San-Francisco, Etats-Unis - L'instauration des lois interdisant de fumer dans les casinos du Colorado a fait diminuer de près de 20 % les appels d'urgence aux ambulances pour infarctus du myocarde, AVC ou asthme, selon une étude publiée dans Circulation.
Des chiffres similaires avaient déjà été rapportés lorsque le tabac avait été interdit dans les autres lieux publics.
Une preuve de plus de l'impact du tabagisme passif sur le risque cardio-vasculaire et respiratoire.
Il s'agit de la première étude qui démontre une association entre le tabagisme passif et le recours aux ambulances. Le lien avec le nombre de passage aux urgences et le nombre des hospitalisations avait déjà été prouvé [2].
Un lien de causalité établi en deux temps
Mais comment être sûr que c'est la simple exposition passive au tabac qui augmente le risque ?
L'équipe du Dr Staton Glantz (San-Francisco, Etats-Unis) reconnaît que son étude pourrait avoir été biaisée par le fait que les fumeurs actifs qui ont besoin de consommer des cigarettes pendant qu'ils jouent, pourraient avoir préféré d'autres établissements sans lois restrictives (Las Vegas, par exemple).
Mais les auteurs précisent néanmoins que la baisse de 22,8 % des appels hors casinos constatée au moment de la première introduction de loi (interdiction dans les lieux publics hors casinos) va dans le sens d'un impact direct du tabagisme passif sur le nombre de recours aux ambulances en urgence.
En outre, des études expérimentales humaines montrent que l'exposition indirecte aux fumées interfère en moins de 30 minutes sur les fonctions vasculaires et endothéliales.
Une fréquentation de 40 000 personnes chaque jour
L'étude qui a été menée entre 2000 et 2012 dans le comté de Gilpin au Colorado. Elle analysait l'impact sur le recours au service médical d'urgence de deux grandes mesures de santé publique : l'interdiction du tabac dans les lieux publics autres que les casinos le 1er juillet 2006, et l'extension de cette interdiction aux établissements de jeux le 1er janvier 2008.
Dans ce comté où résident de façon permanente 5604 personnes, la population moyenne journalière est de 40 000 en raison de la fréquentation par les clients et les employés des 26 casinos répartis sur moins de 2 km carré.
Moins 22,8 % en 2006, moins 19,1 % en 2008
Au total, pendant les 12 années étudiées, les services médicaux d'urgence ont été dépêchés 16 636 fois : 10 105 dans des casinos et 6531 dans d'autres lieux.
L'année suivant la mise en place de l'interdiction de fumer dans les lieux publics hors casinos, le recours aux ambulances pour urgences cardiaques, neuro-vasculaires ou pulmonaires en dehors des établissements de jeux a été abaissé de 22,8 % (2006).
Lorsque cette interdiction a été généralisée, le nombre des appels des casinos a diminué de 19,1 % (2008), tandis que le nombre d'appels émanant d'autres lieux n'a pas été modifié.
On note une augmentation des appels en 2009 (plus 33%). Mais elle est liée à l'extension des horaires d'ouverture des casinos (24 h sur 24 contre 8h à 2h30 auparavant).
Tabac strictement interdit dans les lieux publics dans 19 états sur 50
Pour le Dr Glantz, « la généralisation de lois interdisant l'utilisation de tabac dans les casinos pourrait prévenir la survenue d'urgences médicales et ainsi faire économiser de l'argent aux différents états en terme de coût hospitalier et de transport médical. Au 5 avril 2013, seuls 19 état et Puerto Rico appliquant des lois strictes d'interdiction du tabac dans tous les lieux publics ».
(source : medscape.fr/Dr Isabelle Catala)