Depuis plus de deux ans, le gestionnaire du casino de Cauterets avait fait part de sa fragilité financière. La situation paraît en effet, aujourd’hui, compliquée.
La SAS SECP gérant l’exploitation du casino ne réalise que 658.411€ de chiffre d’affaires, toutes activités confondues (contre 876.512€ en 2008), avec une masse salariale avoisinant les 340.000 €. «Le casino de Cauterets est trop difficile à gérer. On ne peut pas plus serrer les dépenses puisque la police des jeux nous impose le personnel minimum. Les seules marges de manœuvre possible sont le prélèvement communal et le loyer», exprime Benjamin Frisher. À ce titre, les élus ont déjà octroyé, ces deux dernières années, un accompagnement financier en décalant les loyers du bâtiment. Ces derniers s’élèvent à 5.000 € par mois. Quant à la part de la taxe des jeux reversée à la commune, elle est en baisse constante et ne représenterait plus qu’approximativement 50.000 €.
La position communale est figée et les élus ne veulent plus céder aux demandes du directeur. Selon Benjamin Frisher : «Seul le maire est ouvert à la discussion et a une réflexion sur ce cas. Un adjoint a même proposé de remplacer les machines à sous par des billards ! Aujourd’hui, il n’y a plus de dialogue possible. Tout a été fait pour m’éjecter et me couler». Par conséquent, le 2 septembre, une déclaration de cessation de paiement a été prononcée par un jugement du tribunal de commerce. Étant donné que les 3 prochains mois de l’automne ne permettront pas un redressement financier, le directeur du casino a transformé le redressement en liquidation, sur conseils du mandataire judiciaire. Un commissaire-priseur a fait un état des lieux complet de l’ensemble de l’actif de la société pour préparer la liquidation. Dans une dernière tentative de sauver la face, Benjamin Frisher a proposé aux élus de se porter acquéreur de l’actif pour sa valeur comptable (environ 432.722 €) et de vendre la société exploitant pour 1€. Ces derniers ont refusé. Par conséquent, selon le directeur, «l’intégralité du matériel du casino (machine à sous, bar, bar de nuit, restaurant, cinéma, cabaret) sera démantelée et vendue aux enchères. Le casino va devenir un bâtiment neuf mais vide pour plusieurs années. Avec cette procédure, c’est la fin d’une histoire qui a contribué à la réputation de la station thermale depuis 1867».
Avec un endettement proche de 300.000€, un chiffre d’affaires trop faible pour un coût de fonctionnement trop élevé, l’issue paraît inévitable.
Comme il se dit dans le métier : «Faites vos jeux, rien ne va plus !».
réaction du maire, Michel Aubry
Dans l’épineux dossier de la cessation d’activité du casino de Cauterets, Michel Aubry, maire de la commune, apporte des précisions.
Quelle est la situation du casino aujourd’hui ?
Le directeur du casino a déposé, fin août, le bilan de sa société. Une phase de redressement a débuté le 2 septembre, suite à un jugement du tribunal de commerce. M. Frisher refuse, depuis cette date, d’exploiter l’établissement sur l’unique motif qu’il ne peut pas garantir la contrepartie des gains de jeux. Un administrateur a été nommé et traite le dossier en ce moment. Un commissaire-priseur est intervenu pour faire l’inventaire de l’actif afin d’estimer les biens et de répertorier l’ensemble du mobilier pour ne pas qu’il y ait de suspicion de disparition.
M. Frisher prétend être propriétaire de l’actif aux dépens de la mairie, est-ce vrai ?
La société exploitant le casino est liée à la mairie par une délégation de service publique. Ce qui signifie que pour cessation d’activité, quelle qu’elle soit, tout revient à la collectivité. Le cas est complexe et on doit rester prudent car il y a de nombreux intervenants dans ce dossier, et droit public et droit commercial interviennent dans cette procédure. C’est inédit. Le tribunal administratif se prononcera rapidement sur ce point clé du dossier.
Quel est l’avenir du casino ?
Tout d’abord, il faut laisser l’administrateur finir son travail. Puis, il faut attendre que le tribunal de commerce prononce la liquidation. Cela devrait intervenir rapidement, courant octobre. Notre volonté est de pouvoir rouvrir les portes du casino dès le lendemain, à l’exception des jeux. Pour l’activité des jeux, un processus plus long sera engagé, à savoir redéfinir un cahier des charges permettant une nouvelle exploitation viable, puis commencer une nouvelle procédure de DSP qui prendra 6 à 9 mois. Si une personne se manifeste durant la procédure, ce dernier devra à son tour obtenir une nouvelle autorisation de jeux, ce qui est complexe. Mais pour le moment, nous n’en sommes pas là.
(source : ladepeche.fr/Clément Eulacia)