Le gouvernement va proposer par voie législative quatre mesures de protection des joueurs dans le cadre de la lutte contre l'addiction aux jeux d'argent et de hasard (JAH), a annoncé mardi à Paris le ministre du Budget Bernard Cazeneuve.
Le ministre venait de visiter, en compagnie de la ministre des Sports Valérie Fourneyron, le Centre de soins et d'accompagnement des pratiques addictives de l'hôpital Marmottan (XVIIe) qui prend en charge les patients souffrant de toutes sortes d'addiction, y compris celle au jeu.
M. Cazeneuve a cité quatre mesures : renforcement de la lutte contre les sites de jeux illégaux et leurs publicités; possibilité pour la Française des Jeux d'accéder au fichier des interdits de jeux (35.000 noms) consultables pour le moment uniquement par les casinos et les opérateurs de jeux en ligne; renforcement de la protection des avoirs des joueurs en cas de défaillance de l'opérateur; simplification de la saisie de la Commission des sanctions de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel).
Ces mesures, a précisé le ministre du Budget, feront l'objet d'amendements dans le cadre de la discussion sur le projet de loi sur la consommation qui doit être défendu par le ministre délégué à la Consommation Benoît Hamon à l'Assemblée à partir de lundi.
Lors de sa visite à l'hôpital Marmottan qui a reçu 3.267 personnes en 2012, dont 166 uniquement pour des problèmes d'addiction au jeu, M. Cazeneuve a redit la "préoccupation" du gouvernement en matière d'addiction au jeu, assurant sa volonté d'être "plus efficace" dans ce domaine.
De son côté la ministre des Sports a levé un coin du voile d'une étude inédite en France sur les joueurs en ligne qui fait état de 200.000 "joueurs à risque" et 125.000 "excessifs". Cette étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et de l'Observatoire des jeux sera rendue publique le 27 juin. Elle a été réalisée à partir de données de deux millions de joueurs en ligne qui ont joué au moins une fois dans l'année.
La seule étude sur l'addiction publiée en France en septembre 2011 révélait que 600.000 personnes étaient touchées par ce problème de santé publique. Menée en 2010, avant la loi de mai 2010 sur les jeux en ligne, par l'OFDT et par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), cette étude dénombrait 400.000 personnes présentant un "risque modéré" et 200.000 joueurs "excessifs".
En "dur" (casinos) ou en ligne, les jeunes joueurs de poker sont davantage touchés par l'addiction. Ainsi, le groupe Barrière (35 casinos en France) vient de mettre en place un nouveau dispositif destiné aux jeunes joueurs de poker pour les sensibiliser au "jeu excessif".
Lors des tournois, une brochure intitulée "no tilt, joue la cool", une affiche et un stand sont installées dans le casino pour leur donner des "informations concrètes" sur le jeu excessif" et des conseils de gestion de "bankroll" (somme qu'un joueur possède dans laquelle il puise pour payer alimenter ses mises).
Le secteur des jeux d'argent et de hasard a représenté en France 32,5 milliards d'euros en 2012, dont 5 milliards ont été reversés au budget de l'Etat.
(source : leparisie
n.fr/AFP)