Le groupe français Partouche revend ses quatre casinos belges. Accumulant les pertes, le Grand Casino de Bruxelles, filiale de Casinos Austria, cherche une parade pour survivre. La Belgique serait-elle devenue un cauchemar pour les casinotiers ?
Il y a des signes qui ne trompent pas. Le groupe français Partouche, qui possédait jusqu’il y a peu quatre des neuf casinos en Belgique, plie bagage. Après avoir vendu ses établissements de Knokke et Dinant, l’opérateur est sur le point de céder également ses casinos d’Ostende et de Chaudfontaine à l’homme d’affaires flamand Jurgen De Munck. En cause : les difficultés financières de la maison mère, contrainte de prendre des mesures pour réduire ses dettes.
Tous les casinos sont dans le rouge
Si les actifs belges sont devenus moins stratégiques aux yeux du groupe français, c’est aussi parce que les casinotiers ne font plus recette en Belgique. «Tous les établissements sont structurellement en déficit, observe Emmanuel Mewissen, le président de la Belgian Casino association (le groupement des concessionnaires de casinos belges).» En 2012, les casinos avaient accusé une perte cumulée de 1,2 million d’euros. Les chiffres de 2013 ne sont pas encore disponibles mais Emmanuel Mewissen, qui est également copropriétaire du groupe Circus qui exploite les casinos de Namur et de Spa, estime que la situation ne s’est guère améliorée l’an dernier.
A la crise et à la forte concurrence des jeux et paris en ligne, s’ajoute un autre phénomène : l’érosion des pourboires qui servait auparavant à rémunérer les croupiers et qui justifiait le niveau élevé des taxes (plus de 50 % des recettes). Depuis que les casinotiers ont des charges salariales à payer, le système est, selon eux, devenu intenable. Sans oublier l’interdiction de fumer et la loi anti-blanchiment d’argent qui a fait perdre aux casinos «la crème des joueurs, qui va désormais jouer dans les casinos frontaliers».
Internet comme planche de salut ?
Malgré une baisse de fréquentation de l’ordre de 15 % depuis 2009, le chiffre d’affaires du secteur reste stable, tiré par les machines à sous, affirme Emmanuel Mewissen. Pour survivre, les établissements nouent des accord avec des sociétés de paris en ligne comme Partouche l’a fait avec Bwin et Rank, le groupe anglais à la tête des établissements de Middelkerke et de Blankenberge, ou avec Unibet ou Circus en développant son propre site Circus.be.
Après Partouche, Casinos Austria, le propriétaire du Grand Casino de Bruxelles, qui affiche des pertes cumulées de 100 millions d’euros va-t-il jeter l’éponge à son tour ? Dans le collimateur de la Commission des jeux de hasard, le gendarme du secteur, pour ses problèmes de solvabilité et sous le coup d’une sanction administrative (son site en ligne sera fermé la nuit pendant 90 jours à partir du 1er mars), la direction du groupe autrichien a toutefois confirmé, a-t-on appris de bonne source, sa volonté de continuer à se développer en Belgique.
(source : levif.be/SANDRINE VANDENDOOREN)