La mystérieuse disparition d'Agnès Le roux, liée à la guerre des casinos à la fin des années 1970 sur la Côte d'Azur, sera évoquée jeudi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui, à huis-clos, devra se prononcer sur un éventuel renvoi aux assises de son amant, un ancien avocat du barreau de Nice.
Agnès Le roux, héritière du palais de la Méditerranée, n'a jamais été retrouvée depuis sa disparition le 30 octobre 1977, à l'âge de 29 ans. L'enquête policière et les différents procédures judiciaires, confiées à trois juges successifs, n'ont pas apporté jusque-là un début de solution.
Seul élément nouveau : le 24 janvier dernier, l'original des pièces et des scellés du dossier qui avaient disparu, ont été retrouvés sur une étagère du palais de justice d'Aix, parmi des dossiers déjà classés. Cette découverte pourrait amener le substitut, Anne-Marie Baudron, à solliciter un supplément d'information, a-t-on indiqué de source judiciaire.
Après le décès de son père, Agnès Le roux s'était opposée au maintien de sa mère à la tête du Palais de la Méditerranée et avait vendu ses parts à Jean-Dominique Fratoni, le patron du Ruhl, l'autre casino de la Promenade des Anglais.
C'est son amant, Jean-Maurice Agnelet, alors avocat au barreau de Nice, qui avait servi d'intermédiaire.
Fratoni, décédé en 1994, devenu majoritaire grâce aux parts de la jeune femme, s'était emparé du palais de la Méditerranée dans une transaction qui n'a jamais été contestée juridiquement.
rebondissement
L'enquête sur la disparition de la jeune femme s'est vite focalisée sur Agnelet. Une somme de 365.877 euros, versée par Fratoni, avait été déposée, dans un premier temps, sur un compte joint au nom des deux amants à Genève. L'argent s'était ensuite retrouvé sur un autre compte, ouvert cette fois au nom d'Agnelet, avec une procuration à Françoise Lausseure, une autre de ses maîtresses, puis sur un compte dont il était l'unique titulaire.
Agnelet a été condamné en 1985 à deux ans de prison pour ce détournement et radié à vie du barreau de Nice. Toutefois, il avait bénéficié d'un non-lieu sur sa responsabilité dans la disparition d'Agnès Le roux.
Quinze ans plus tard, l'affaire rebondissait: Françoise Lausseure qui avait fourni un alibi à Agnelet en disant qu'ils étaient ensemble en Suisse au moment de la disparition d'Agnès Le roux, se rétractait à deux reprises.
"Il n'était pas avec moi à l'hôtel de la Paix. J'ai fourni ce faux témoignage pour lui rendre service, à sa demande pressante", avait-elle dit.
Après l'ouverture d'une nouvelle procédure criminelle, Agnelet a été mis en examen en décembre 2000 pour "homicide volontaire et séquestration" et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Il nie être responsable de la disparition de la jeune femme.
Renée Le roux, 82 ans, la mère d'Agnès, chassée du palais de la Méditerranée et partie civile, se dit au contraire convaincue de la culpabilité d'un homme qu'elle avait engagé pour la conseiller face à l'offensive de Fratoni.
(source : infos.aol.fr/Bernard DEGIOANNI)