Accessibles à tout heure du jour et de la nuit sans avoir à se déplacer, les jeux d'argent et de hasard sur Internet ont tendance à générer plus d'addiction que dans les lieux traditionnels. Sont particulièrement touchés les casinos virtuels et les machines à sous, non régulés par l'Etat.
Qui sont les internautes s'adonnant aux jeux de poker ou de casino en ligne? Pour répondre à cette question, l'Observatoire des jeux et l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies ont réalisé deux enquêtes dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Tendances. Plusieurs enseignements se dégagent, comme les types de jeux plébiscités selon le profil sociologique, ou les dépenses engagées chaque année. Autre enseignement plus inquiétant, l'attractivité des jeux non régulés par l'Etat. Non seulement plus addictifs, ils sont le secteur où les joueurs en ligne dépensent le plus.
• L'attractivité de l'offre non régulée
Depuis 2010, l'Arjel régule la pratique des paris sportifs, hippiques, et des jeux de poker en France : seuls les sites labellisés sont considérés comme légaux. Mais l'étude démontre que seulement 54,4% des joueurs fréquentent exclusivement les sites labellisés. 26,5% piochent dans l'offre légale et illégale, et 19,1% ne jouent que sur des sites non régulés. La faute à l'attractivité des jeux de casino, non couvert par le champ de l'Arjel, et aux sites se présentant comme gratuits, et faisant miroiter gains d'argent et bons d'achat contre le visionnage d'une publicité ou l'envoi d'un SMS surtaxé.
• Un public masculin, jeune et diplômé
Si les femmes représentent 42,8% des quelques 2 millions de joueurs en ligne, leurs pratiques sont très différentes de celles des hommes. Elles plébiscitent ces fameux sites de «jeux gratuits», avec une proportion de deux femmes pour un homme. Les hommes eux sont surreprésentés dans la sphère des paris sportifs et hippiques: moins d'un parieur sur cinq est une femme.
Autre critère discriminant: l'âge. La moitié des joueurs de poker en ligne a moins de 33 ans, et cette proportion grimpe à 65% pour les moins de 41 ans. Le même phénomène est observé pour les joueurs de machine à sous et de jeux de casino. Par contre, les paris hippiques concernent un public plus âgé: les trois-quarts ont plus de 35 ans.
Le niveau d'études a également un impact sur le type de jeu préféré: aux plus diplômés le poker et les paris sportifs, aux moins diplômés les jeux d'adresse et de hasard.
•Un plus fort risque de pratiques excessives
Selon l'étude, 6,6% des joueurs en ligne ont développé une addiction, tandis que 10% présentent le risque de basculer dans la pratique excessive. On est bien loin des 0,4% d'accros décelés lors d'une précédente étude datant de 2010. Cette dernière ciblait les joueurs en ligne, mais aussi ceux jouant dans des lieux traditionnels (PMU, bar-tabac, casinos ...)
Sans surprise, les machines à sous virtuelles et les jeux de casino représentent le plus fort risque d'addiction: respectivement 48,5% et 42,1% des joueurs excessifs s'y adonnent massivement. Comme expliqué plus haut, ce type de jeu n'est pas régulé par l'Arjel. Faut-il y voir un rapport de cause à effet? L'étude ne le précise pas. Elle dresse cependant un portrait succinct du joueur accro: un homme célibataire d'une trentaine d'années percevant de faibles revenus.
• Une dépense moyenne de 208 euros par an
Hautement addictifs, les jeux de casino provoquent de plus grandes dépenses. Les adeptes des machines à sous virtuelles y consacrent en moyenne 480 euros par an, le budget le plus élevé relevé dans l'enquête. Suivent les jeux de casino, avec 360 euros.
Du côté de la sphère légale, les sommes engagées sont relativement plus raisonnables. Les turfistes dépensent 260 euros par an, tandis que les parieurs sportifs misent en moyenne 120 euros.
(source : lefigaro.fr/Chloé Woitier)