Depuis 6 ans, le produit des jeux en France ne cesse de chuter. Le Morbihan et ses cinq établissements (plus un projet à Vannes) n'échappe pas à la règle. Malgré le contexte, les casinos ont plus d'une carte en poche...
Rien ne va plus... Et ça continue encore et encore... dirait Cabrel dans un refrain qui pourrait donner le ton et l'état de santé des casinos en France. L'exercice 2012-2013 s'achève, à nouveau, en baisse. Un produit des jeux en diminution de 4,25 % à 2,178 milliards d'euros. Soit -22,5 % depuis 6 ans. Dans cette morosité ambiante, la profession tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme et réclame « une plus grande liberté d'action face à ses concurrents (Française des Jeux, PMU et jeux en ligne) qui, selon elle, bénéficient de la prévenance constante des pouvoirs publics ». Une profession qui rappelle que « les casinos (15 000 emplois directs, 35 000 indirects) offrent un vrai service dans les collectivités où ils sont implantés en proposant des activités de loisirs et culturelles (hôtels, restaurants, bars, animations, spectacles, théâtres, expositions d'artistes locaux, discothèques...) y compris en zones rurales.
Qu'en est-il en Morbihan, où six établissements de jeux tentent de conserver la tête hors de l'eau en attendant des jours meilleurs. Loin de baisser la garde et encore moins les bras, les casinos morbihannais multiplient leurs efforts pour gagner une nouvelle clientèle dans un contexte de concurrence renforcée en 2014 par l'arrivée d'un nouvel établissement à Larmor-Plage et un second, toujours pressenti à Vannes
Casino Barrière à Carnac
Sébastien Larrieu, nouveau directeur du casino Barrière, a repris la barre d'un établissement en plein tangage. « Cet été, nous étions sur une tendance de - 25 % redressée à 5 % aujourd'hui. Nous sommes passés de 52 à 36 salariés et le groupe a dû injecter un million d'euros pour nous remettre d'équerre. ». Le produit brut des jeux s'élève à 6,5 millions, en recul de 16 %. Le casino a investi dans 25 nouvelles machines sur les 75 (90 en été) et les 2 tables de jeux exploitées (3 l'été). « L'arrivée du casino de Larmor nous a touchés de plein-fouet et nous redoutons l'arrivée du projet vannetais. Nous restons combatifs mais face à l'arrivée possible d'une telle concurrence, notre activité pourrait être menacée. Nous ne sommes pas des magiciens ».
Casino de Quiberon
Le casino de Quiberon emploie 42 personnes et fait partie d'un groupe indépendant qui gère quatre établissements. Le résultat brut des jeux atteint 5, 6 millions d'euros. Son parc de machines ? 75, dont 20 % sont renouvelés chaque année. Le casino possède également trois tables de jeux différents, « la meilleure offre du département, indique son directeur, Arnaud Mandret. Nous continuons à vendre du rêve et gardons le sourire ».
Casino partouche à La Trinité-sur-Mer
Le plus petit casino morbihannais (25 employés), dirigé par Emmanuel Boireau, est aussi celui qui s'en sort le mieux avec un exercice à la hausse : + 5 %. Le résultat brut des jeux grimpe à 2, 204 millions d'euros dans l'établissement qui dispose de 55 machines, de deux tables de jeux dont une roulette anglaise et un Black Jack. Comme le casino de Carnac, celui de la Trinité-sur-Mer redoute l'arrivée du casino de Vannes. « Un complexe qui ne peut que fragiliser notre activité ».
Casino de Larmor-plage
Le casino temporaire est installé rue Minio au rez-de-chaussée du bowling de la commune. Il emménagera en front de mer, en 2015. La construction du bâtiment est en cours. Pour l'heure sont exploitées 75 machines à sous, une table de black jack, une table de roulette. Produit des jeux pour la période indiquée au dessus : 6, 871 698 millions d'euros, dont 6,5 millions pour les machines à sous. Le casino est exploité par la SBC (société bretonne des casinos).
Casino d'Arzon
Le Joacasino d'Arzon compte 74 machines à sous dont une nouvelle de très grande taille (sur laquelle on peut jouer à deux) et deux jeux de table : la roulette anglaise depuis juillet dernier et un black-jack. Le produit brut des jeux s'élève en 2014 à 3 700 000 €. Un chiffre en recul de 6 à 7 %. Pour l'heure, la stratégie envisagée en 2015 est soumise à l'avenir réservé au projet de casino concurrent de Vannes par le ministère de l'Intérieur.
Casino de Vannes
Cela pourrait devenir un vieux serpent de mer vannetais. Un casino provisoire aurait dû ouvrir mi-2014, au Parc du Golfe, dans l'ancienne salle de musiques actuelles l'Éphémère. On devait y trouver des jeux et un restaurant. Mais, depuis, la demande d'agrément se fait attendre. Le projet est déjà passé en commission en avril dernier. Et devrait repasser en janvier en commission avec une nouvelle étude d'impact un an après l'ouverture du casino de Larmor-Plage. Problème : le contexte est difficile. Baisse de fréquentation, situation financière fragile, concurrence des jeux en ligne : les temps sont durs pour les casinotiers français. Alors, le projet verra-t-il le jour cette année ?
(source : ouest-france.fr/Pierre WADOUX, Françoise ROSSI, Lionel CABIOCH)