Pour déplacer et remplacer certaines de ses machines à sous, le casino de Saint-Jean-de-Luz a dû faire appel, hier, à des sociétés agréées par le ministère de l’Intérieur.
Dès trois heures du matin, soit une heure après la fermeture du casino, les techniciens commencent le travail, et s’activent jusqu’en fin de matinée. Hier, ils ont déplacé au total 16 machines et en ont remplacé cinq. Outre un but « esthétique », l’opération visait, selon le directeur adjoint du casino Gilles Elissalde, à rendre « plus accessible » les machines à sous.
Et ce, en augmentant le nombre de machines avec une mise de base d’un centime d’euro. Puis, en sécurisant le jeu grâce à un système de paiement par « ticket zap ». En d’autres termes, les joueurs ne gagnent pas d’argent liquide, mais des bons à se faire rembourser dans la semaine ou à utiliser pour remiser. Vingt des 88 machines à sous du casino Joa sont désormais équipées de ce système.
Les techniciens « SFM »
Seulement, pour réaliser ce genre de manœuvre, le casino doit faire face à certaines contraintes juridiques. D’abord, le personnel du casino n’est pas autorisé à modifier la configuration des machines. Ce sont des employés de sociétés de fourniture et de maintenance qui en ont la charge. Les « SFM », dans le jargon.
Olivier en est un depuis l’avènement des machines à sous en France, en 1987. Comment remplacent-ils les machines ? « On garde la caisse et on change tout le reste », explique, laconique, le technicien. La structure reste mais la décoration et l’ordinateur sont remplacés. En l’occurrence, il s’est employé à remplacer une machine « Zorro » par une machine « Superman » flambant neuve.
En Aquitaine, trois techniciens SFM interviennent sur l’ensemble des casinos. « On peut aussi donner un coup de main partout en France pour les gros établissements, où il faut parfois être 25 », précise Olivier.
Ces SFM sont agréés par le ministère de l’Intérieur. Car, sans l’aval de cette institution, il est strictement interdit de toucher au parc de machines à sous, sécurité financière oblige. « Nous avons l’obligation réglementaire de faire une demande par courrier au ministère de l’Intérieur pour toute modification des machines », confirme le numéro deux du casino.
Une fois les nouvelles machines installées, elles ne peuvent pas être déplacées pendant au moins trois mois. Seules les manœuvres basiques sont autorisées aux techniciens du casino, lorsqu’un billet reste coincé par exemple.
Le casino ne rafle pas tout
S’ils ne peuvent pas ouvrir les machines, comment les techniciens récupèrent-ils l’argent misé ? En réalité, les billets insérés partent directement dans un circuit dont l’emplacement est tenu secret. Et les ordinateurs des machines enregistrent chaque mouvement d’argent. Ces derniers sont contrôlés tous les quatre mois par les SFM, et tous les trois à cinq ans par la police judiciaire. Pour ce qui est de l’idée reçue selon laquelle les casinos s’en mettent plein les poches, Gilles Elissalde met un point d’honneur à lui tordre le cou. « Le taux de redistribution des machines à sous est fixé à 85 % par la loi, et est même de 92 % en moyenne », explique-t-il.
Autrement dit, les joueurs récupèrent en moyenne 9 euros sur une mise de 10 euros. Le reste des mises est imposé à environ 50 %. Ce qui signifie que le casino touche environ 5 % de l’argent misé dans les machines à sous. Il faut savoir qu’environ 90 % des recettes des casinos dépendent des machines à sous. Que ce soient les traditionnelles à la roulette, ou les nouvelles générations, « plus proches du jeu vidéo, plus ludiques », selon Gilles Elissalde. D’ailleurs, ces dernières « plaisent beaucoup aux seniors ». Reste à voir si la nouvelle machine Superman attirera plus de jeunes.
(source : sudouest.fr/Florian Laporte)