Propos recueillis par Cédric Vérany et Arnault Cohen
John Galvani, le directeur des casinos, en poste depuis un an, s’exprime pour la première fois sur sa vision et ses ambitions pour positionner Monte-Carlo dans le monde des jeux
"C'est complexe mais je m'amuse", sourit John Galvani quand on lui demande comment s'est déroulée sa première année en Principauté.
Arrivé il y a un an à la tête des casinos de Monte-Carlo, ce Britannique de 56 ans, choisi par la Société des Bains de Mer (SBM) pour distiller son expérience internationale, a découvert "par hasard" le métier de croupier à 21 ans, à Londres.
Premier poste à bord du Queen Elisabeth avant d'entamer une carrière au Liban, en Égypte, en Afrique du Sud, à Cannes (Casino des Fleurs) puis au Maroc. En poste depuis un an à Monaco, cet amoureux du black jack a pour défi d'emmener les casinos de Monte-Carlo vers de nouvelles ambitions.
À votre arrivée en Principauté, les résultats des jeux n'étaient pas extraordinaires. Quels ont été vos objectifs ?
Celui de trouver des pistes pour relancer les jeux. Le monde du jeu est un univers assez fluctuant, qui est impacté par les événements du monde extérieur. À Monte-Carlo, nous avons une offre variée avec des établissements aux cibles différentes. Le casino luxueux, avec des clients haut de gamme qui peuvent miser des millions d'euros par soir. Mais aussi les machines à sous, avec une clientèle locale, où la perte moyenne est de 50 euros. Il faut donc combler plusieurs désirs. Historiquement, le marché monégasque a toujours fonctionné avec les Italiens. Mais avec les problèmes de contrôle fiscal sur ces clients dans leur pays, il fallait regarder vers de nouveaux marchés.
Comme la clientèle chinoise?
C'est le marché sur lequel nous travaillons. Cette clientèle est très spécifique et nécessite que l'on s'adapte à sa façon de jouer. Nous sommes allés à Macao, par exemple, pour découvrir les besoins des joueurs. Les chinois aiment toucher les cartes, ce qu'on ne pouvait pas faire dans nos casinos. Certains veulent des salles privées, d'autres ont des exigences car ils sont superstitieux. Nous avons aussi triplé les limites de jeux possibles, mais nous sommes toujours en deçà de ce qu'on offre ailleurs. Comme à Londres où les joueurs chinois sont nombreux.
Combien en avez-vous accueilli depuis le début de l'année?
Environ une dizaine de beaux clients à un haut niveau de jeux. Nous ne recherchons pas la quantité, mais la qualité. Une personne qui parle chinois vient d'être engagée pour accompagner les joueurs. Disons qu'aujourd'hui, nous sommes adaptés à 50 %.
C'est votre principal défi?
Mon plus grand défi, ici, est de changer la mentalité des gens. Il faut remettre le client au cœur de notre processus, qu'il devienne la personne la plus importante. Et cela passe par une modernisation de la façon de penser des équipes. Il s'agit d'être plus concurrentiel, polyvalent, d'avoir plus de souplesse. Tout cela passe par de la formation, que nous avons commencé à mettre en place. Nous avons les atouts pour devenir les meilleurs et permettre à l'ensemble du personnel d'en profiter.
Monaco avait-elle perdu en attractivité, ces dernières années, dans le monde des jeux?
C'est certain. La Principauté demeure une place unique, mais la concurrence est forte. Un client, aujourd'hui, veut jouer de la manière qui lui plaît. Les équipes doivent s'adapter et ouvrir leurs esprits. Surtout les jeunes. Historiquement, il est difficile de changer les habitudes dans les casinos monégasques. Chaque fois qu'il y a eu des avancées, il fallait donner des récompenses. Nous sommes dans une situation financière qui ne le permet plus. Il faut innover, sans avoir le réflexe de demander quelque chose en échange. Et je suis désormais absolument convaincu que les casinos de Monte-Carlo peuvent entrer en concurrence avec ceux de Las Vegas ou de Macao.
(source :nicematin.com/Cédric Vérany et Arnault Cohen)