Dans la famille des jeux d’argents, les casinos font de moins en moins recette. Ils misent sur des parties de cartes plus simples que le poker pour se refaire.
A partir de dimanche, on pourra jouer à la bataille dans les 196 casinos français. C'était une vieille demande de la profession, qui espère sortir du marasme dans lequel elle s'enfonce depuis cinq ans.
En effet, si les Français ont misé chaque jour la somme record de 89 millions d'euros en 2012, ce sont les jeux de grattage qui sont arrivés en tête.
Pour la Française des jeux (FDJ), premier opérateur national avec un chiffre d'affaires 2012 de 12,1 milliards d'euros, ils ont pesé 5,4 milliards d'euros, soit une hausse de 7,5?%.
Rouge, impair et manque
Alors que chiffre d'affaires total de la FDJ (propriété à 72?% de l'État), a progressé de 6,1?%, celui du PMU de 2,5?%, et celui des 22 opérateurs de jeux en ligne de 1?%, les casinos ont vu le leur chuter.
Rouge, impair et manque, donc, pour les casinos français, qui emploient 15.500 personnes. Après une année 2011 plutôt correcte, ils ont connu une baisse de leur produit brut des jeux (PBJ, différence entre les mises et les gains des joueurs, équivalent du chiffre d'affaires pour les casinos) de 1,8?% en 2012 (1er novembre 2011 - 31 octobre 2012) à 2,275 milliards d'euros.
Le phénomène semble s'accentuer?: pour les cinq premiers mois de l'exercice 2013 (novembre 2012 - mars 2013), les casinos enregistrent une baisse globale de 3 à 4?%, selon les chiffres fournis par Casinos de France, première organisation patronale du secteur regroupant les groupes Barrière, Tranchant et Joa et des casinos indépendants (101 des 196 casinos français et 60?% du BPJ national).
Au début de l'année, la profession s'était donc tournée vers Jean-Marc Ayrault pour lui demander de débloquer l'exploitation de nouveaux jeux et l'aménagement de leurs horaires.
Quant aux jeux en ligne, ça n'est pas la panacée. Le Groupe Partouche a annoncé la semaine dernière la fermeture définitive de son site de poker en ligne, son patron jugeant sa rentabilité inaccessible « même à moyen terme » (lire par ailleurs).
Reste donc les jeux de cartes populaires pour tenter d'attirer autour des tables une nouvelle clientèle de non-initiés. C'est le cas de la bataille, qui vient donc d'être autorisée par ministère de l'Intérieur. D'autres pourraient suivre. La bataille est donc gagnée, mais pour la guerre, c'est une autre histoire.
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La décision du groupe Partouche de cesser le poker en ligne est assez significative de la concurrence sévère que les casinos subissent de la part des sites de jeu sur Internet.
« Cela fait trois ans qu'on s'échine sur ce modèle. Le constat aujourd'hui, c'est que ce n'est pas rentable », explique Fabrice Paire, le président du directoire du groupe, citant « tout un environnement » défavorable qui a conduit au retrait de Partouche, trois ans après son lancement sur le créneau.
Plutôt que la fiscalité, « déloyalement basse » selon lui par rapport aux casinos physiques, le patron de Partouche a déploré que « le poker en ligne (ait) été donné à tout le monde », et pas seulement aux opérateurs de casinos. En outre, des sites ont « opéré illégalement pendant des années depuis des bases étrangères » avant l'autorisation du poker en ligne en France, ce qui leur a permis de constituer une « cagnotte de guerre et d'écraser le marché ». Les grands sites comme Winamax et Pokerstar (plus de 75?% du marché français) sont également autorisés à avoir leur siège social ailleurs en Europe, ce qui leur permet de bénéficier d'une fiscalité sur les sociétés bien plus avantageuse.
Les casinos, eux, ont versé en 2012 dans les caisses de Bercy 1,1 milliard d'euros, dont 270 millions d'euros sont revenus dans le budget des communes accueillant des établissements, rappelait récemment Michel Roger, président de Casinos de France.
(source : la
nouvellerepublique.fr/Christophe Colinet)