Un parfum de scandale entoure les troublantes accusations d’une ancienne cliente.
A l’origine de l’affaire, une lettre transmise à la justice et diffusée auprès de quelques journalistes. Son contenu vient ternir l’image feutrée et respectable du Casino de Divonne. Sans doute une vengeance. Jusque-là tenue sous le coude, l’affaire qui embarrasse aujourd’hui l’établissement de jeu divonnais contrôlé par le groupe Didot-Bottin (Divonne, Annemasse, Saint-Julien, Crans-Montana) n’est peut-être qu’un pétard mouillé. Curieusement, elle tombe au plus mauvais moment pour le Casino qui tente de reprendre le dessus après une année difficile. En cause, les agissements d’un cadre employé des salles de jeux qui aurait détourné des jetons des machines à sous. Des accusations d’une gravité extrême que l’intéressé dément avec vigueur en criant à la calomnie.
Dans une lettre adressée à la direction des douanes et au Parquet de Bourg-en-Bresse, une ancienne habituée des lieux témoigne d’agissements coupables. Des confidences écrites qu’aurait encouragé le responsable d’une entreprise de convoyage de fonds. Le scénario se confond avec celui d’une mauvaise pièce de boulevard: chambre à l’étage, couverts aux meilleures tables le soir et détective privé le lendemain. Voilà pour le décor.
L’histoire s’emballe quand l’ancienne groupie des salles de jeux se met à évoquer des vols auxquels elle aurait participé en tant que complice. Là, plus personne ne rit. Et pour cause. Même fausses, ces accusations peuvent avoir de lourdes conséquences pour l’établissement d’autant que la police des jeux n’a été alertée que tardivement du problème. Une maladresse qui risque de coûter cher. Soumis à des contrôles très stricts, les Casinos doivent rendre compte à leur autorité de tutelle du moindre incident.
Un scénario "rocambolesque"
Hier, la direction de la Société thermale touristique et hôtelière de Divonne (STTH) confiait n’avoir découvert que très récemment que l’un de ses employés faisait l’objet de graves mises en cause. Pour tout dire, on semblait tomber des nues. S’agissant d’un cadre n’ayant jamais eu de problèmes et occupant un poste sensible on se veut prudent. On prie plutôt pour que l’affaire s’élucide le plus rapidement possible. L’intéressé promet quant à lui de porter plainte dès qu’il saura d’où le coup est parti. L’ambiance est celle d’une veillée d’armes.
"Extravagant", "rocambolesque", suggère un spécialiste des jeux. Ce dernier affirme qu’il est quasiment impossible de détourner des jetons dans un casino. D’abord parce que les employés de salles de jeux ont les poches cousues, ensuite parce que les caméras sont omniprésentes, enfin parce que personne, en principe, n’a accès seul aux coffres. Impossible de ne pas se faire prendre la main dans le sac. Il y a quelques année un employé indélicat du Casino de Divonne-les-Bains l’a appris à ses dépens. Voilà sans doute qui valait exemple.
D’une manière générale, les établissements de jeux ne peuvent se payer le luxe de couvrir de tels agissements. Du côté de la direction de la STTH on assure qu’on aurait aucun état d’âme à débarquer sur-le-champs un employé malhonnête. Reste le contexte de ces révélations et la façon un peu brouillonne de les livrer à la justice. Si les faits sont vérifiés, le casino risque de se retrouver un genou à terre. En revanche, si toutes les allégations proférées sur papier se révèlent mensongères se poseront inéluctablement un certain nombre de questions. Outre les poursuites en diffamation auxquelles seront exposés les auteurs, il faudra forcément faire la lumière sur cette affaire. Et en dénouer les fils. Pour n’y trouver peut-être qu’une sombre vengeance personnelle ou une tentative plus sournoise de déstabilisation d’un Casino retombé à la troisième place au classement national des établissements de jeux.
2003: une année "médiocre"
Jouissant d’une excellente réputation auprès d’une richissime clientèle internationale, le Casino Divonne-les-Bains a longtemps occupé la première place au hit-parade des casinos français. Grace à son parc de 355 machines à sous, l’établissement divonnais, a vu son produit brut des jeux progresser plusieurs années de suite jusqu’à ce que l’écart se resserre avec le Lyon Vert et Enghien. En 2003, Divonne a reculé à la troisième place affichant des résultats à la baisse. 26 % pour les jeux traditionnels (11millions d’euros), 0,85 % pour les machines à sous (55millions d’euros). Une année "médiocre" mise sur le compte de la conjoncture internationale qui a éloigné les gros joueurs, souvent originaires du Proche-Orient.
Autre explication: l’arrivée du groupe Partouche à Meyrin. Une concurrence frontale. Depuis son ouverture en juillet dernier, le casino suisse ne désempli pas. Le PDG du groupe Didot-Bottin, Claude Blot, a bien tenté de minimiser la portée des mauvais résultats enregistrés en 2003. En guise de riposte, Divonne prévoit de fêter avec faste le 50eanniversaire de sa réouverture. Le prétexte à une vaste opération de reconquête commerciale de la clientèle suisse.
(source : tdg.ch/ALAI
n JOURDA
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