le nouveau projet envisagé par la municipalité, l'ouverture du casino s'accompagnera de la construction d'un aquarium de statut international, d'une boîte de nuit et d'un complexe hôtelier. L'investissement nécessaire : pas loin de 150 millions d'euros.
Cette perspective fait bondir l'opposition, qui craint la construction « d'une grande lessiveuse d'argent sale ». « C'est un outil structurant pour l'accueil et l'offre nocturne qui fait défaut à la ville », rétorque la majorité. Marseille espère attirer 1,5 million de visiteurs par an dans ce complexe. L'appel d'offres pourrait sortir avant l'été. A condition de trouver le lieu où l'implanter.
(source : lesechos.fr/Paul Molga)