Il a été condamné hier pour avoir ordonné à une caissière de falsifier deux chèques laissés en garantie par une cliente.
Au printemps dernier, Gérald Hamo, directeur du casino d'Arcachon, a quitté l'établissement qu'il dirigeait depuis quatre ans par la petite porte. Le groupe partouche, son employeur, l'a muté d'office à Forges-les-Eaux. Son arrivée dans la station thermale normande s'est accompagnée d'une rétrogradation et d'une sérieuse perte de salaire. Devenu simple responsable clientèle, il n'émarge plus qu'à 6000 euros bruts par mois, au lieu de 9000 euros.
Cette disgrâce ne faisait qu'annoncer son renvoi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux où il a comparu hier aux côtés de la caissière du casino à qui il avait donné l'ordre de falsifier deux chèques de 3 000 euros et 1 000 euros laissés par une cliente en proie au démon du jeu. Cette ancienne ostréicultrice les avait donnés en garantie un an plus tôt. En échange, elle avait obtenu les mêmes sommes en espèces. Une pratique tolérée dès lors que les fonds sont misés autour des jeux de table. Tel n'était pourtant pas le cas, la joueuse ayant dissipé les fonds dans la salle des machines à sous.
La caissière obéit
« Elle était incapable de rembourser. Elle nous a baladés pendant plus d'un an », déplore Gérald Hamo à la barre. « Vous auriez pu l'assigner en justice ou déposer plainte », relève la présidente Caroline Baret. Le temps avait filé, les chèques étant trop anciens pour être encaissés. À moins de falsifier les dates. Courageux mais pas téméraire, le directeur a prié sa caissière de le faire. « Je n'avais pas le choix. J'avais peur de perdre mon emploi », se défend la jeune femme, guère perturbée en apparence par son renvoi en correctionnelle.
Le Crédit agricole, la banque de la joueuse, ne pouvait que débusquer les faux. Étant fichée à la banque de France, son compte était placé sous étroite surveillance. Cela ne l'empêche pas aujourd'hui de réclamer des dommages-intérêts pour préjudice moral par la voix de son avocat Me David Bonnan. « On lui a concédé certaines facilités pour entretenir son addiction, accuse ce dernier. Et pourtant, le groupe partouche vante les mérites du jeu responsable. »
Clémence du tribunal
L'enquête policière a démontré que d'autres habitués du casino remettaient des chèques contre du liquide en attendant meilleure fortune. « On est à la limite de l'exercice illégal de la profession de banquier », relève le vice-procureur Marianne Poinot, soulignant que de tels agissements renforcent la dépendance au jeu. Un terrain sur lequel Me Levy, l'avocate de Gérald Hamo, refuse de se laisser entraîner.
Son client, qui a d'abord nié les faits, a donné la fâcheuse impression de vouloir se défausser sur des subalternes. Elle le concède : « Oui il a été lâche, oui il a reporté sa faute sur sa salariée. » Mais qu'on ne prenne pas malgré tout pour argent comptant la parole de la partie civile. « Quand il s'est aperçu qu'elle continuait à écumer tous les casinos de la région, il a perdu patience. »
Un moment d'égarement qui aurait pu être lourd de conséquences. Les salariés des casinos doivent être titulaires d'un agrément préfectoral. Or ce dernier tombe en cas de condamnation. Sauf si celle-ci ne figure pas au b2, l'extrait de casier judiciaire demandé pour l'exercice de certaines professions. Cela ne sera pas le cas pour Gérarld Hamo qui, bien que condamné à 4 mois de prison avec sursis et 8000 euros d'amende, a bénéficié hier soir de la clémence du tribunal, du fait de son passé jusqu'alors sans anicroche. La partie civile, de son côté, n'a eu droit qu'à 168 euros de préjudice matériel.
(source : sudouest.fr/Dominique Richard)