Le casino Barrière de Lille s’apprête à devenir l’un des trois établissements de jeux autorisés à pratiquer le bingo en France. Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a signé le 26 décembre un arrêté permettant cette expérimentation pour six mois, avant une possible extension à tous les casinos de France.
« Nous lançons le bingo dès le premier trimestre 2014 », confirme Bruno Cagnon, directeur général des opérations du groupe Barrière pour la zone Nord. « Pour nous, c’est une nouvelle diversification après l’arrivée de la bataille et de la roulette anglaise électronique avec lanceur automatique. »
Évolution « très lente »
L’arrivée du fameux jeu, consistant à rayer des chiffres annoncés à la chaîne sur une grille, n’a rien d’une révolution pour les établissements Barrière mais est tout de même un sacré pas en avant dans l’univers très réglementé des casinos. « Il faut dire qu’en France le monde des jeux évolue très lentement. L’Espagne pratique déjà le bingo, les États-Unis aussi, ainsi qu’un grand nombre de nos voisins européens » souligne Patrice Lebrun, délégué général du syndicat des casinos modernes de France. « Cette absence est d’autant plus incompréhensible qu’il est pratiqué, légalement, dans des casinos outre-mer et c’est parfois leur seule et unique activité. »
« Dans six mois, si les règles fonctionnent correctement en l’état, la commission des jeux de hasard pourrait rendre un avis favorable. À partir de là, il sera possible, si le gouvernement le souhaite, d’étendre, par décret, le bingo à tous les casinos de France », détaille Patrice Lebrun. Une éventualité à laquelle on se prépare déjà chez le rival du Barrière de Lille, le casino de Saint-Amand du groupe Partouche.
« Nous allons lancer au début de l’année, une fois par mois, des lotos bingos pour nos membres fidèles », expose Didier Hochart, directeur de l’établissement. « Il n’y aura que des petits lots à la clé, deux sessions de 60 personnes par journée, mais pour nous c’est une étape dans le rodage de notre personnel dans l’animation de ce jeu. Il a déjà commencé à se former. » À Saint-Amand comme à Lille, il s’agit d’attirer un nouveau public dans des salles de jeux malmenées par la crise. Fini l’ostracisme des jeans et des baskets à l’entrée. « Si on devait refuser les gens en basket, nous mettrions dehors 80 % de notre clientèle » rigole Didier Hochart.
Fin du bingo associatif ?
Comment l’arrivée de ces mastodontes du jeu est-elle vécue par les petites associations régionales, organisatrices de lotos bingos tous les week-ends pour arrondir leurs comptes et monter des projets ? « On attend de voir, mais c’est évident que nous pouvons perdre un public d’habitués » réagit Marine Dubar, trésorière de l’association Cœur de femmes à Seclin.
« Nous organisons un ou deux lotos par mois, avec 140 à 200 personnes. Ça sert à payer des vacances à des habitants qui n’en ont pas les moyens. Forcément, les gens qui viennent du Pas-de-Calais jusqu’à dunkerque pour nos lots risquent d’être attirés par l’offre des casinos. On sent bien que certaines personnes ne se déplacent que pour ça. » Le bingo vivrait-il ses derniers jours en liberté ?
(source : lavoixdunord.fr/BRENDAN TROADEC)