Le groupe de casinos partouche, numéro deux du secteur en France, veut lancer le bingo dans ses casinos. Une solution face à la crise.
L'interdiction de fumer dans les lieux publics, la crise et une réglementation contraignante ont plombé l'activité des casinos depuis 2008 mais le Groupe partouche, numéro deux français du secteur, sort enfin la tête de l'eau et espère lancer le Bingo dans ses casinos en 2015, a annoncé son patron Fabrice Paire.
"Nous avons derrière nous plusieurs exercices difficiles, comme nos concurrents. Mais je suis confiant dans l'avenir", a-t-il dit dans un entretien à l'AFP à l'occasion des résultats annuels publiés mercredi 28 janvier. Après des années de pertes depuis 2009, partouche est quasiment revenu à l'équilibre en 2014.
"Nous avons amélioré notre situation en réorganisant notre dette, en économisant, en cédant pour près de 100 millions d'euros d'actifs en près de 18 mois (casinos, mûrs, hôtels...). Notre situation financière est aujourd'hui extrêmement saine. Et la tendance au début de l'exercice 2015 est favorable", assure Fabrice Paire, "serein".
Une nouvelle stratégie "jeu" en 2015
La stratégie du groupe a changé: partouche "se recentre sur son coeur de métier qui est le jeu", alors que "notre concurrent Barrière met beaucoup l'accent sur ses hôtels ces derniers temps, il va en rénover un grand nombre", note Fabrice Paire. Lui estime "qu'un joueur reste un joueur avant tout: il vient pour jouer". A l'inverse, dit-il, "ce n'est pas parce qu'un client réside à l'hôtel qu'il va descendre à la salle de jeux".
C'est pourquoi partouche, qui exploite 46 casinos, 15 hôtels, 130 restaurants, un établissement thermal, deux golfs et trois plages, compte d'abord "dépoussiérer" et "développer" son offre de jeux en 2015.
"Il faut apporter de la nouveauté à la clientèle", relève Fabrice Paire. Le groupe investira dans des machines à sous car elles assurent 90% des revenus d'un casino. Mais il croit surtout dans le Bingo: "si on peut faire entrer le Bingo dans nos casinos en 2015, cela va changer la physionomie du groupe", dit Fabrice Paire. "Car cela permettra de toucher de nouveaux publics".
Le potentiel du Bingo
Dès que l'Etat aura donné son feu vert définitif, partouche compte développer ce jeu "en format événementiel, festif" dans ses casinos capables d'accueillir plusieurs centaines joueurs dans une salle le temps d'une soirée. Soit un tiers des 41 casinos français du groupe.
Fabrice Paire croit dans le potentiel de développement de ce jeu populaire. "On a eu 900 joueurs pour une soirée-test et on a fait ce soir-là notre 2e meilleure soirée sur un an", dit-il.
"Avec le Bingo, on touchera des gens qui jusqu'à présent ne fréquentaient pas les casinos. Ce sera un produit d'appel qui drainera une clientèle nouvelle, comme l'a fait la roulette électronique", estime-t-il.
La concurrence "déloyale" de la FDJ
Alors le Bingo, solution à la crise? Pas certain. Les coups durs se sont succédés ces dernières années: "Le secteur a perdu un quart de son activité depuis 2008, à cause de l'interdiction de fumer dans les salles de jeux et de la crise".
Fabrice Paire estime que les 199 casinos de France, qui forment le plus important maillage en Europe, subissent en outre un "phénomène de fond extrêmement handicapant qui est la concurrence déloyale de la Française des Jeux (...). Un ticket à gratter, c'est une machine à sous. La clientèle des tickets à gratter est la même que celle des casinos. Or la FDJ a une capacité de développement considérable, totalement anormale", lance-t-il.
Opérateur public, la FDJ a franchi pour la première fois en 2014 la barre des 13 milliards d'euros de ventes, avec ses 33.000 points de ventes agréés. Le secteur des casinos a lui reculé une nouvelle fois et pèse 2,123 milliards d'euros.
Dans un rapport publié en 2014, le sénateur François Trucy estimait que "la crise" des casinos était largement liée à la "réussite incontestable" de la FDJ et du PMU, qui ont développé leurs activités depuis l'ouverture en 2010 du marché des jeux en ligne.
(source : challenges.fr/AFP)