DES roulettes et des machines à sous à deux pas de l’aéroport. Ce rêve fou peut-il devenir réalité ? La communauté d’agglomération Roissy Porte de France, qui porte ce projet, vient d’annoncer qu’une demande sera prochainement déposée auprès du ministère de l’Intérieur, seul à même d’autoriser les ouvertures de casino en France.
Actuellement, un seul établissement est implanté dans toute l’Ile-de-France, à Enghien-les-Bains. Et la très stricte réglementation des jeux d’argent interdit toute autre installation dans la région (lire ci-dessous).
Mais la communauté d’agglomération, qui œuvre sur ce dossier en collaboration avec la ville de Roissy et la Semavo (l’établissement public d’aménagement du Val-d’Oise), y croit dur comme fer. « La réglementation peut évoluer, estime Patrick Renaud, le président (UMP) de Roissy Porte de France. La loi sur les casinos est un peu vieillotte : aujourd’hui, il est possible de jouer de l’argent chez soi, directement sur Internet. Lyon a eu son autorisation, Lille également, alors que ce sont des villes qui ont moins de chambres d’hôtel que Roissy, qui en aura bientôt plus de 10 000, avec des établissements de standing. Et l’International trade center (NDLR : centre de congrès en cours de construction) va attirer une vraie clientèle d’affaire. »
Pour appuyer son projet, la ville de Roissy vient de déposer un dossier auprès du secrétaire d’État en charge du tourisme pour être classée en tant que station de tourisme d’affaires, étape indispensable pour l’ouverture d’un casino.
Un temple du jeu sur le modèle de Las Vegas
La commune mise sur sa situation géographique privilégiée, à seulement 20 km de Paris et à proximité immédiate de l’A1. C’est justement en bordure de l’autoroute que le futur casino pourrait s’installer : la zone préférée par la ville se situe au niveau de la ZAC Sud-Roissy, dont le projet d’aménagement vient d’entrer dans une nouvelle phase, avec la résolution de difficultés foncières. « Après des années de négociation, un accord vient d’être trouvé entre un exploitant agricole et la Semavo », explique la direction du service urbanisme de la ville de Roissy.
Cette ZAC accueillera 45 000 m2 d’hôtel, qui compléteront l’offre déjà importante sur la commune. Mais aussi 12 000 m2 de concessions automobiles haut de gamme, 13 000 m2 de bureaux et 10 000 m2 de commerces. Le casino serait lui intégré au complexe hôtelier, sur le modèle de ce que l’on trouve à Las Vegas, aux États-Unis. Il serait d’ailleurs destiné en priorité aux clients des hôtels internationaux. « Tous ces gens qui dorment ici n’ont absolument rien, le soir, pour leurs loisirs », explique André Toulouse, le maire UMP de Roissy.
Ce temple du jeu serait également situé à proximité du futur golf, un poumon vert de 90 ha qui s’étendra sur la Vallée verte, à deux pas de la ZAC Sud. Le démarrage des travaux est prévu cet été, pour une ouverture espérée à l’horizon 2018.
Ce que dit la loi
L’ouverture d’un casino, soumise à l’autorisation du ministre de l’Intérieur, est réglementée par la loi du 15 juin 1907. Celle-ci ne permet qu’une implantation dans les stations balnéaires, thermales ou climatiques (il s’agit des communes spécialisées dans le traitement d’affections diverses, par exemple l’asthme). En 1919, une nouvelle loi interdit les jeux de hasard dans un rayon de 100 km autour de Paris. Enghien n’a pu rouvrir son casino qu’en 1931, lorsqu’une exception a été faite pour les stations thermales. Puis une nouvelle loi de 1988 a révolutionné le secteur en autorisant les casinos dans les villes ou agglomérations classées touristiques de plus de 500 000 habitants et participant pour plus de 40 % au fonctionnement d’un centre dramatique national, d’un orchestre national ou d’un opéra.
(source : leparisien.fr/Anthony Lieures)