Cartes électroniques, jeux semi-automatiques, perspectives autour du poker: le casino de mondorf, en perte constante de chiffre d’affaires, mise beaucoup sur un règlement grand-ducal modifié pour veiller à sa compétitivité face à la concurrence frontalière.
Un projet de règlement grand-ducal, passé au conseil de gouvernement en décembre dernier, vient modifier la dernière version du texte relatif «à l’exploitation des jeux de hasard et des paris relatifs aux épreuves sportives», en portant notamment «autorisation de la mise en œuvre d'un système de cartes de jeu électroniques en matière de jeux de casino». C’est un coup de pouce qui se faisait attendre sur le terrain, à mondorf.
Guido Berghmans, directeur général de la Secs (société en commandite simple) Casino de Jeux du Luxembourg, plus communément appelée Casino 2000, souligne: «Nos attentes étaient d’être à armes égales avec nos concurrents et de pouvoir proposer un nombre de nouveaux jeux et de possibilités autour des jeux qui n’étaient pas encore prévus dans la règlementation luxembourgeoise.» Le règlement en application remontait à 2002. L’industrie a eu le temps de distiller de nombreuses nouveautés, notamment technologiques, dont ont pu s’emparer les voisins. Une concurrence féroce, emmenée par le casino de Schloss Berg à Nennig (Allemagne) et par le troisième casino de France, Amnéville.
Dispositions bienvenues
Au fil de la cinquantaine de pages du règlement grand-ducal modifié, apparaissent les grands objectifs poursuivis par l’exécutif: «Introduire de nouvelles variantes de certains jeux dans le domaine du poker, de nouvelles modalités techniques permettant d’exploiter les jeux autorisés et d’introduire des dispositions permettant au casino de tenir et de soumettre aux autorités fiscales compétentes les documents fiscaux et comptables prévus.»
Ainsi, le casino luxembourgeois pourra proposer de nouveaux jeux, automatiques ou semi-automatiques. Guido Berghmans note également que la loi permettra d’avoir des jeux en test pour une période déterminée. «Des fournisseurs le proposent depuis quinze ans. Mais on n’avait pas la possibilité légale de recourir à cette formule. Or, sachant qu’un groupe de machines, ça peut faire 200.000 euros, c’est mieux d’avoir fait un test préalable à l’achat».
Question de compétitivité
Autre nouveauté, le système des cartes de jeu électroniques facilite la tenue de la comptabilité, réduit considérablement le nombre d’opérations effectuées en argent comptant et en jetons. Cela accroit d’autant la sécurité, en même temps que la conformité à la lutte anti-blanchiment. Et cela réduit au strict minimum la présence du personnel dans la salle des appareils à sous.
«Il s’agit d’une question de compétitivité du casino exploité au Luxembourg par rapport aux casinos dans les régions frontalières», note sans ambiguïté l’exposé des motifs du projet de règlement grand-ducal. Qui précise également que cette réduction du personnel dans la salle des appareils à sous, fumeurs admis, faisait partie des raisons poussant à l’urgence, en 2014, afin de se rapprocher de la loi antitabac, entrée en vigueur en janvier de l’an passé.
Reconquérir du chiffre
Ainsi, avec ce nouveau cadre, mondorf pourra mieux reconquérir des clients des casinos concurrents, ces «vrais joueurs» qui circulent dans la Grande Région, qui manifestent leur intérêt pour les nouveautés, pour les jeux classiques revisités, avec un plus pour les services, une bonne restauration, une animation adaptée, un personnel compétent et sympathique…
Alors que depuis 2009, mondorf a investi 42 millions d’euros dans l’agrandissement et la rénovation de ses espaces, le chiffre d’affaires a régressé de presque 19%. Alors les nouvelles possibilités réglementaires, c’est un espoir de retrouver un peu de croissance en 2015. «Plus 3% ce serait bien», souligne Guido Berghmans. «Mais cela dépend de l’atmosphère, de la confiance. Cela a mal commencé avec le climat actuel… Mais on doit rattraper ça. Il faut le faire. On a 220 emplois à défendre. Le personnel le sait et joue le jeu. Chacun a tout fait pour que le succès revienne».
(source : aperjam.lu/Alain Ducat)