STRASBOURG (Reuters) - La Française des jeux a été condamnée à verser 60.000 euros à une habitante de l'est de la france pour la dédommager des sommes qu'elle avait dû payer pour des chèques en bois émis dans des paris sportifs par son ex-compagnon, a-t-on appris auprès de son avocate.
Le tribunal de grande instance de Nancy a estimé lundi que l'entreprise publique n'avait pas fait preuve d'assez de vigilance, en contradiction avec son code de déontologie.
"La Française des jeux a commis plusieurs fautes qui ont eu pour effet de ne pas prévenir de manière effective, pour les tiers, les risques liés au jeu pathologique, malgré les obligations spécifiques qui lui incombent en la matière en contrepartie du monopole qui lui est accordé", dit le tribunal.
La victime s'était fait dérober plusieurs formulaires de chèques en août 2008 par son ex-compagnon, resté seul à leur domicile pour garder un de leurs deux enfants.
Ce joueur pathologique avait émis onze chèques en une semaine auprès de détaillants et à un guichet de la FDJ pour engager des paris sportifs à hauteur de plus de 97.000 euros.
La jeune femme avait dû souscrire un emprunt de 60.000 euros pour régler les sommes dues à l'un des détaillants.
Elle a aussi porté plainte contre le père de ses enfants -qui a été condamné mais qui est insolvable- et s'est adressée à la FDJ que, faute de réponse satisfaisante, elle a assignée en justice en août 2011.
"Le système mis en place par la Française des jeux auprès des détaillants, qui ne comprend aucune alerte ni aucun mécanisme de mise en garde contre les joueurs compulsifs, était de nature à créer ce genre de situation", estime Me Hélène Strohmann, son avocate.
Le tribunal l'a suivie en constatant notamment que la FDJ avait elle-même encaissé en une semaine cinq des chèques, pour un montant total de 45.000 euros, sans pour autant s'alerter ni entreprendre de vérifications.
(source : lepoint.fr/Gilbert Reilhac, Sophie Louet)