Une consultation gratuite et anonyme, lancée par l'association AMT, est animée par une équipe pluridisciplinaire... Qui demande aux médecins généralistes de redoubler de vigilance.
Addict au jeu. La phrase peut prêter à sourire et pourtant, le phénomène est de plus en plus répandu. C'est pour cette raison que l'association Accueil-marginalité-toxicomanie Arc-en-ciel de Montpellier a mis en place l'année dernière une consultation “Joueurs excessifs”, gratuite et anonyme.
"Il faut savoir que le public qui vient chez nous, en règle générale, ne se sent pas concerné par les centres de soins traditionnels"
Si les addictions sont multiformes, elles sont en revanche quasiment toujours le fait de personnes en souffrance. C'est à partir de ce postulat qu'a été créé ce nouvel espace de soin, au profil bien particulier. "Il faut savoir que le public qui vient chez nous, en règle générale, ne se sent pas concerné par les centres de soins traditionnels", souligne Jean-François Mazeran, éducateur spécialisé. Pour la bonne et simple raison que "jouer au PMU ou au Loto n'a rien à voir avec la consommation de substances interdites".
Au centre de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie, implanté en cœur de ville, l'équipe est pluridisciplinaire. Psychiatres, médecin addictologue, infirmière, éducateur et assistante sociale. "Notre action est plutôt centrée autour des jeux de hasard et d'argent", explique l'équipe. Quant à l'addiction aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux, qui touche un public plus jeune, elle est prise en charge par le Zinc, un espace adapté pour l'accueil des 12-25 ans.
"On reçoit, à Montpellier, une, voire deux personnes par semaine. Mais nous avons également des antennes à Sète et Clermont-l'Hérault"
En France, on estime aujourd'hui que plus de 800.000 personnes sont accros aux jeux. Les 2/3 sont des hommes. Un phénomène pour lequel la prévalence ne cesse de croître. "On reçoit, à Montpellier, une, voire deux personnes par semaine. Mais nous avons également des antennes à Sète et Clermont-l'Hérault. Et on sait très bien que ce chiffre va aller en augmentant." Chaque semaine, l'équipe passe une grande partie de son temps à mener un travail de réseau qui se traduit notamment par des interventions dans les espaces de jeu et des discussions avec les responsables de ces lieux. À cela s'ajoute la prise de contact avec le secteur bancaire pour, entre autres, des montages de dossier de surendettement. "Nous pouvons aussi engager, si nécessaire, un processus d'interdiction auprès des casinos et des jeux en ligne agréés."
En attendant, un appel est lancé en direction des médecins généralistes de Montpellier et des environs. "Ils sont en première ligne et, le plus souvent, ils sont les premiers à constater les signes d'addiction. Dans ces cas-là, ils ne doivent pas hésiter à nous contacter."
Cette addiction peut être soignée, "grâce notamment à un accompagnement thérapeutique adapté à chaque cas". Une solution non négligeable quand on sait qu'en France, le nombre de suicides est 4 fois plus élevé chez les accros du jeu.
(source : midilibre.fr/GIL LORFÈVRE)